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L’argument ad hominem, ou quand on attaque sans arguments

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L’argument ad hominem, en rhétorique,  donne lieu à ce type de ressource si courante où quelqu’un décide de nous attaquer non pour les arguments que nous exposons ou défendons mais pour ce que nous sommes. Le message cesse d’être important pour céder la place à notre physique, notre genre, notre personnalité, notre religion ou tout autre aspect étranger à l’argument en soi.

« C’est Alexandre qui a dit ça ? Ça doit être complètement faux puisque ça vient de lui ». Ce type de commentaires représentent, sans aucun doute un type de réalité qu’on voit souvent dans des contextes différents. C’est cette tentative irrespectueuse dans le cadre de laquelle on discrédite quelqu’un qui défend une idée, en dirigeant l’attention sur un aspect non pertinent, sur quelque chose qui n’a rien à voir avec la situation en soi.

Ainsi, et au-delà de ce que nous pouvons penser, l’argument ad hominem est une stratégie de la rhétorique aussi puissante qu’efficace. En outre, des études telle que celle réalisée par Ralph M. Barnes et Heather M. Johnston, de l’université du Montana (États-Unis) nous indiquent que les attaques des positions reposant sur des arguments ad hominem sont aussi efficaces que les attaques basées sur des preuves. 

Cela est dû à une raison simple : l’impact qui en découle. On sait, par exemple, qu’il est courant de l’utiliser en politique, tout comme dans des contextes judiciaires voire dans des campagnes publicitaires. L’objectif est toujours le même : discréditer celui que nous avons en face. D’où sa racine latine et son sens : ad hominem, qui signifie contre l’Homme.

Il existe plusieurs types d’argument ad hominem. Ils constituent en soi trois types d’abus ou d’attaques personnelles. On trouve ainsi l’ad hominem abusif, l’ad hominem circumstantiæ et l’ad hominem tu quoque.

Le besoin de refléter un type d’abus

Trudy Govier, philosophe reconnue de l’université de Lethbridge au Canada et auteure de nombreux travaux sur la logique et l’argumentation, nous indique quelque chose d’important. L’autre appellation de l’argument ad hominem est le sophisme ad hominem. Nous devons tout d’abord comprendre ce qu’est un sophisme.

Il s’agit d’une erreur dans le raisonnement, une faille qui se produit quand nous donnons des arguments en apparence crédibles mais qui, en réalité, sont complètement faux. Ainsi, les sophismes peuvent être commis par erreur ou dans une tentative délibérée de manipuler et de dissuader les autres.

Par ailleurs, il est intéressant de savoir qu’on utilise l’argument ad hominem depuis l’Antiquité, mais avec un sens alors légèrement différent. Par exemple, Galilée l’utilisait souvent, tout comme John Locke ou San Thomas d’Aquin. Pour eux, cet argument représentait plutôt cette tentative de faire voir à l’adversaire que ses idées étaient erronées. On ne cherchait pas à le discréditer mais à lui faire prendre compte de sa propre erreur.

Curieusement, c’est à partir du XIXe siècle que l’objectif de la rhétorique a commencé à changer. Et on le fait avec l’objectif de refléter un comportement qu’on constate souvent. Celui où on attaque quelqu’un, mais pas pour lui faire voir la contradiction de ses arguments. Dans ce cas, les arguments ne sont pas pris en compte. En effet, on cherche à discréditer l’autre personne à tout prix. Pour cela, on fixe le point d’attention sur des aspects superficiels, peu utiles et souvent dénués de sens.

C’est clairement un type d’abus, une manière de faire du mal à l’autre.

Les 3 types

Dans les campagnes politiques, les attaques ad hominem sont aussi courantes qu’attendues. Un exemple : on sait quand pendant la campagne présidentielle aux États-Unis en 1800, on disait que John Adams était « idiot, hypocrite, grossier et un oppresseur sans principes ». On décrivait son rival, Thomas Jefferson comme un « athée incivilisé, antia-méricain et un outil pour les impies français ».

Un autre exemple. L’un des stratagèmes les plus fréquents de Donal Trump est précisément l’argument ad hominem. Il est ainsi courant qu’au lieu de réfuter les arguments de ses adversaires avec un minimum de logique ou de preuves, il ait recours à ce principe de la rhétorique pour discréditer la personne de la manière la plus infondée. Rappelons-nous par exemple comment il a attaqué un journaliste handicapé du New York Times, en ne s’appuyant que sur cette condition.

Il est également important de souligner que nous pouvons différencier trois types de ce principe de la logique argumentative. Les voici.

Argument ad hominem abusif

L’argument ad hominem cherche à produire un dommage direct à la personne qui argumente une idée. Il y a une humiliation claire et un désir de porter atteinte à l’autre. Ainsi, un exemple de ce type de sophisme est Donald Trump qui se moque du journaliste du New York Times.

Un autre exemple :

J’appartiens à un parti écologiste parce que je me préoccupe de l’environnement.

⇒ « Tu es d’un parti écologiste seulement parce que c’est à la mode, tu n’as pas de valeurs ni de caractère. Tu te laisses seulement mener par les courants à la mode ».

Argument ad hominem circumstantiæ 

L’argument Ad hominem circumstantiæ cherche à attaquer une personne sur la circonstance dans laquelle elle se trouve (que ce soit vrai ou non). Voilà quelques exemples :

  • Nous ne pouvons pas accepter les arguments de tel politique parce qu’il est financé par les Russes
  • Il vaut mieux de ne pas avoir confiance en ce médecin parce qu’il est en surpoids
  • Il ne faut pas regarder les films de Tom Cruise parce qu’il pratique la scientologie
Deux personnes en train de disputer à base d'arguments ad hominem

Argument ad hominem tu quoque (et toi aussi)

On connaît aussi l’argument ad hominem comme l’argument de l’hypocrisie. On essaie d’attaquer quelqu’un en cherchant ses propres contradictions, peu importe si elles ont eu lieu ou non. Voici un exemple simple :

⇒ « Et tu me dis d’arrêter de fumer ? Mais il y a peu, tu fumais deux paquets par jour ! ».

En conclusion, tel que nous l’avons évoqué, ces arguments abusifs se produisent de manière excessive dans de nombreux contextes. Le pire, c’est qu’ils sont efficaces. Ils créent un impact et outre le fait de blesser le destinataire, ils louent souvent celui qui les émet, celui qui use et abuse de ce type d’arguments.

Ainsi, lorsque nous parlons avec quelqu’un, essayons toujours de nous concentrer sur les arguments qu’il émet. Laissons de côté les aspects personnels, circonstanciels et autre type de réalités qui n’ont rien à voir avec le sujet.

 

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