Malgré l’ampleur actuelle des problèmes de dépendance sexuelle, notamment ceux inhérents à l’addiction à la pornographie, aucune étude ne propose une intervention claire pour ce types de conditions.
Le traitement de la dépendance à la pornographie est difficile en raison de la quantité de préjugés et de stéréotypes associés à la consommation de ce type de produit, en plus de la honte que cela génère à la personne concernée.
Dans cet article, nous présentons une intervention qui repose sur la thérapie d’acceptation et d’engagement pour résoudre la consommation problématique de pornographie. Il s’agit des résultats d’une enquête menée par Twohig et Crosby (2010) pour l’Utah State University, aux États-Unis .
Internet et pornographie
Internet couvre pratiquement tous les aspects de notre vie. Bien que cela puisse paraître exorbitant, on estime qu’environ 12% de tout le contenu stocké sur Internet est du contenu pornographique. Aux États-Unis, environ 13% des personnes consomment régulièrement de la pornographie.
En Espagne, une étude réalisée en 2019 constata que l’âge moyen du début de la consommation de pornographie était de 14 ans pour les hommes et de 16 ans pour les femmes. De plus, en incluant tous les spectres d’âge, on estime qu’il y a en Espagne un total de 18 millions de visites quotidiennes de pages pornographiques.
S’agissant d’une pratique sexuelle et masturbatoire si profondément ancrée dans notre société, dont le développement semble exponentiel, il est important d’établir de bonnes pratiques pour la consommation de pornographie. Par conséquent, savoir identifier l’utilisation problématique de la pornographie est vital pour les 17% des personnes qui répondent aux critères de dépendance.
Addiction à la pornographie et problèmes d’humeur
Comme dans toute addiction, le problème n’est pas l’objet auquel la personne est accro, mais les comportements exacerbés et extrêmes qui détériorent son quotidien. Le comportement est en effet un problème lorsque le comportement menace le fonctionnement émotionnel, social et professionnel du sujet.
Dans le cas de la dépendance à la pornographie, l’étude Twohig et Crosby rapporte des personnes souffrant de problèmes de dépression, d’isolement social, de relations détériorées, de pertes d’emploi et de productivité réduite. En outre, il est également associé à des problèmes financiers.
En principe, regarder de la pornographie n’est pas mauvais en soi. Cela se heurte néanmoins les valeurs morales et personnelles de certaines personnes qui visionnent de la pornographie, leur générant un profond malaise dérivé de la dissonance.
L’addiction à la pornographie peut également entraîner des problèmes en lien avec le temps passé à regarder de la pornographie et aux endroits où il ne convient pas de la consommer. Mais l’addiction provoque malgré tout le visionnage.
Addiction à la pornographie et sa similitude avec d’autres troubles
Des troubles dont les mécanismes sont similaires furent proposés pour établir les critères de fonctionnement et de diagnostic de l’addiction à la pornographie. Il s’agit des troubles en lien avec la toxicomanie, au contrôle des impulsions et ceux inclus dans le spectre des troubles obsessionnels compulsifs.
Peu importe d’où nous envisageons la dépendance à la pornographie. La vérité est que les études suggèrent la présence de pensées persistantes qui exigent la consommation de pornographie. Le moyen de s’éloigner de telles pensées étouffantes est, en fait, de consommer de la pornographie.
Le problème que la pornographie peut poser est directement proportionnel à l’effort que la personne investit pour contrôler cette envie d’en regarder. Le traitement de ce type de dépendance est similaire à celui qui s’utilise avec les patient souffrant de TOC, de trichotillomanie et de toxicomanie. On propose des traitements qui fonctionnent avec des pensées et des expériences internes. Ces traitement se concentrent par ailleurs sur le changement de comportement, donnant des orientations pour réaliser ce changement.
Thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) pour mettre fin à l’addiction
L’ACT est adapté pour traiter le paradoxe du besoin de visionner de la pornographie. Nous pourrions la considérer comme un type de thérapie inclus dans le spectre des thérapies cognitivo-comportementales. En effet, elle traite également les pensées, les émotions et les réponses physiologiques. L’ACT utilise par ailleurs des techniques pour obtenir un changement de comportement.
Cependant, l’ACT utilise divers procédés – dans le cas de cette enquête six – qui tentent de réduire les effets des expériences internes qui prévalent actuellement – le visionnage de pornographie. Elle augmente également la valeur d’autres expériences, ce qui peut conduire à d’autres comportements – différents du visionnage de pornographie, liés à leurs valeurs.
Les six constructions de l’ACT
- Acceptation. Le sujet accro à la pornographie doit être prêt à expérimenter ces pensées, sensations et émotions sans pour autant les réguler. Les accepter simplement tels qu’elles sont.
- Défusion. Ne pas ajouter de contenu verbal aux sentiments, émotions et expériences internes. Les émotions ne sont que des émotions. Elles n’ont rien à voir avec ce que l’on est, faisons ou ferons. Ces émotions doivent également être exemptes de critique.
- Un comme contexte. Ressentir ces émotions, ou cette envie de regarder de la pornographie de l’extérieur. Cela signifie que le sujet est le contexte où ces émotions ont lieu. Mais il n’est en aucun cas défini par ces émotions.
- Être présent. Être conscient des émotions qui se produisent lorsqu’elles ont lieu. Non celles du passé ou à venir. Encore une fois, les exempter de tout jugement de valeur.
- Les valeurs. Il s’agit d’un point essentiel de la thérapie. Définir les domaines de la vie du sujet qui lui tiennent à cœur, et vers lesquels il est prêt à travailler et à investir des efforts.
- Engagement à l’action. Restructurer et travailler pour que le sujet s’engage à tendre vers ses valeurs.
Résultats de l’étude : l’ACT est-elle utile pour traiter l’addiction à la pornographie ?
Six personnes qui semblaient répondre aux critères d’addiction à la pornographie participèrent à cette étude. Leur consommation était différente : l’un ne regardait que de la pornographie hétérosexuelle au travail. Un autre semblait obsédé par la pornographie homosexuelle. Trois autres ne regardaient que de la pornographie comprenant des rapports hétérosexuels. Le dernier se masturbait uniquement avec des images de femmes. Ils étaient tous des hommes et tous étaient accros à leurs pratiques.
Ils réalisèrent huit séances individuelles d’une heure et demie chacune à partir de l’approche ACT. Les résultats montrent que cinq des six participants subirent une réduction notable de leur consommation de pornographie à la suite du traitement. Quatre d’entre expérimentèrent ces réductions au fil du temps. De plus, leur qualité de vie et leur satisfaction augmentèrent après les huit séances.
Cette étude montre que les thérapies qui reposent sur l’acceptation de l’urgence et de l’impulsion et de l’action selon les valeurs de chaque sujet sont utiles pour ce types de problèmes. Les thérapies comportementales ou celles qui se basent sur l’émotion sont également considérées comme des alternatives efficaces.
La prévention de l’addiction à la pornographie joue un rôle essentiel pour éviter que ce trouble n’empire. Nous devons faire face à une réalité sociale qui est à l’ordre du jour. Cela a déjà été fait avec la consommation d’alcool, de drogues, de tabac et de cannabis.
Il est fortement recommandé de parler aux plus jeune de la pornographie, ainsi que de fournir un accès sûr et contrôlé, sans honte ni jugement moral.
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