La Chasse : quand la présomption d’innocence n’est pas envisagée

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La Chasse est un drame danois qui retrace le parcours d’un homme accusé d’avoir abusé d’une enfant.Il s’agit d’un puissant rappel de la façon dont les humains peuvent se transformer en véritables monstres quand une communauté s’éloigne de la neutralité pour satisfaire ses instincts les plus primaires.

Le film adopte un point de vue risqué : raconter une histoire d’abus sexuel où la victime n’est pas celle auquel le spectateur s’attend. La Chasse peut être un film très perturbant. Pour le spectateur, il n’est pas forcément évident de délimiter l’impact émotionnel que peut causer une petite fille dans une situation de vulnérabilité.

Le film choisit volontairement une approche extrême. Il nous éloigne ainsi de ce que nous voulons ou espérons croire pour comprendre les dommages que peuvent causer de fausses accusations. Beaucoup penseront sûrement qu’il n’est pas nécessaire que le cinéma sorte des rails et place sa caméra devant des histoires qui ne sont pas si fréquentes.

L’histoire de La Chasse

Lukas (Mads Mikkelsen) est très apprécié des enfants et de ses collègues au jardin d’enfants local où il travaille, dans un petit village du Danemark. Récemment divorcé, son ex-épouse et son fils adolescent ont déménagé dans une autre ville. Sa vie reprend peu à peu, avec l’enthousiasme d’une nouvelle relation et un rapprochement avec son fils Marcus.

Lukas se montre particulièrement compréhensif et chaleureux avec l’une de ses élèves, la petite Klara. Il lui offre de l’attention à un moment où sa mère et son père (le meilleur ami de Lukas) ne le font pas.

La petite fille développe un amour innocent pour lui, qui devient quelque peu confus quand Lukas lui explique quelles sont les limites appropriées entre eux. Armé d’un langage sexuel tiré de son frère, le petit cœur brisé de Klara s’en prend à Lukas sous forme de faux aveu. Son aveu à la directrice de l’école est beaucoup trop spécifique pour ne pas être pris au sérieux.

Personne ne veut faire de mal

Au début du film, personne ne veut rien faire de mal. On ne peut pas en vouloir aux collègues professeurs qui creusent l’affaire suite aux accusations de la petite. Theo (Thomas Bo Larsen), le meilleur ami de Lukas et le père de Klara, se montre consterné et agressif, ce qui est compréhensible pour un père qui pense que son meilleur ami a sexuellement abusé de sa fille.

Klara elle-même, après s’être rendu compte de l’ampleur de son aveu, essaie de modifier ses mots. Il s’agit d’un mensonge qui devient incontrôlable, au fur et à mesure que la « meute humaine » transforme les doutes en certitudes dans les esprits.

La Chasse : l’acharnement tribal et cruel

En apparence, les personnes qui connaissent Lukas ne veulent pas croire qu’il est capable de telles horreurs. C’est un homme calme, travailleur et sympathique. Son dossier est totalement vierge. Néanmoins, les parents et les professeurs sont obligés, d’une certaine façon, de prendre au sérieux les affirmations d’une petite fille. La sécurité des enfants est en effet primordiale.

En outre, pourquoi une enfant mentirait-elle ? Et comment connaîtrait-elle ces détails d’agissements explicitement sexuels ? Les questions logiques commencent à apparaître dans les esprits, mais la population a besoin d’une réponse rapide et tranquillisante.

Toute idée d’impartialité et de présomption d’innocence disparaît quand Lukas est jugé et condamné au tribunal de l’opinion publique. La petite communauté se retourne rapidement contre lui et la présomption d’innocence disparaît complètement.

Le cauchemar de tout homme

Dans l’une des premières scènes du film, Lukas (Mads Mikkelsen) traque et tire sur un cerf. Quelques scènes plus tard, le symbolisme sera évident. Il sera l’animal traqué à travers un viseur et l’arme qui le menacera sera l’opinion publique.

L’accusation d’abus sur mineurs est un cauchemar pour la personne sur laquelle cela retombe. Thomas Vinterberg l’utilise pour explorer la mentalité d’une petite communauté et les dommages irréparables que peut causer la nature insidieuse de la peur.

Les meilleurs amis deviennent soudainement des ennemis. Une brique est lancée par une fenêtre. Lukas ne peut pas acheter de nourriture au supermarché sans se faire tabasser. La peur et la persécution deviennent insupportables.

Dès le début, il s’agit d’une histoire qui, d’une certaine façon, nous pointe en tant qu’auteurs de conclusions hâtives. L’importance de la présomption d’innocence et les dangers de la justice populaire y sont mis en avant. Par ailleurs, Mikkelsen crée un personnage complexe et silencieux qui puise en lui-même une force morale et un instinct de survie puissants.

Conclusion

Ce film est une critique féroce des schémas préconçus d’une société. L’exemplification d’une vie complexe et dynamique et les droits des plus vulnérables n’ont pas à être incompatibles avec la mesure, l’équité et l’étude de chaque cas en particulier.

Ainsi, s’il y a bien une chose que nous enseigne ce film et sa fin déchirante, c’est qu’il y a des faits et des mensonges infondés qui débouchent sur une ignorance difficile à inverser. Et c’est bien malheureux.

Pour conclure, La Chasse met un frein à nos instincts les plus primaires pour nous rendre une capacité critique individuelle.Une société dans laquelle la présomption d’innocence disparaît ne pensera qu’à stigmatiser et à violenter. Sa justice facile nous rendra donc pires en tant qu’humains, et en très peu de temps.

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