La simplicité est aussi une vertu intellectuelle. Après tout, nous agissons tous comme nous pensons. Nous rencontrons tous à un moment ou un autre des personnes pures de cœur et d’esprit.
Pour elles, l’humilité est généralement une chose à prendre au sérieux. Cependant, ces personnes semblent bien peu nombreuses au milieu de l’égoïsme qui est de mise. Dans le monde actuel, les gens qui affirment que leur opinion est la seule qui vaille semblent toujours plus nombreux.
Il est de plus en plus rare d’entendre une personne s’excuser ou admettre qu’elle a peut-être eu tort sur un point ou encore que les choses auraient pu être mieux faites. Les ego intellectuels inondent les réseaux sociaux et ils sont souvent même présents aux tables où nous mangeons.
Prenons un exemple pour illustrer ce type de situation. Il y a un peu plus d’un an, des psychologues de l’Institut Max Planck pour le développement humain ont proposé une expérience intéressante.
La suggestion s’adressait à toute la communauté scientifique. De nombreuses études s’avérant fausses ou non valables, leurs auteurs devraient présenter des excuses pour informer la communauté que leur approche était erronée.
Selon la promotrice de cette idée, le Dr Julia M. Rohrer, le manque d’humilité intellectuelle est un facteur culturel. Il est tellement ancré dans nos schémas et nos comportements que quelqu’un doit commencer à donner l’exemple.
Si le monde de la science est capable d’admettre que certaines de ses conclusions ne sont pas valables, correctes ou reproductibles, cela constituerait un premier pas dont d’autres pourraient alors s’inspirer. La balle serait alors entre nos mains.
La simplicité est aussi une vertu intellectuelle
Nous avons tous déjà ressenti de la frustration face à une personne qui refuse de changer d’avis sur un point alors qu’elle sait qu’elle a tort. Et peut-être qu’à une autre occasion, nous étions à la place de cette personne. Cela nous arrive-t-il souvent ?
Il faut reconnaître qu’il est assez difficile d’admettre que parfois nous nous trompons. Comme nous l’avons souligné plus haut, il s’agit d’un phénomène culturel. La société nous pousse en effet à prétendre que nous sommes invulnérables. Cette infaillibilité intellectuelle laisse bien peu de place aux revers ou à la reconnaissance de l’échec.
De plus, il est parfois même mal vu de changer d’avis. C’est comme si nous devions nécessairement conserver nos valeurs, nos points de vues et nos croyances pour toujours afin de faire preuve de cohérence. En réalité, changer d’avis est un processus normal qui intervient en raison de nos expériences et de notre maturité.
Les changements nous permettent de rester à la page. Ce n’est donc pas grave si aujourd’hui nous abandonnons certaines idées que nous avons défendu bec et ongles hier.
Assumer notre ignorance est une grande qualité
“Le premier savoir est le savoir de mon ignorance”, a déclaré Socrate. Au XVIe siècle, pour Michel de Montaigne, se vanter de ses propres connaissances est le pire fléau de l’être humain. Nombreux sont les philosophes qui ont regretté l’absence de cette dimension. C’est ce que nous appelons en psychologie l’humilité intellectuelle.
La simplicité est aussi une vertu intellectuelle, car avec elle nous permet de toujours garder à l’esprit que nous sommes faillibles. Elle nous rappelle aussi qu’il est bon de prendre en compte l’opinion des autres et qu’il faut être conscient de nos angles morts. Mais de quels angles morts est-il ici question ?
Ce sont les angles morts que notre cerveau ne perçoit pas. En d’autres termes, ce sont ces préjugés dont nous ne sommes pas conscients. C’est notre rigidité mentale et cette fermeture cognitive avec laquelle nous élevons des murs face aux contradictions, aux incertitudes et aux opinions adverses.
Mark Leary, psychologue social à l’Université de Duke, souligne quelque chose d’important. Il dit que l’ignorance elle-même est invisible pour nous. Nous ne la voyons pas et, si nous la voyons, il nous est difficile de l’admettre, car accepter que nous avons tort génère de la souffrance.
La personne simple qui fait preuve d’une certaine humilité intellectuelle n’aura aucun problème à assumer ses erreurs. Cette attitude favorise l’apprentissage et même l’enrichissement cognitif.
La simplicité est une vertu intellectuelle
Il y a des vertus qui passent inaperçues mais qui ont néanmoins la capacité remarquable de rendre ce monde meilleur. Quelqu’un qui affiche un excès de confiance en soi, qui semble infaillible aux yeux des autres, attire toujours plus l’attention. Ce sont eux qui brandissent des banderoles où il est inscrit « Je sais tout et je ne me trompe jamais ».
Et pourtant, ils se trompent, même souvent, car ils n’assument pas leurs erreurs et il les répètent alors. À l’inverse, une personne qui présente une humilité cognitive et émotionnelle accepte de faire des erreurs et accepte d’autres perspectives.
La simplicité est aussi une vertu intellectuelle. Il s’agit d’un exercice de santé sociale et émotionnelle incontestable. Elle permet de détrôner l’ego et d’élever l’humilité. Elle fait tomber les préjugés pour nous ouvrir les portes de la flexibilité et de la compréhension.
De nos jours, peu d’hygiène psychologique est aussi nécessaire que la simplicité. Essayons donc de l’exercer et efforçons-nous de la rendre réel.
L’humilité, ce n’est pas penser que l’on vaut moins, c’est moins s’y croire
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