L’autopsie psychologique est une technique médico-légale visant à établir ou à préciser les causes du suicide et, dans certains cas, à corroborer si le décès d’une personne résulte bien de cette circonstance. Il s’agit d’un domaine relativement nouveau. Son utilisation n’est systématique que depuis le 21e siècle.
Le terme autopsie psychologique a été employé pour la première fois dans les années 1950, dans les travaux de Shneidman et Farberow. Edwin S. Shneidman était un psychologue clinicien américain qui se consacrait à l’étude du suicide et de la thanatologie. Il a fondé, avec Norman Farberow et Robert Litman, le Los Angeles Suicide Prevention Center en 1958.
Le concept d’autopsie psychologique était toutefois évoqué aux États-Unis depuis les années 1920. Il y a en effet eu une vague de suicides dans ce pays après la Grande Dépression. Ce type d’épidémie a retenu l’attention de nombreux scientifiques, les incitant à rechercher des causes communes. Ce concept ne s’est toutefois consolidé qu’avec Shneidman et Farberow.
L’autopsie psychologique
Une autopsie psychologique consiste donc, en pratique, à une reconstruction indirecte et rétrospective de la vie et de la personnalité de la personne décédée. Il s’agit d’un processus d’enquête qui vise à établir les circonstances et les raisons qui ont conduit une personne au suicide.
Elle a, de manière générale, deux objectifs principaux. Le premier est de type médico-légal. le second, de nature épidémiologique. L’autopsie psychologique s’ordonne dans le cadre d’une enquête pénale. Elle constitue donc un outil complémentaire à l’autopsie médico-légale. Elle s’applique, presque toujours, dans les cas où la cause du décès est douteuse.
D’un point de vue épidémiologique, cet outil vise à recueillir des informations pertinentes pour établir des expressions de comportement, des circonstances, des motivations, etc. Toutes ces informations doivent servir à établir des facteurs de risque communs afin de prévenir ou éviter de nouveaux suicides .
Cet instrument sert également, bien que dans une moindre mesure, à d’autres fins. Par exemple, à l’établissement de la validité juridique des actions avant décès (la signature de documents). A l’évaluation de l’existence d’erreurs de pratique, chez les personnes sous traitement médical ou psychologique, ou à structurer des profils psychologiques et construire des catégories criminologiques, entre autres.
Les outils d’investigation
Ce type d’autopsie est essentiellement constitué de trois outils : l’étude de la scène du crime, la collecte de traces psychologiques et l’interview de personnes proches de la victime. L’étude de la scène du crime donne en effet des indices importants sur toute l’affaire. Le choix de la méthode, la disposition des objets autour du corps, ainsi que d’autres éléments similaires, fournissent de précieuses informations.
La compilation de traces psychologiques concerne la collecte de lettres, de messages, de journaux et de tous documents ou informations pouvant être utiles soit pour établir un profil psychologique de la victime, soit pour clarifier les circonstances dans lesquelles son décès est survenu.
L’entretien avec des personnes proches de la victime sert également à recueillir des informations sur la personnalité ou les motivations du suicide. Il s’agit de l’une des procédures les plus controversées de l’autopsie psychologique car il est très difficile d’établir les biais ou les intérêts des proches du suicidé.
Les protocoles à suivre
Il existe plusieurs protocoles pour effectuer une autopsie psychologique. Le modèle MAPI, créé par le Dr Teresita García Pérez, reste toutefois l’un des plus utilisé. Il s’agit du médecin cubain qui façonna cette méthode très pratique et fonctionnelle. Le monde hispanique y recours prioritairement. Le mot MAPI fait référence aux quatre aspects fondamentaux à analyser. Ceux-ci sont :
- M-Mental : analyse des compétences et les capacités cognitives. Par exemple, le jugement, la cognition, l’intelligence, la mémoire et l’attention, entre autres
- A-Affectif : recherche des signes de troubles affectifs possibles, tels que la dépression
- P-Psychosocial : examine les cercles de relations de la victime tout au long de sa vie
- I-Interpersonnel : établit la façon dont la personne se rapportait à son environnement immédiat
Le protocole indique que la première chose à faire est de travailler sur les lieux, de capter les traces psychologiques, les signes et les indications des circonstances du suicide.
Un entretien structuré avec trois amis proches, sur 60 dimensions, est ensuite réalisé. Ces entretiens se déroule dans un délai de un à six mois après les faits.
Se réalise alors une analyse interdisciplinaire impliquant au moins le psychologue, le médecin et un criminologue. Un rapport d’expert, de nature probatoire, en résulte finalement. Il établit la cause du décès, sur la base du code NASH : Naturel, Accidentel, Suicide ou Homicide. Les causes possibles de l’événement sont dès lors enregistrées.
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