Le sentiment de ridicule prend forme avec la honte, la peur ou la nervosité que produit l’idée de se faire moquer, de mal paraître devant les autres… La plupart d’entre nous l’ont, mais à quoi sert-il vraiment ?
Saviez-vous qu’il existe une peur pathologique du ridicule, la dénommée gelotophobie ? Nous réfléchissons à ces phénomènes et analysons ce qui pourrait se passer lorsque ce sentiment de ridicule n’existe pas ou devient limitant ou invalidant.
Qu’est-ce que le sentiment de ridicule ?
Le mot “ridicule” vient du latin ridiculus et du verbe ridere (rire), accompagné du suffixe instrumental -culum. Il vient également du latin retic ŭ lus, qui signifie «sac en filet». Lorsque nous parlons de quelque chose de ridicule, nous entendons quelque chose qui peut être considéré comme extravagant, grotesque, choquant… et qui provoque généralement de la moquerie, du rire ou de l’étrangeté chez les gens. Le mot a plusieurs sens :
- Quelque chose qui, en raison de sa rareté ou de son extravagance, bouge ou peut faire rire.
- Étrange, irrégulier et de peu d’appréciation et de considération.
D’autre part, lorsque nous parlons de sentiment de ridicule, nous nous référons à cette peur que les autres se moquent de nous pour une raison quelconque. C’est un sentiment qui nous paralyse lorsqu’il s’agit d’agir, précisément à cause de cette peur de mal paraître ou que les autres se rendent compte de nos « erreurs », en rient ou nous jugent.
Par exemple, il découle de la peur de “gâcher”, de faire des erreurs, de trébucher au milieu de la rue ou devant beaucoup de monde, etc.
Sentiment de ridicule : beaucoup, un peu ou pas du tout ?
La plupart d’entre nous ressentent un certain sentiment de ridicule (notamment ceux qui sont moins sûrs d’eux ou qui tendent à considérer les critiques comme des attaques personnelles), mais pas tous. Il y a des gens qui ne se soucient tout simplement pas de ce que les autres pensent.
Cependant, une absence totale de sentiment de ridicule (poussé à l’extrême) a été liée à des personnalités psychopathes et asociales, dans lesquelles il y a un mépris exagéré des normes sociales et un manque de respect pour les autres.
D’autre part, et par curiosité, une étude publiée dans l’Association espagnole de pédiatrie (AEP) attribua l’absence de sentiment de ridicule (ainsi que d’autres caractéristiques) aux enfants prépubères atteints de TDAH.
Le sentiment de ridicule variera considérablement d’une personne à l’autre, en fonction de sa personnalité, de son attitude, de ses expériences antérieures, etc.
Un sentiment excessif de ridicule
En général, les personnes qui ont un sentiment excessif de ridicule tendent à être plus timides et peu sûres d’elles, et surestiment également les conventions sociales. Elles ont également une grande sensibilité aux jugements et aux opinions des autres, peut-être alimentés par une faible estime de soi et une grande peur de “ce qu’ils diront”.
Il peut également s’agir de personnes très exigeantes envers elles-mêmes, qui s’observent constamment (ce que l’on appelle l’auto-observation), qui sont très préoccupées par ce que les gens peuvent dire ou penser d’elles, car elles ont besoin de bien faire, toujours à la recherche de cette exigence ou de cette perfection.
Du sentiment de ridicule à la phobie sociale
En revanche, lorsque le sentiment de ridicule est extrêmement marqué et qu’en plus il s’ajoute à d’autres symptômes, alors la phobie sociale peut apparaître. La phobie sociale se caractérise par une peur (ou une anxiété) intense des situations sociales.
Ce qui est vraiment redouté, c’est d’être exposé à l’examen du peuple, avec cette grande peur du ridicule. Dans ce cas, le sentiment de ridicule est très présent dans la vie de la personne.
A quoi sert le sentiment de ridicule ?
Le sentiment de ridicule est en fait un mécanisme de défense psychologique, qui nous amène à éviter les situations qui nous causeraient de l’inconfort ou de la honte. En réalité, la honte est une émotion qui joue un rôle clé dans nos relations personnelles et qui peut nous amener à être plus prudents, à contrôler nos pulsions et à réparer les dégâts.
Cependant, ce mécanisme peut être inadéquat (ou plutôt peu adaptatif ou fonctionnel) lorsqu’il nous bloque et nous conduit à constamment éviter les situations sociales. Dans l’évitement, la personne établit un faux raisonnement visant à éviter ce type de circonstance et ainsi se débarrasser de la possibilité de faire face à la situation pénible.
Ainsi, un certain sentiment de ridicule peut nous “protéger” (au niveau de l’estime de soi, par exemple), mais lorsqu’il est excessif, il nous paralyse et nous fait aussi donner plus d’importance à des situations qui n’en ont peut-être pas.
“C’est drôle, mais c’est seulement quand tu vois les gens se ridiculiser que tu réalises à quel point tu les aimes.”
-Christie Agatha-
Gélotophobie ou peur pathologique du ridicule
Ce n’est pas la même chose d’avoir un sentiment de ridicule que peur de se ridiculiser. Par curiosité, nous avons trouvé un concept qui renvoie à cette peur du ridicule poussée à l’extrême. Nous parlons de gelatophobie, terme décrit dans une étude publiée dans l’International Journal of Development and Educational Psychology, qui dérive du terme grec gelos (rire) et indique une peur pathologique du rire, du ridicule.
Comme cause générale de gélotophobie, les auteurs postulent des expériences traumatisantes répétées dans lesquelles on a été ridicule (ou ridiculisé), pendant l’enfance et l’adolescence. En conséquence, “l’opinion honteuse de paraître ridicule ou de se sentir ridicule va s’habituer au cours du processus de formation identitaire de l’enfant ou du jeune, produisant ainsi un mode de vie défensif qui tend à éviter le ridicule”.
Ainsi, les personnes ayant ce sentiment de ridicule poussé à l’extrême sont convaincues qu’il y a quelque chose en elles qui ne va pas, et qui les fait paraître ridicules aux autres, étant l’objet de tous les rires.
Comme nous l’avons vu, le sentiment de ridicule a un sens, une « fonction », et d’une certaine manière il est logique que nous l’ayons. Cependant, si cela est trop rigide ou excessif, cela peut nous amener à éviter des situations, ou nous empêcher d’être nous-mêmes, ce qui nous limite.
Et vous, avez-vous ce sentiment de ridicule ? Pensez-vous qu’il est adaptatif ou plutôt, qu’il vous limite ?
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