Les pensées forment notre dialogue interne, d’elles dépendent la façon dont nous interprétons la réalité et, par conséquent, comment nous ressentons les choses et agissons. Lorsque celles-ci deviennent intrusives, lorsqu’elles sont désagréables ou nous causent de l’inconfort, nous voulons simplement nous en débarrasser. Cependant, la question peut se poser : vaut-il mieux contrôler ses pensées ou les laisser passer ?
Il est naturel que vous ne sachiez pas quelle voie choisir, car même de la psychologie elle-même, les recommandations proposées semblent parfois contradictoires. Dois-je prendre le contrôle de ce que je pense et ressens ou dois-je simplement me laisser aller ? La vérité est que les deux options peuvent être utiles et efficaces, tout dépend des circonstances.
Contrôler les pensées : techniques cognitives
L’histoire de la psychologie est longue et ses approches de la souffrance mentale ont changé. Par conséquent, nous pouvons trouver des propositions très différentes.
Le cognitivisme fait partie des thérapies dites « de seconde génération » qui ont émergé vers 1970. De cette approche, on considère que les pensées jouent un rôle fondamental dans le bien-être de la personne, puisqu’elles conditionnent la manière dont elle interprète sa réalité et dont ils y répondent.
Pour donner un exemple, quelqu’un qui souffre de phobie sociale a une énorme peur d’être jugé. Dans les situations sociales, leurs pensées tournent autour de “je me ridiculise”, “ils vont se moquer de moi”, “ils pensent que je suis bizarre ou que je suis inutile”. À la suite de ce discours interne, des angoisses et des malaises se déclenchent, mais aussi des comportements d’évitement.
Par conséquent, la proposition du cognitivisme est d’identifier ces “fausses” pensées, de les analyser et de les travailler, pour les remplacer par des pensées plus fonctionnelles. Suivant cette ligne, diverses techniques se présentent, telles que :
Pensée s’arrêtant
La détection des pensées est une technique simple et largement utilisée pour contrôler les pensées ruminatives. C’est-à-dire pour ces moments où nous passons en revue un problème, sans pouvoir nous arrêter et sans parvenir à aucune conclusion. Cela consiste simplement à dire fermement le mot “assez” ou un autre mot similaire lorsque ces pensées apparaissent ou que nous entrons dans ce cycle mental.
La personne peut également se gifler ou se pincer en prononçant le mot, pour rendre l’interruption de la pensée plus efficace. Ensuite, il doit se consacrer à une autre activité.
Restructuration cognitive
La restructuration cognitive est l’un des outils les plus utilisés dans les consultations de psychologie en raison de sa grande efficacité. Elle consiste à identifier les pensées irrationnelles ou inadaptées, qui causent de l’inconfort à la personne, pour ensuite les remettre en question et les remplacer par d’autres plus appropriées.
En d’autres termes, elle cherche à façonner la pensée, en éliminant les idées et les croyances néfastes qui entretiennent le problème et en apprenant à interpréter ce qui se passe de manière plus flexible et appropriée.
Distraction
C’est une autre technique très simple. Elle est utilisée pour réduire l’anxiété chez les enfants avant les actes médicaux, mais ses applications sont multiples.
Dans ce cas, le but est de détourner l’attention des pensées nuisibles ou des émotions désagréables, en la concentrant sur d’autres aspects externes. Par exemple, décrire en détail un objet devant nous ou commencer un exercice mental comme compter à rebours de 100 à 0.
Ce qui précède ne sont que quelques exemples des nombreuses techniques dans lesquelles le but est de contrôler les pensées. C’est-à-dire que nous cherchons à les arrêter à notre guise, à nous en débarrasser ou à les changer pour d’autres. La réalité est que les techniques cognitives se sont révélées très efficaces dans le traitement de divers troubles, mais elles ne sont pas la seule approche disponible.
Lâcher prise sur les pensées : thérapies de troisième génération
Une nouvelle approche a émergé vers 1990 avec des propositions telles que la pleine conscience ou la thérapie d’acceptation et d’engagement. Cette troisième vague de thérapies cherche à changer la façon dont la personne perçoit le problème, mais pas à partir du contrôle, mais à partir de l’observation et de l’acceptation.
Autrement dit, dans ce cas, il n’y a pas de jugements, les pensées ne sont pas évaluées comme correctes ou incorrectes, comme souhaitables ou indésirables. Pour la même raison, il n’y a aucune tentative de les éliminer activement ou de les remplacer par d’autres. La proposition est simplement de les laisser être, de les laisser passer et de les observer sans s’identifier à eux.
L’inconfort est accepté comme une réalité présente et non combattue, la résistance n’est pas générée. Cela fonctionne pour plusieurs raisons :
- Il aide la personne à rester dans le moment présent, sans consacrer de ressources à nourrir des peurs futures qui ne se sont pas encore produites.
- En cessant de lutter contre les pensées, la personne ne s’épuise pas. En ne jugeant pas ce que vous pensez, vous ne vous sentez pas coupable. Il n’est plus nécessaire de contrôler le contenu de l’esprit (qui est si difficile à contrôler) et cela apporte le repos.
- En laissant les pensées être, nous les laissons aussi passer. De nombreux problèmes d’anxiété surviennent lorsque la personne donne de la crédibilité à ses idées négatives, s’y accroche et, par conséquent, les perpétue et les entretient. Si nous les laissons faire, nous verrons qu’au moment où ils arrivent, ils partent, et que nous n’avons pas à les prendre comme nôtres ou à faire quoi que ce soit à ce sujet.
Contrôler ses pensées ou les laisser passer : quelle est la bonne chose à faire ?
Comme vous pouvez le voir, ce sont deux approches très différentes et apparemment contradictoires. Cependant, elles peuvent se compléter pour obtenir les meilleurs résultats en fonction de l’individu et des circonstances spécifiques. Il y a des moments où il est possible d’identifier, d’analyser et de contrôler les pensées ; mais d’autres où ce n’est pas le cas.
Lorsque l’esprit semble hors de contrôle et que toute tentative de combattre les pensées négatives est vaine, les accepter peut être la meilleure stratégie. Il y a des aspects de nos vies que nous ne pouvons pas changer et cesser de lutter contre eux peut restaurer le bien-être que nous avons perdu.
Par conséquent, en pratique clinique, les deux approches peuvent coexister. Pour certaines personnes, une approche peut être plus appropriée et pour d’autres, une autre. Dans tous les cas, la pratique et la persévérance sont essentielles pour que chacune de ces techniques nous aide à gérer nos pensées. Un professionnel qualifié peut vous accompagner et vous aider à choisir les options qui conviennent le mieux à votre cas.
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