Le terme “touristophobie” se réfère à la peur et au rejet social de la part des habitants envers les touristes qui visitent leur ville. Néanmoins, il n’existe pas de base empirique dans la littérature psychologique soutenant ce type de phobie des touristes, tel que l’affirme le psychologue Sergio Garcia Soriano.
Certes, cette phobie n’existe pas. Cela ne veut néanmoins pas dire qu’il n’existe pas de réaction négative de la part des résidents d’un lieu vis-à-vis de l’arrivée massive de touristes. Surtout, si ces derniers adoptent des comportements démesurés et provoquent des scandales en public. Il est cependant vrai que tous les touristes ne sont pas comme ça.
La touristophobie est une peur ou un rejet social des touristes de la part des habitants d’une ville.
Parmi les conséquences pernicieuses de vivre dans des villes regorgeant de touristes, figurent les conséquences suivantes :
- impossibilité de dormir la nuit,
- des loyers exorbitants,
- le remplacement de l’artisanat local par la fabrication à la chaîne.
Les habitants concernés ont tendance à quitter leur ville. Ceux qui y restent le font parce que le tourisme est leur pain quotidien. De fait, Orozo Alvarado et Quintero Santos (2008) affirment que, dans plusieurs destinations, il existe un processus de colonisation à cause du tourisme, un processus pouvant provoquer plusieurs impacts socioculturels. Approfondissons.
“Tous les voyages ont leurs avantages. Si le voyageur visite des pays qui ont de meilleures conditions, il peut apprendre comment améliorer le sien. Et si la chance l’emmène vers des lieux moins bien, il pourra peut-être apprendre à profiter de ce qu’il a chez lui.”
-Samuel Johnson-
Pourquoi la touristophobie n’existe que dans certains endroits ?
Il existe des destinations massives telles que les îles Canaries, la République dominicaine ou le Pérou qui, malgré le grand volume de touristes qu’elles accueillent, n’ont pas expérimenté ce phénomène.
C’est sans doute parce que ces endroits sont tournés vers le tourisme et que les habitants sont attachés à cette dimension du pays. Quoi qu’il en soit, le tourisme n’a pas eu de conséquences négatives à ces endroits-là.
Une rébellion contre le touriste
On entend de plus en plus d’informations évoquant la manière dont se rebellent certaines villes contre l’arrivée massive de touristes.
Barcelone, Rome, Palma de Majorque, Venise, Berlin, Toronto, la Nouvelle Orléans ou certaines villes asiatiques ont fait entendre sur les réseaux sociaux leur rejet de l’occupation de leurs lieux de résidence.
Le tourisme est une industrie millionnaire. Néanmoins, la massification touristique peut parfois créer des problèmes de cohabitation, provoquer la hausse des prix des logements et détruire le tissu entrepreneurial local.
Des changements dans la culture locale
Les pièces artisanales peuvent se voir remplacées par un produit à bas coût fabriqué en gros dans le but de vendre de proposer des pris plus intéressants aux touristes. On perd ainsi l’enracinement du patrimoine et la tradition culturelle.
Dans le but de satisfaire le tourisme de masse, on produit et on commercialise des articles d’imitation à des prix bas sans intervention de l’artisanat. Les grandes usines asiatiques sont les responsables et les bénéficiaires de leur fabrication.
Les actions des habitants face à la touristophobie
Graffitis de revendication, manifestations et contestations sur les réseaux sociaux visent à faire prendre conscience que le problème de la massification touristique est l’affaire de tous.
Les habitants mettent également l’accent sur le fait que les quartiers et les villes se vident à cause de l’augmentation des logements touristiques, appartements secondaires et hôtels lowcost.
Pendant que quelques magasins se frottent les mains, d’autres se voient obligés de fermer leurs portes : loger les touristes est devenu une arme à double tranchant.
Les propriétaires qui louent leur appartement à des touristes pour obtenir le maximum de gains sont de plus en plus nombreux. Ainsi, ce que le locataire paie en un mois de loyer, le touriste le paie en une semaine de séjour.
Trouver un logement est mission impossible
Chercher un logement, que ce soit pour acheter ou pour louer, est devenu très compliqué quand la zone en question est pleine de touristes.
Cette circonstance entraîne la transformation des centres historiques des villes principales. De fait, si nous nous promenons dans les principaux lieux touristiques, nous découvrirons rapidement que les boutiques qui avaient pignon sur rue sont fermées. Elles sont remplacées par d’autres destinées au tourisme.
L’impact environnemental
Parmi les impacts environnementaux les plus négatifs auxquels nous devons faire face en vue de freiner la détérioration de ces destinations attractives, figurent les suivants :
- saturation des infrastructures et des services publics pour assurer une croissance urbanistique,
- architecture incapable de s’intégrer dans le paysage,
- contamination acoustique, atmosphérique et résiduelle.
“Notre destination n’est jamais un lieu mais une nouvelle manière de voir les choses.”
-Henry Miller-
La touristophobie face à des quotas de tourisme
Le tourisme est le principal mode de vie de nombreuses villes et capitales du monde entier. Pour que ces villes satisfassent leurs besoins économiques, l’arrivée de millions de touristes est inévitable. Ces derniers dépensent leur argent dans les bars, commerces, musées, logements ou transports.
Il est important de prendre conscience que tout ne se vaut pas. Ainsi, réguler les taux de touristes n’est pas insensé. Il devient nécessaire d’établir un plafond de places de visiteurs.
Cela ne suppose pas de détruire le tourisme. Il s’agit d’améliorer la cohabitation, d’en finir avec la spéculation des loyers et de promouvoir un modèle responsable, durable et équilibré.
Si nous parvenons à appliquer ce principe à moyen terme, nous pourrons continuer à profiter de nos destinations rêvées tout en évitant la progression de ce phénomène !
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