Il y a des mélanges étranges qui peuvent faire énormément de mal : l’un d’eux est celui des familles surprotectrices sans démonstrations d’affection. Même si cela peut sembler un peu contradictoire, cela est plus commun qu’on ne pourrait le croire. Ces combinaisons « étranges » sont très nombreuses dans le monde réel.
On nous dit souvent qu’une bonne éducation se base sur un mélange d’autorité et de « petites doses » d’affection. Cette façon de comprendre l’affection a atrophié l’éducation dans de nombreuses familles, avec des prescriptions thérapeutiques qui nous éloignent d’une éducation transformatrice au sein de laquelle les émotions jouent un rôle fondamental.
Les familles surprotectrices sans démonstrations d’affection sont une version de plus d’une étrange forme de répression émotionnelle qui s’est transmise de générations en générations, depuis longtemps.
Familles surprotectrices : comment sont-elles ?
En matière d’analyse fonctionnelle, la personne qui souffre de maltraitance au sein d’une famille exprime une fonction à travers son comportement : l’évitement expérientiel, une échappatoire comportementale à la réalité à laquelle elle est confrontée. Son milieu ne lui offre pas d’éléments renforçateurs, que des stimuli aversifs.
Son comportement est donc une réponse à tout cela. L’évitement expérientiel est permet d’échapper à la douleur et, par conséquent, à la vie même. Dans les familles surprotectrices sans démonstrations d’affection, il est possible que les corrections ou les négligences n’existent pas. Néanmoins, dans ces familles, on subit l’amour sans le ressentir.
Quand il existe une surprotection élevée dans la famille mais qu’on n’utilise pas les sens du toucher, de la vue ou de l’ouïe pour exprimer son affection, le plus probable est que quelqu’un finisse piégé dans cette dynamique familiale. Cette famille se sert de codes de conduite contradictoires : je te protège, mais je ne suis pas ton refuge.
Beaucoup de professeurs ou d’amis de la famille pourront dire « cette famille a l’air de bien s’occuper de son enfant ». Pourtant, il existe un déficit de comportements de renforcement, un manque de démonstrations d’affection et une appropriation des comportements autonomes.
Un petit exemple
Prenons l’exemple d’un homme de 40 ans qui consulte un psychologue sans savoir ce qui lui arrive depuis des années. Il a des valeurs très marquées, surtout par rapport à ce qu’il ne tolère pas.
Toute la logique qu’on lui avait inculquée au sein de la famille était liée à ce qu’il ne devait pas faire. Cela l’avait conditionné à avoir une sensibilité extrême par rapport à la punition et presque aucune par rapport au renforcement.
Sa mère ne l’a jamais embrassé ou étreint ou, si elle l’a fait, c’était après « une frayeur ou quand il était malade ». Mais elle allait bien le chercher à l’école, il était toujours bien habillé et il appréciait le fait que sa mère soit une très bonne cuisinière. Elle se chargeait de tout.
Cette personne exprime qu’elle est incapable de profiter pleinement de certaines expériences. Elle souffre beaucoup en imaginant toutes les mauvaises choses qui peuvent arriver à ses enfants et ne prend quasiment pas en compte leurs réussites.
Pour lui, ressentir est associé à une tension. Il a souvent des arrêts de travail à cause de sa dépression. Et peu importe les efforts qu’il fait, il ne se sent pas qualifié dans ce monde.
Les parents hélicoptère qui ne laissent jamais leurs enfants toucher terre
Le cas du patient antérieur est le résultat d’une « mère hélicoptère » et d’un père absent. Le problème est que lorsqu’un membre du couple est physiquement absent, l’autre l’est beaucoup trop. Cela aboutit à une attention excessive qui finit par peser sur le développement de l’autonomie de l’enfant.
Les psychologues Holly Schiffrin et ses collègues de l’Université de Mary Washington ont remarqué à quel point l’éducation selon le modèle de l’hélicoptère affectait l’autodétermination et le bien-être des étudiants universitaires. Ce type d’éducation s’associe en effet à l’anxiété et à la dépression.
Il produit, à la longue, une diminution en termes de satisfaction vitale. Des enfants ont pu bénéficier d’une surveillance totale mais d’une absence d’affection inconditionnelle. Or, l’affection a un but : aider les petites perles à briller en société.
Familles surprotectrices : je ne te fais pas de mal, mais pas de bien non plus
Les enfants peuvent ressentir un manque d’amour et d’attention, même quand rien ne semble indiquer de façon explicite que les parents sont froids, agressifs ou négligents. Beaucoup de parents utilisent des expressions d’amour et d’affection en tant qu’outil d’éducation.
Cela est connu sous le nom de rejet symbolique, souvent exprimé verbalement sous forme de possibles mesures punitives implicites. « Je ne t’aime pas quand tu te mets dans cet état » ou « je t’aime, surtout quand tu te comportes aussi bien que ce soir. »
Les enfants et adolescents les ressentent comme un manque d’amour réel vis-à-vis de leur personne. Car l’amour ne doit pas dépendre de la réussite et d’un bon comportement. Du point de vue de ces enfants, ils ne peuvent rien espérer de plus qu’un amour transitoire et méritocratique.
Les conséquences des familles surprotectrices et des parents hélicoptère
Une éducation peu équilibrée peut transformer des enfants en universitaires. En échange, cet avantage éducatif a un prix élevé. Beaucoup ne sont pas préparés pour la vie. Ils développent en effet une personnalité dépendante et grandissent sans un terrain sur lequel ils pourraient devenir plus responsables vis-à-vis des décisions qu’ils prennent.
Les psychologues ont ainsi découvert, de façon répétée, que les adolescents et adultes avec des troubles anxieux, surtout ceux centrés sur l’interaction sociale, avaient plus de probabilités de venir de foyers avec des parents surprotecteurs.
Les expériences ont montré que les parents anxieux avaient tendance à avoir des enfants anxieux. Pourquoi ? Parce que les parents montrent que la peur, la préoccupation et l’abstinence émotionnelle sont des bonnes réactions face à toute situation.
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