L’écoute dichotique est une des techniques comportementales basées sur la latéralisation perceptive les plus utilisées en neuropsychologie. On a recours à cette technique dans le cadre des recherches sur la spécialisation hémisphérique fonctionnelle, à savoir la prédominance relative d’un hémisphère ou d’un autre dans le cadre de certaines fonctions cognitives.
Comme nous le savons déjà, l’hémisphère gauche est spécialisé dans le langage. En plus de la parole, cet hémisphère gère le traitement grammatical. L’hémisphère droit, lui, se charge du traitement visio-spatial, de la perception des objets et des visages.
De quoi s’agit-il ?
L’écoute dichotique est une technique basée sur la présentation simultanée de deux stimuli auditifs distincts, un dans chaque oreille. Les stimuli présentés peuvent être des mots ou des syllabes, des lettres, voire même des sons musicaux. Peuvent aussi varier d’autres paramètres comme l’intervalle inter et intra stimuli, le nombre de présentations, l’intensité, etc. (1)
Dans le cadre de cette technique, les projections de la voie auditive vers le cortex cérébral sont ipsilatéraux et controlatéraux. Ainsi, l’information que reçoit chaque oreille se projette dans les deux hémisphères cérébraux.
Lors de l’écoute dichotique, les voies ipsilatérales sont inhibées. Ainsi, l’information reçue dans une oreille passe exclusivement à l’hémisphère cérébral opposé. Ce qui se passe par conséquent, c’est que s’il existe une lésion dans un des hémisphères cérébraux, on observera un déficit dans l’oreille contralatérale du fait de la lésion dans le cadre de de l’écoute dichotique.
Un test d’écoute dichotique standard se compte d’un nombre relativement élevé de ces syllabes dichotiques, et souvent, le sujet identifie un plus grand nombre de syllabes par l’oreille droite (OD) que par l’oreille gauche (OG). Pour faire référence à ce phénomène, on parle de l’avantage de l’oreille droite (AOD). (3)
Caractéristiques de l’écoute dichotique
Cet avantage de l’oreille droite, Kimura (4,5) l’explique selon sous deux hypothèses. La première, c’est que, comme nous l’avons mentionné précédemment, les voies ipsilatérales s’inhibent. Ainsi, seules les voies contralatérales restent fonctionnelles. D’un autre côté, le test, aussi bien de types clinique que neurophysiologique, indique que chez la majorité des gens, le langage est représenté dans l’hémisphère gauche.
A partir de ces conclusions, l’AOD s’explique donc par le fait que l’information reçue par l’oreille droite parcourt un chemin plus court et direct jusqu’à l’hémisphère gauche (voies contralatérales).
L’information reçue par l’oreille gauche doit alors parcourir les voies controlatérales jusqu’à l’hémisphère droit, et de là, passer par la voie transcalleuse vers l’hémisphère gauche afin d’être décodée. Cela se répercute sur la qualité de son tracé et donne lieu à des réponses présentant une plus grande latence et un plus grand nombre d’erreurs. (2)
Influence de l’attention
Selon divers auteurs, l’AOD obtenu dans le cadre de l’écoute dichotique pourrait refléter d’autres processus cognitifs différents de ceux liés à la latéralisation du langage. Par exemple, l’asymétrie dans l’arousal ou l’activation interhémisphérique, ou encore les effets mémoristiques et les effets attentionnés, qui sont les plus étudiés. (6)
Ecoute dichotique appliquée à la schizophrénie
Dans le cadre de la schizophrénie se trouvent altérées certaines fonctions cognitives. Par exemple, l’attention, la mémoire de travail et, surtout, les fonctions exécutives.
Ainsi, diverses études ont démontré que les personnes affectées par la schizophrénie présentent diverses caractéristiques communes. Tout d’abord, il existe une plus grand proportion de sourds. De plus, l’asymétrie du planum temporale et de la fissure de Silvio est moindre et l’avantage de l’oreille droite diminue.
L’écoute dichotique appliquée aux troubles affectifs majeurs
Certains faits sur l’étude de la latéralisation visuelle et auditive appliquée aux troubles affectifs majeurs :
- Les patients présentant une dépression mélancolique montrent un AOD exagéré par rapport aux patients sains
- L’AOD le plus exagéré apparaît lorsque l’anxiété est absente
- Les patients souffrant de phobie sociale montrent un moindre AOD que les patients sains
Il semble donc que la dépression mélancolique soit associée à un AOD exagéré. Le spectre de troubles d’anxiété serait alors associé à un AOD insuffisant.
Ainsi, cette technique peut aussi s’appliquer dans le cadre d’autres pathologies. Auprès des personnes souffrant de dyslexie ou de sclérose multiple, par exemple, on a aussi recours à cette technique. Son champ d’application dans la pratique neuropsychologie est très large. De plus, il résulte d’une mesure de la fonction du lobe temporal et du corps calleux, de même que de l’attention sélective et des fonctions exécutives.
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