Dire que nous sommes un peu analphabètes en termes d’émotions n’a rien d’exagéré. On nous éduque en connaissances et en valeurs, mais jamais en émotions. On suppose que la morale et l’éthique nous guident et que tout se résout grâce à elles. Parfois, nous arrivons donc à l’âge adulte sans savoir gérer ce que nous ressentons. C’est ce qui se produit avec le pendule émotionnel.
Le pendule émotionnel est lié à la gestion de la colère, l’une des émotions les plus incomprises. Il se met en place quand une personne décide d’intérioriser les peines qu’elle vit ou de taire les choses négatives qu’elle ressent vis-à-vis de quelqu’un. Après un moment, tout cela s’accumule et éclate, comme une cocotte-minute. Une oscillation finit par avoir lieu entre deux extrêmes : le silence et le cri.
« Il est plus difficile de répondre avec grâce et douceur que de se taire avec mépris. Le silence est parfois une mauvaise réponse, une réponse extrêmement amère. »
-Gar Mar-
Le pendule émotionnel est propre à ceux qui ont peur de leurs sentiments, en particulier de leur colère. Ils ne savent pas très bien comment fixer des limites au traitement que leur réservent les autres. Cela les mène à osciller entre deux extrêmes et à gérer inadéquatement leurs sentiments agressifs. Il n’y a rien de grave: on peut toujours apprendre à tout gérer d’une autre façon.
Le pendule émotionnel et le contrôle de soi
Le thème du contrôle de soi n’est pas toujours compris de manière adéquate. Il finit souvent par être confondu avec la répression alors que ce sont deux réalités très différentes. L’un est le fruit de la conscience et l’autre du conditionnement ou de la peur.
La première grande différence entre l’un et l’autre est que celui qui garde le contrôle de soi-même développe cette attitude avant n’importe quelle situation à haute intensité émotionnelle. En d’autres termes, il y a tout un travail autour de l’objectif de maintenir un état de sérénité. Il s’agit d’un style de vie, qui est le fruit d’une conscience de soin personnel. Les situations auront du mal à avoir un impact sur ceux qui vivent de cette façon.
Avec la répression, en revanche, nous retrouvons surtout un effort de retenue. On ressent les sentiments avec une intensité très profonde, mais on évite de les exprimer. Dans ce cas, il y a une rupture entre l’univers interne et externe.
Il est vrai que nous devons parfois utiliser cette répression pour empêcher une situation d’atteindre des proportions démesurées. Cependant, chez la personne qui s’habitude à se réprimer, les choses vont bien au-delà. En réalité, elle aimerait exprimer pleinement ce qu’elle ressent mais, pour une raison obscure, elle ne peut pas le faire.
Le cycle du pendule émotionnel
Les personnes qui se répriment sont celles qui, le plus fréquemment, présentent ce pendule émotionnel qui les pousse du silence absolu au cri strident. Le plus habituel est qu’elles ignorent comment exprimer ce qui les dérange. Elles pensent que la seule façon de parler des désaccords ou des dérangements est de le faire à travers la colère. Par conséquent, tout cela conduit nécessairement à un conflit. Or, c’est précisément ce qu’elles cherchent à éviter.
Elles pensent aussi généralement ne pas avoir le droit d’exprimer des désaccords ou des gênes. D’une façon ou d’une autre, elles croient que leurs sentiments ne sont pas suffisamment importants ou légitimes pour être exprimés et pris en compte par les autres. Elles se taisent et se répriment parce que quelque chose ou quelqu’un leur a fait penser qu’elles ne doivent pas dire ce qu’elles ressentent.
Toute cette gêne accumulée atteint toujours des limites. C’est à ce moment que le sentiment finit par s’emparer de la personne et par éclater. Car c’est en réalité une véritable bombe à retardement: tôt ou tard, les sentiments finissent par exploser. Les conséquences peuvent être désastreuses. Au final, cela peut être une nouvelle raison de se réprimer et de retomber dans ce cercle vicieux.
Moins de répression, plus d’assertivité
Il n’y a presque qu’une solution pour ne pas tomber dans ce pendule émotionnel. Et elle est évidente: il faut dire les choses quand nous les ressentons. Ne pas attendre le meilleur moment pour le faire, ne pas attendre d’avoir des raisons de le faire. En nous libérant de ce que nous avons à dire, la charge émotionnelle est beaucoup moins importante que si nous attendons et accumulons de la colère.
Garder les choses pour soi-même revient à tomber dans un piège immense. Il arrive toujours un moment où il nous est matériellement impossible d’être assertifs car nous avons accumulé trop d’émotions. L’assertivité est l’habilité à dire les choses de façon à ce que l’autre puisse les comprendre de manière appropriée. Il s’agit d’être clairs et respectueux en même temps. Et surtout, d’être cohérents: nous devons dire exactement ce que nous pensons ou ressentons.
Lorsque la colère accumulée est trop forte et lorsque ces situations explosives se produisent, il est quasiment impossible d’être assertifs. La rage et la rancœur nous aveuglent. Elles nous empêchent de communiquer. Nous aurons envie de blesser pour compenser le mal qu’on nous a fait. Mais la répression ne fonctionne jamais. Bien au contraire. Elle nous empoisonne à petit feu et finit par faire du mal aux autres, irrémédiablement.
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