L’entité que l’on désigne par le terme « dysphorie de genre » fait actuellement débat. Certains auteurs affirment qu’en plus d’être étudiée d’un point de vue scientifique, elle est influencée par la « théorie queer ». En conséquence, il y a des progrès remarquables dans leur compréhension.
Nous sommes conscients des controverses que peut soulever le fait de parler de dysphorie de genre et de théorie queer. Pour cette raison, dans cet article, nous les analyserons selon les dernières avancées fournies par l’American Psychiatric Association dans la cinquième édition de son Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (ci-après, DSM-5-TR., 2022).
“La prudence est la clé de toutes les vertus.”
-Platon-
Différencier les termes selon l’American Psychiatric Association
Avant de poursuivre, il convient de définir les différents termes comme le fait le DSM-5-TR (APA, 2022). En ce sens, lorsque le terme «sexe» est utilisé, il est fait référence à « l’indicateur biologique » qui indique si la personne est née avec des organes génitaux masculins ou féminins. En revanche, lorsque le mot « genre » est utilisé, il renvoie au rôle que le sujet adopte, c’est-à-dire à la manière dont il est perçu : homme ou femme.
De même, le sexe est attribué à la naissance du sujet. En d’autres termes, si la personne vient au monde avec un sexe biologique féminin, on lui attribue un sexe féminin. Malgré ce qui précède, il peut arriver que le genre soit « atypique » (APA, 2023).
En d’autres termes, il y a des personnes qui, bien qu’ayant un sexe spécifique, se perçoivent et se décrivent comme le sexe opposé. Face à cette situation, ce que l’on appelle la “dysphorie de genre” peut apparaître, relative à l’inconfort, à la souffrance et à l’angoisse que la personne éprouve en conséquence de l’incohérence entre le genre attribué à la naissance et le genre auquel on s’identifie.
“Certains adultes et adolescents peuvent avoir un fort désir d’être d’un genre différent et d’être traités comme tels, et peuvent avoir la certitude intérieure de se sentir et de réagir comme leur genre expérimenté.”
-Association américaine de psychiatrie-
Qu’est-ce que la dysphorie de genre ?
Si pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) elle est loin d’être considérée comme une entité clinique, elle continue de l’être pour l’American Psychiatric Association (APA, 2022). Il la définit comme un décalage profond entre le genre assigné à la naissance et celui avec lequel il s’exprime. L’inconfort résultant de cet écart devrait durer au moins 6 mois. De plus, d’autres symptômes doivent être présents pour poser le diagnostic (APA, 2o22) :
- Désirer d’être traité d’une manière cohérente avec le sexe auquel il s’identifie.
- Désirer le fait de posséder les caractéristiques sexuelles du genre auquel on s’identifie.
- Désirer pouvoir éliminer les caractéristiques morphologiques du genre avec lequel vous vous sentez en désaccord.
- Vouloir intensément appartenir à un autre sexe ou se comporter de manière répétée avec des comportements typiques de l’autre sexe.
- Avoir la conviction profonde que “je ressens, me comporte et pense” d’une manière qui correspond au genre auquel vous vous identifiez.
Ainsi, il est courant pour les personnes au stade vital de l’adolescence, ainsi que pour les adultes, de choisir de se comporter et de s’habiller en fonction du sexe avec lequel ils sont perçus. De plus, si leur environnement, leurs amis et leur famille les acceptent tels qu’ils sont et qu’ils peuvent s’exprimer librement, le malaise qu’ils ressentent à la suite d’un rejet social fréquent tend à diminuer (Rabito-Alcón et al., 2016).
“Des cas de dysphorie de genre ont été signalés dans une multitude de pays et de contextes culturels à travers le monde.”
-Association américaine de psychiatrie-
Au-delà de la théorie queer : une question controversée
Le célèbre psychologue espagnol Marino Pérez Álvarez a récemment publié une analyse sur l’impact que la théorie queer aurait sur l’imaginaire collectif de cette entité clinique. Il mentionne que la psychologie est capable de fournir des connaissances scientifiques sur cette question, contrairement à la théorie queer (Pérez-Álvarez et al., 2022).
Par exemple, grâce aux recherches psychologiques, on sait qu’une multitude de facteurs interviennent dans la formation de l’identité, dont des déterminants sociaux et culturels. De même, nous savons comment se forment et naissent les sentiments, de la même manière que nous pouvons comprendre comment ils sont influencés par le contexte social dans lequel la personne évolue.
Ainsi, Pérez-Álvarez propose qu’au lieu d’aborder la dysphorie de genre d’un point de vue queer, elle soit examinée sous le regard de la science. Un regard qui, en plus d’être objectif, est extraordinairement empathique ; puisque, comme le mentionne l’auteur, l’objectif est « de voir la meilleure façon d’offrir l’aide correspondante ».
Comme nous l’avons mentionné au début de l’article, cela peut s’avérer être un sujet controversé. Pour cette raison, nous avons voulu l’aborder comme le fait l’American Psychiatric Association, qui, avec l’OMS, sont les organisations scientifiques de référence pour les professionnels de la santé mentale dans le monde.
“Traiter les gens de manière égale ne signifie pas les traiter de la même manière, mais tenir compte de leurs besoins uniques afin qu’ils aient les mêmes chances de mener une vie aussi épanouie que possible.”
-Marino Pérez-Álvarez-
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