La mémoire à long terme (MLT) est ce magasin où nous conservons toutes ces informations importantes du passé. Ces données, sur les expériences passées, guident en quelque sorte notre comportement. Par expérience, nous savons quelles sont les conséquences de chaque comportement et ce que nous devons faire en fonction du contexte dans lequel nous nous trouvons. Pour cette raison, la mémoire à long terme joue un rôle évolutif très important.
Or, toutes les mémoires à long terme ne contiennent pas le même type de données. On peut voir une nette différence entre connaître la capitale de la France, ou ce que nous avons mangé aujourd’hui, ou savoir faire du vélo. Il est possible de différencier ce type de « savoir » et, pour ce faire, nous allons nous intéresser à la classification du psychologue L. Squire. Ce dernier divise la MLT en mémoire déclarative et procédurale.
Mémoire à long terme déclarative
La MLT déclarative est ce type de mémoire auquel nous pouvons accéder explicitement et intentionnellement. En d’autres termes, ce sont les données auxquelles nous accédons volontairement et que nous pouvons exprimer avec des mots. C’est une mémoire de faits qui se constitue principalement de propositions ou d’images mentales.
Dans la mémoire déclarative, nous pouvons faire une sous-classification, entre la mémoire qui traite des expériences personnelles, que nous appellerons mémoire épisodique ; et celle qui se charge des données qui parlent du monde et du langage, qui va être la mémoire sémantique.
Mémoire épisodique
La mémoire épisodique s’utilise pour encoder des expériences personnelles qui se sont produites dans le passé, pour une récupération consciente ultérieure des événements et des épisodes de notre propre vie qui se sont produits à un certain moment dans le temps. Par conséquent, une caractéristique principale de ce type de mémoire est sa nature temporaire, puisque chaque événement est étiqueté à moment déterminé. Tulving (1972) l’a défini comme : « la connaissance consciente d’événements ou d’épisodes temporellement datés, localisés dans l’espace et vécus personnellement ».
Lorsque la personne essaie de récupérer volontairement une partie de cette mémoire, elle doit voyager dans le temps… jusqu’à ce qu’elle atteigne l’événement objectif. Pour cette raison, la récupération est étroitement liée aux clés contextuelles qui servent à accéder aux informations dont nous voulons nous souvenir.
Deux aspects clés renforcent le codage d’un événement particulier et améliorent sa récupération ultérieure. L’un est le traitement qui a été utilisé pour l’encoder ou le stocker : des études nous disent que plus nous dépensons de ressources pour essayer de stocker un fait, plus il sera facile de s’en souvenir plus tard. Et l’autre est l’aspect émotionnel : ces souvenirs liés à une émotion spécifique laissent beaucoup plus de traces et sont plus faciles à retenir.
Caneza et Nyberg (2000), à travers des études de neuroimagerie, ont montré que le cortex préfrontal droit était lié à la récupération épisodique.
Mémoire sémantique
La mémoire sémantique est une sorte de mémoire nécessaire à l’usage du langage. Il s’agit d’une base de données que les gens possèdent à propos des mots, d’autres symboles verbaux et leur signification. C’est un système indépendant de la mémoire épisodique au niveau de l’encodage, du stockage et de la récupération. Contrairement à l’épisodique, elle manque de codage temporel ; vous savez que l’eau bout à 100 ºC mais vous ne vous souvenez pas – parce que vous ne l’avez pas stockée, cela ne vous a pas semblé pertinent – quand vous avez appris ce fait.
La mémoire sémantique est une grande réserve de concepts et d’informations. Mais comment ces données s’organisent-elles ? Bien qu’il existe plusieurs théories sur la façon dont elles sont stockées et organisées, la plus validée provient des modèles connexionnistes. Selon ces derniers, la mémoire sémantique s’organise en un système de réseau dans lequel tous les concepts sont liés les uns aux autres, de diverses manières. Ceci facilite la récupération des souvenirs. Ainsi, la notion de chien est fortement liée aux mammifères, aux poils et aux aboiements, mais très peu (en général) aux livres, aux ordinateurs et aux agrafeuses.
Cette mémoire cache une théorie profonde derrière elle. Les chercheurs tiennent à savoir comment nous acquérons notre relation aux objets. Chacun de nous peut définir un objet différemment, mais nous savons que nous parlons du même. Ainsi, les informations que nous avons sur un objet ou un symbole ne sont pas seulement les informations objectives que l’objet peut posséder, mais aussi l’expérience que nous avons avec lui. Comme l’affirme Jorge Rivas (2010), de l’Université nationale de Mar del Plata : « chaque relation communicative entre deux locuteurs implique toujours un acte d’interprétation et une négociation de sens ».
Mémoire procédurale à long terme
La mémoire procédurale est une mémoire automatisée et explicitement inaccessible pour nous. C’est cette mémoire liée aux informations sur le « savoir-faire ». Dans cette mémoire, nous pouvons retrouver la mémoire implicite, les habiletés motrices et le conditionnement.
Mémoire implicite
C’est cette mémoire à long terme qui ne nécessite pas la récupération intentionnelle de l’expérience acquise antérieurement. C’est peut-être l’un des types de mémoire les plus difficiles à définir et à expliquer. Par conséquent, pour la comprendre, nous devons nous tourner vers des études d’amorçage ou des tests pour mesurer la mémoire implicite.
Un exemple clair d’amorçage se trouve dans la vitesse de réponse ou de lecture de mots familiers. Imaginez que nous présentions à un sujet une série de mots et lui disions de les lire à haute voix pour s’assurer qu’il y prête attention. Au bout d’un temps raisonnable, il se peut qu’il ne se souvienne plus explicitement de ces mots, mais si on lui présente une autre liste de mots, il mettra plus de temps à lire ceux qui n’étaient pas présentés dans la liste précédente.
Il semblerait qu’il existe un certain magasin qui stocke implicitement des événements épisodiques pour faciliter les situations dans un avenir proche. De plus, fait curieux, ce type de mémoire est parfaitement conservé chez les patients amnésiques : preuve de son indépendance par rapport à la mémoire déclarative.
Habiletés motrices
Lorsque nous parlons d’habiletés motrices, nous nous référons aux compétences que nous avons automatisées grâce à la pratique, comme faire du vélo ou marcher. Tandis que nous effectuons ces activités automatisées, nous ne nous rappelons pas explicitement comment elles sont effectuées : notre corps agit de manière pratiquement automatique.
Ce type de mémoire nous est très utile car lorsqu’une compétence est procéduralisée, elle libère une grande quantité de ressources de la mémoire de travail. Ainsi, par exemple, au lieu de penser à ce que je dois faire pour garder mon équilibre sur le vélo, je peux allouer des ressources pour faire attention aux directions pour aller à un endroit précis.
Conditionnement
Ce type de mémoire est lié à l’apprentissage associatif, comme le conditionnement classique ou opérant. Dans ces cas, nous avons créé une association : avant un certain stimulus, un type de réponse suit immédiatement. Ainsi, lorsque ce stimulus apparaîtra, nous effectuerons automatiquement cette réponse associée.
Un exemple simple est le conditionnement du dégoût. Imaginez qu’à un moment, nous prenions un yaourt périmé qui nous rend vraiment malade au niveau de l’estomac. Le corps est susceptible d’associer l’inconfort à ce yaourt, d’autant plus que nous sommes programmés pour créer très rapidement des associations avec la nourriture. Ainsi, la prochaine fois que nous verrons un yaourt, certains processus se déclencheront dans notre corps qui nous feront ressentir des maux d’estomac, et ainsi éviter d’en ingérer.
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