La cognition intégrée est un concept qui met l’accent sur le rôle que joue l’environnement dans le développement des processus cognitifs. Elle soutient que les processus cognitifs se développent lorsqu’il existe un système étroitement lié à son environnement.
Ce lien entre l’organisme et l’environnement influence la formation des capacités cognitives en développement. La recherche sur la cognition intégrée a été menée dans divers sous-domaines des sciences cognitives. Certains d’entre eux sont la psychologie du développement, la robotique, la linguistique ou la philosophie de l’esprit.
Toutes ces recherches interdisciplinaires verront le jour et donneront peut-être naissance à une nouvelle discipline. Les différentes formulations de la thèse de la cognition intégrée partagent un objectif commun : développer des explications cognitives qui capturent comment l’esprit, le corps et le monde interagissent et s’influencent mutuellement pour promouvoir le succès adaptatif d’un organisme.
La cognition intégrée comme alternative à la vision cognitive classique
Les idées de cognition intégrée remontent aux travaux de Heidegger, Piaget, Vygotsky, Merleau-Ponty et Dewey. La thèse actuelle peut néanmoins être considérée comme une réponse directe et une alternative proposée à la vision cognitiviste et classiciste de l’esprit.
La vision cognitiviste conceptualise les fonctions cognitives en termes de métaphore informatique. Le programme de recherche cognitiviste peut se définir comme un modèle de traitement de l’information reposant sur des règles de la cognition qui :
- Caractérisent la résolution de problèmes en termes d’entrées et de sorties.
- Supposent l’existence de représentations symboliques codées qui permettent au système de concevoir une solution par calcul.
- Soutiennent que la cognition peut se comprendre en se concentrant sur les processus cognitifs internes d’un organisme. C’est-à-dire ceux qui impliquent le calcul et la représentation.
Bien que ce programme de recherche cognitiviste soit encore répandu, un certain nombre de problèmes furent soulevés quant à sa faisabilité. Notamment le problème de l’ancrage des symboles, le problème du cadre, le problème du bon sens et le problème décrit par la règle/l’expérience (Dreyfus 1992).
Les théoriciens de la cognition intégrée considèrent les courants cognitivistes comme problématiques pour de nombreuses raisons, mais sont particulièrement préoccupés par leur position isolationniste. Ils tentent de comprendre la cognition en se concentrant presque exclusivement sur les processus cognitifs internes d’un organisme.
Si une hypothèse isolationniste est au cœur du programme de recherche cognitiviste, les explications qui en découlent sont inexactes. Leurs résultats minimisent ou négligent les facteurs environnementaux qui sont essentiels pour former une explication précise du développement cognitif.
Cognition intégrée : recherche d’un plus grand pouvoir explicatif
Le résultat de cette hypothèse isolationniste est une diminution du pouvoir explicatif. En effet, elle néglige deux facteurs cruciaux qui sont nécessaires pour comprendre le développement cognitif : la manière exacte dont les organismes se lient et la manière dont cette relation se déroule au sein de l’environnement.
Les théoriciens de la cognition intégrée privilégient une analyse relationnelle qui considère l’organisme, l’action qu’il accomplit et l’environnement dans lequel il l’accomplit comme un lien indissoluble.
Un exemple de cela peut se retrouver dans des études telles que celles de Thelen et Smith (1994) qui examinent dans quelle mesure les bébés arrivaient à atteindre les objets. Ils examinèrent quatre bébés différents âgés de 3 semaines à 1 an.
Thelen et Smith conclurent que chacun des quatre nourrissons était confronté à des problèmes uniques pour apprendre à atteindre en fonction de leur niveau d’énergie individuel, de leur masse corporelle et des différentes façons qu’ils avaient initialement essayé d’atteindre.
Compte tenu de ces différents mouvements, chacun des bébés dut apprendre un ensemble différent de stratégies pour contrôler ses bras. Ainsi, chaque enfant put surmonter ces obstacles de développement et apprendre à atteindre des jouets. Les manières spécifiques dont il apprit ce comportement variaient cependant en fonction du problème rencontré.
Principaux concepts de la cognition intégrée
Les caractéristiques définissant la cognition intégrée varient considérablement entre les disciplines qui l’étudient, mais certaines hypothèses théoriques communes peuvent être trouvées.
Ces hypothèses théoriques supplémentaires aident à développer la thèse centrale et comprennent :
- La primauté des actions ciblées qui se produisent en temps réel.
- La croyance que la forme de réalisation détermine le type de cognition.
- L’idée que la cognition est constructive.
Ainsi, l’affirmation centrale de la cognition intégrée est que les capacités sensorimotrices, le corps et l’environnement d’un organisme ne jouent pas seulement un rôle important dans la cognition. La façon dont ces éléments interagissent permet à des capacités cognitives particulières de se développer et détermine donc la nature précise de ces capacités.
Cognition intégrée versus cognitivisme
Connaissant les hypothèses théoriques de la cognition intégrée et du cognitivisme, il est possible de comparer les hypothèses de recherche de la cognition intégrée avec celles de la recherche cognitiviste.
Point de vue cognitif
Idées principales:
- Métaphore de l’ordinateur de l’esprit. Basé sur des règles, guidé par la logique.
- Analyse isolationniste : la cognition peut se comprendre en se concentrant sur les processus internes d’un organisme.
- Primauté informatique.
- Cognition comme récupération passive.
- Représentations symboliques codifiées.
Point de vue de la cognition intégrée
Idées principales:
- Couplage de la métaphore de l’esprit. La forme de réalisation plus l’environnement et l’action modifient les processus cognitifs.
- L’analyse relationnelle. L’interaction entre l’esprit, le corps et l’environnement doit s’étudier pour comprendre la cognition.
- Primauté de l’action ciblée qui se déroule en temps réel.
- La cognition en tant que construction active reposant sur les actions intégrés et dirigées vers un objectif d’un organisme.
- Représentations sensorimotrices.
L’affirmation des théoriciens de la cognition intégrée est que de nouvelles connaissances sur des questions jusque-là sans réponse sur le développement cognitif s’acquerront.
L’hypothèse est donc que si les scientifiques cognitifs recentrent leur approche en reconnaissant les liens cruciaux entre le cerveau, le corps et le monde d’un organisme, des connaissances sur le comportement humain pourraient être obtenues en intégrant la recherche dans différents domaines.
Cependant, ce scénario soulève la question : qu’est-ce que cela signifie pour les chercheurs de réorienter leur attention ? Encore une fois, il n’y a pas de consensus parmi les théoriciens de la cognition intégrée sur ce que cette réorientation implique. Cela sera-t-il le cas à l’avenir ?
Cela pourrait vous intéresser …
Cet article Savez-vous ce qu’est la cognition intégrée? est apparu en premier sur Nos Pensées.
Comments