Où passez-vous le plus de temps ? Ils s’agit probablement de votre maison et de votre lieu de travail. Cependant, s’il n’y avait pas d’autres alternatives, si votre quotidien ne passait qu’entre ces deux points, auriez-vous vraiment le sentiment de vivre en société ou de faire partie d’une communauté ? En effet, ce sentiment d’appartenance se forge dans ce que nous nommons “troisième lieu”, un concept dont nous voulons parler aujourd’hui.
Le sociologue urbain Ray Oldenburg, dans son livre The Great Good Place, proposa ce concept. Il se concentre sur ces espaces informels où se déroule la vie publique. Peut-être ne remarquons-nous pas toujours l’importance de ces sites, mais ils sont essentiels à la socialisation, à la démocratie et à la vie communautaire.
Ce qu’ils sont, quelles fonctions remplissent-ils et comment ils se transforment au fil du temps sont quelques-uns des points sur lesquels il est intéressant de réfléchir.
Qu’est-ce que le “troisième lieu” ?
Pour comprendre d’où vient le terme “troisième lieu”, il faut d’abord parler de ceux qui le précèdent. Selon Oldenburg, il existe trois espaces principaux dans lesquels se déroule notre vie quotidienne. Le premier serait le foyer, la maison dans laquelle nous vivons et les personnes avec lesquelles nous vivons. Ici les règles familiales s’imposent. Le second est le travail, où la culture de l’organisation gouverne.
Mais au-delà de ceux-ci, il y a un troisième lieu qui donne vie aux communautés et qui est le germe des relations sociales. Il se compose d’environnements aussi divers qu’un bar ou un restaurant, la bibliothèque, le coiffeur, des boutiques ou des parcs et places. Tous partagent une série de caractéristiques communes que nous énumérons ci-dessous :
- Il est généralement occupé par les mêmes personnes, qui se réunissent régulièrement. Il est donc courant d’y retrouver des visages familiers et d’y assister régulièrement. Ils sont par ailleurs également ouverts à de nouveaux membres qui enrichissent l’expérience.
- La socialisation est maximale dans le « troisième lieu ». Ce sont des environnements où les gens se rencontrent, interagissent et partagent. Ici, les relations naissent et les relations existantes se consolident et se nourrissent. Il a principalement une composante ludique.
- C’est comme une maison. Un “troisième lieu” est un espace simple et accueillant, pas clinquant, où l’on se sent à l’aise et détendu. Il n’est pas dominé par l’hostilité ou la compétitivité. Il encourage plutôt la coopération, le plaisir et les moments de partage.
- C’est un espace neutre sans hiérarchies. Ici les distinctions sociales se diluent. Il n’y a pas d’exigences pour y entrer et aucune autorité ne prévaut sur les autres. De plus, les individus se rendent au “troisième lieu” volontairement, sans avoir aucun lien ni obligation de le faire.
Le rôle important du “troisième lieu” dans nos sociétés
Le “troisième lieu” est essentiel pour les gens à bien des égards. D’une part, c’est là qu’on apprend à appliquer la démocratie, car ces espaces partagés ont leurs propres règles que nous devons tous respecter. Ainsi, ils nous enseignent la tolérance, la diversité et la cohabitation. Par exemple, on accepte que dans un cinéma ou dans une bibliothèque on ne puisse pas élever la voix pour ne pas gâcher l’expérience de tout le monde, ou que dans un magasin on doive attendre son tour.
Accepter et respecter ces règles fait partie d’un contrat social, qui offre également une série d’avantages et qui permet le fonctionnement des sociétés. Si nous n’y adhérons pas, nous perdons des éléments cruciaux pour notre bien-être, comme le lien humain, le soutien social ou le sentiment d’appartenance. Et c’est aussi dans le “troisième lieu” que l’on accède à ces avantages, note un article du Journal of Service Research.
Faire partie d’une communauté, se sentir intégré à celle-ci et y remplir un rôle, protège notre santé physique et psychologique. Ce sont les autres et nos liens avec eux qui enrichissent notre existence et nous donnent un but. En son absence, le risque de souffrir d’isolement, de dépression et même de développer des addictions augmente.
Récupérons la vie en communauté
Il est vrai que ces milieux de cohabitation communautaire existent toujours, mais toutes les régions ne leur accordent pas la même importance ni ne les traitent de la même manière. Dans certains pays, comme l’Espagne, il existe un meilleur équilibre entre loisirs et travail que dans d’autres comme le Japon, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques. De cette façon, le “troisième lieu” est plus présent et valorisé.
Cependant, cela est en train de changer. Les grandes villes nous privent de ces éléments du “troisième lieu” et remettent en cause notre bien-être , dans lequel l’individualisme prévaut, dans lequel les voisins ne se connaissent pas et les loisirs se déroulent dans un centre commercial bondé et impersonnel. La vie devient une routine qui va de la maison au travail et inversement. De sorte que notre environnement social et émotionnel s’appauvrit.
Par ailleurs, l’avènement d’internet menace également la vie communautaire. Malgré le fait que les réseaux sociaux nous connectent avec des personnes du monde entier, ils peuvent nous isoler dans ce monde virtuel que certains considèrent déjà comme le « quatrième lieu ».
Que nous choisissions de continuer à consommer du contenu audiovisuel au lieu de sortir de chez nous, ou que notre téléphone portable monopolise notre attention pendant que nous partageons avec nos amis et notre famille, la vérité est que nous sommes de moins en moins présents et de moins en moins connectés avec ceux qui nous entourent.
Pour cette raison, afin d’améliorer la qualité de vie et la santé émotionnelle, il est important de préserver et de retrouver la vie dans la communauté. Cultiver ces espaces publics et partagés et en profiter avec les nôtres est aussi une forme de bien-être.
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