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La théorie neuromatrice de la douleur : en quoi consiste-t-elle ?

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La théorie neuromatrice de la douleur nous dit que l’expérience de la souffrance physique n’est pas seulement médiée par les impulsions nerveuses. Des facteurs, tels que le stress chronique ou un traumatisme, peuvent également favoriser cet effet. De plus, cette approche née dans les années 1990 rappelle que le cerveau est celui qui filtre et module les impulsions douloureuses et que nous ne fonctionnons pas tous de la même manière.

À tel point qu’on parle même de « neuromatrice du soi ». C’est-à-dire que chacun aurait sa propre disposition lorsqu’il éprouve certaines douleurs et avec une intensité particulière. Des variables, telles que la génétique, les aspects sensoriels, les émotions et même les cognitions, nous amèneraient à traiter les stimuli douloureux d’une manière particulière.

Par exemple, nous savons que les personnes hautement sensibles (HSP) ont une tolérance beaucoup plus faible à la douleur. Parfois, certains tissus de vêtements sont douloureux, ainsi que des sons ou des lumières très intenses.

Par conséquent, nous sommes confrontés à une théorie qui vaut la peine d’être connue pour découvrir des aspects de nous-mêmes sur lesquels nous ne nous arrêtons pas toujours.

Qu’est-ce que la théorie neuromatrice de la douleur ?

Cette théorie a été inventée et est devenue très pertinente dans les années 90 grâce au Dr Donald Melzack. Or, en réalité, cette proposition a été développée dans les années 1960 par le Dr Patrick Wall, qui suggérait déjà à cette époque que la douleur était produite par des schémas d’influx nerveux. Mais qu’est-ce que cela signifie ?

Dans un article de recherche du Dr Melzack lui-même, ce dernier souligne que la douleur est une expérience multidimensionnelle générée dans le cerveau par la manière particulière dont les décharges nerveuses s’organisent. Ainsi, un stimulus spécifique (un coup, par exemple) nous causera de la douleur mais, parfois, il n’y aura pas besoin d’un stimulus physique, d’une blessure ou d’une maladie spécifique pour avoir cette expérience.

La douleur chronique et la fibromyalgie sont un exemple clair que, parfois, on ressent une douleur aiguë sans qu’il y ait un déclencheur organique clair ou défini. La clé se situerait dans la théorie de la neuromatrice de la douleur ou dans nos schémas de « neuro-signature ».

Découvrons-en plus à ce sujet.

La neuromatrice et notre manière particulière de ressentir la douleur

Nous savons que les patients atteints de fibromyalgie présentent une certaine particularité dans la façon dont leur cerveau et leur moelle épinière traitent les signaux de douleur provenant des nerfs. La théorie neuromatrice de la douleur dit que chaque personne présente un schéma et des informations sensorielles uniques lorsqu’il s’agit de moduler cette réponse.

Elle pointe aussi quelque chose de tout aussi frappant : cette particularité aurait une origine génétique qui s’ajoute à d’autres facteurs expérientiels. C’est comme si nous venions au monde avec une probabilité plus ou moins élevée de développer des conditions telles que la douleur chronique ou la fibromyalgie.

Le syndrome du « membre fantôme » et la théorie neuromatrice de la douleur

Beaucoup d’entre nous ont entendu parler du syndrome du membre fantôme. C’est une altération à travers laquelle une personne amputée d’un membre continue de percevoir la présence de cette partie manquante. Ce problème est subi par plus de 60 % des patients qui vivent sans membre et, pire encore, ils souffrent de douleurs, de brûlures, de crampes… C’est-à-dire que même si ce bras ou cette jambe n’existe pas, ils souffrent.

Comment est-ce possible ? L’origine se trouverait dans la théorie neuromatrice de la douleur. On pense que le cerveau crée un motif à partir de l’événement traumatique, une mémoire sensorielle avant l’amputation ou l’infection du membre manquant.

Cette empreinte nerveuse survit en stimulant la réponse à la douleur de temps en temps. De même, cette expérience peut durer quelques mois, jusqu’à ce que le cerveau finisse de se réarranger et accepte que ce membre n’existe plus.

Les scientifiques le définissent comme des « neuro-signatures anormales » qui provoquent des douleurs dans le membre fantôme.

Homme représentant la théorie neuromatrice de la douleur

Les trois zones qui modulent la neuromatrice

L’Université de Washington a mené une étude intéressante en 2012 sur la théorie neuromatrice de la douleur. Dans ce travail, il a été montré que le traitement de la douleur changeait au fil des ans. En d’autres termes, à mesure que nous vieillissons, notre sensibilité augmente, de sorte qu’une fracture de la hanche, par exemple, est plus douloureuse à 80 ans qu’à 40 ans.

Les mécanismes inhibiteurs qui modulent et régulent la souffrance évoluent avec le temps. Ces neuro-signatures varient avec le vieillissement biologique lui-même. Néanmoins, malgré cela, il existe des facteurs capables d’amortir cette souffrance. Car la théorie neuromatrice de la douleur dépend de trois facteurs pour que cette souffrance soit plus ou moins intense :

  • D’une part, il y a les facteurs génétiques déjà mentionnés, propres à chaque personne. Ce sont eux qui modifient la façon dont le cerveau et la moelle épinière traitent les signaux de douleur provenant des nerfs, comme dans le cas des personnes atteintes de fibromyalgie. Ce sont eux aussi qui orchestrent le lien entre le vieillissement et une plus grande perception de la douleur.
  • Nous pouvons également trouver la variable émotionnelle. Les émotions et les traumatismes psychologiques intensifient également la souffrance physique.
  • Enfin, nous avons la variable évaluative-cognitive. En d’autres termes, la façon dont nous interprétons la douleur peut la réduire ou l’augmenter. C’est pourquoi les patients les plus résilients, par exemple, gèrent mieux leur maladie.

Pour conclure, cette théorie a acquis une grande pertinence ces derniers temps. Ainsi, des conditions telles que la lombalgie chronique reçoivent également beaucoup d’attention de ce point de vue.

Nous savons désormais qu’il existe des maladies et des altérations pour lesquelles une approche médicale et pharmacologique seule ne suffit pas. L’aspect psychologique est également essentiel pour pouvoir gérer l’aspect émotionnel et cognitif.

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ChMaille

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