Si quelqu’un apporta un autre regard sur la folie dans le monde de l’art, ce n’est autre que Hans Prinzhorn. A travers la matière qu’il explora et sa façon de nous la montrer dans son travail, il sut rendre compte d’une forme de créativité sans pareille.
Cet auteur récupéra l’expression de la folie à travers l’art. Son travail révolutionna la façon de penser la folie et la créativité. Il avait une telle portée qu’il reste aujourd’hui une figure d’une grande influence dans la compréhension de l’histoire de l’art et de son lien avec la psychologie.
Nous vous invitons à plonger dans la vie et l’œuvre de cet auteur. Dans chacune des sections qui composent cet article, vous trouverez des faits curieux sur ce merveilleux psychiatre allemand.
“La peinture est plus forte que moi, elle m’oblige toujours à faire ce qu’elle veut.”
-Pablo Picasso-
Qui était Hans Prinzhorn ?
Hans Prinzhorn naquit le 8 juin 1886 à Hermès en Allemagne. Il montra toujours un grand intérêt pour l’art. En fait, il étudia l’histoire de l’art et chanta également. Son intention était de devenir professionnel dans cette deuxième branche.
Il montra dès son plus jeune âge une passion pour la connaissance, motivation qui l’amena à étudier la Philosophie. Mais son désir d’apprendre ne s’arrête pas là. Il étudia également la médecine et se spécialise en psychiatrie. De plus, il servit comme chirurgien pendant la Première Guerre mondiale.
Sa relation avec la psychiatrie se consolida lorsqu’il travailla comme assistant à l’hôpital psychiatrique universitaire de Heidelberg. Il devait notamment y agrandir la collection d’art créée par les malades mentaux.
Beaucoup de ses œuvres naquirent de ces expériences dans lesquelles il parla de psychopathologie liée à l’art, et dans lesquelles il montra des exemples à travers des œuvres de la collection qu’il avait précédemment constituées.
Prinzhorn continua à développer sa passion pour l’art tout au long de sa vie, non seulement en explorant des œuvres de malades mentaux, mais à travers l’écriture. De plus, il donna nombre de conférences.
Enfin, il meurt à Monaco le 14 juin 1933.
Oeuvre de Hanz Prinzhorn
Prinzhorn collectionné des œuvres d’art réalisées par des patients qui se trouvaient dans des hôpitaux psychiatriques, entre 1890 et 1920. Il parvint à rassembler une collection d’environ 5 000 œuvres appartenant à quelque 450 patients. Avoir ce matériel le motiva à mener une étude pour comprendre la relation entre le processus créatif et la maladie mentale.
De son exploration naquit son ouvrage “Expressions de la folie : dessins, peintures, sculptures d’asile”, dans lequel il analyse la ligne qui sépare la psychiatrie de l’art. En plus de mener une analyse approfondie du travail produit par les malades mentaux.
En effet, Iván Sánchez Moreno et Norma Ramos Ríos, dans leur article « La collection Prinzhorn : une relation fallacieuse entre l’art et la folie », paru dans la revue Arte, individu et société, mirent l’accent sur l’utilisation des symboles par les malades mentaux dans leur processus créatifs à partir des points de vue suivants :
- Comme une forme de régression vers les mondes imaginaires de l’enfance.
- En élargissant les possibilités d’analyse critique.
- Comme une forme d’expression qui n’est pas conforme aux canons spécifiques.
- Une forme de création par nécessité d’expression.
Prinzhorn suggéra que l’art des malades mentaux ne pouvait pas être jugé selon les mêmes critères que ceux utilisés pour les autres types d’art. Pour cette raison, il est toujours considéré comme l’un des précurseurs de l’art brut.
Hans Prinzhorn continue de s’intéresser au lien entre art et folie, mais il dut dire adieu à sa collection car Carl Schneider, nommé directeur, fit don de tout le matériel collecté pour une exposition sur “l’art dégénéré” organisée par le parti nazi.
Hans Prinzhorn référence en art et en psychologie
Prinzhorn est l’un des piliers de l’histoire de l’art et de la psychologie. Cela est dû à ses contributions aux deux disciplines. D’une part, cela changea la façon de voir les malades mentaux et, bien qu’il n’ait pas été le premier à le remarquer, cela suscita un grand intérêt pour les processus créatifs psychopathologiques et généra un grand impact qui se refléta dans les études universitaires.
D’autre part, sa collection et son œuvre marquèrent l’art du XXe siècle. Divers artistes furent influencés par Prinzhorn.
Par exemple : Paul Klee, qui le rencontra en personne et suggéra qu’il était vital de donner de l’importance à l’art des malades mentaux, des hommes primitifs et des enfants. Selon lui, ce sont tous des habitants d’un monde intermédiaire qui existe entre ce que nous ressentons et notre intérieur.
D’autre part, André Breton aida Jean Dubuffet à constituer une collection d’œuvres de ce type d’art. En plus d’exposer ces œuvres, Dubuffet donna naissance à l’art brut, l’art de ceux qui ne sont pas influencés par les milieux esthétiques et universitaires.
Cependant, c’est Max Ernst qui introduit le travail de Prinzhorn dans les cercles artistiques français du surréalisme. Ernst promut l’exploitation des troubles comme une voie d’évasion des principes de l’identité et de l’art.
Mais Hans Prinzhorn n’a pas seulement été une grande influence pour les artistes plasticiens. Il le fut également pour certains écrivains. Sans aller plus loin, le poète Paul Éluard décrit son œuvre comme le plus beau livre d’images qui ait jamais existé. Incroyable, non?
On en sait désormais beaucoup plus sur le lien entre art et psychopathologie, dont dérivent divers mythes associés. En ce sens, l’œuvre de Prinzhorn continue d’être l’un des piliers de l’analyse des relations qui naissent de ce lien, tant de la psychologie que de l’art.
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