Wilhelm Stekel et sa perspective de la psychanalyse

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Le nom de Wilhelm Stekel n’est pas l’un des plus connus dans le champ de la psychanalyse. Même s’il a été très présent à ses débuts et a apporté des concepts essentiels, il n’est pas parvenu à se démarquer comme d’autres personnes de son époque. En fait, le nom de Stekel est davantage cité pour parler des luttes au sein de la psychanalyse que de ses apports à cette théorie.

Wilhelm Stekel est né en 1868 dans un village de Roumanie qui porte le nom de Bojan. Sa famille était juive orthodoxe et travaillait avec succès dans le commerce. Stekel a étudié la médecine à Vienne (Autriche) et a ensuite ouvert un cabinet de consultation en tant que médecin généraliste. Il s’intéressait cependant aux phénomènes de l’esprit, et plus particulièrement à ceux en lien avec la sexualité.

Son intérêt pour les phénomènes psychopathologiques l’a mené à publier un article intitulé Le coït chez les enfants en 1895. Ce travail a éveillé l’attention de Sigmund Freud qui a vu en Stekel une intuition innée et une très grande intelligence. C’était aussi un écrivain très prolifique.

« La marque de l’homme immature, c’est qu’il veut mourir noblement pour une cause, tandis que la marque de l’homme mature, c’est qu’il veut vivre humblement pour une. »

-Wilhelm Stekel-

Stekel et Freud

Wilhelm Stekel a consulté Freud pour se faire psychanalyser. Il avait un problème d’impuissance et son processus avec Freud a duré 8 semaines, ce qui équivaut à 48 sessions. Ses symptômes n’ont apparemment pas disparu mais l’analyse a réussi à le stabiliser et à soulager son angoisse.

Stekel avait aussi une compulsion pathologique pour la masturbation. Il a d’ailleurs écrit une oeuvre intitulée Auto-érotisme: une étude psychiatrique sur l’onanisme et la névrose, qui n’a été publiée qu’après sa mort. Tout ce qui avait un lien avec la sexualité éveillait sa curiosité. La psychanalyse l’a donc d’emblée attiré. Après avoir été patient de Freud, il est devenu son disciple.

Wilhelm Stekel a adopté les thèses freudiennes avec un sectarisme extrême. Dans son autobiographie, on lit à propos de Freud qu’il « était mon Christ, et moi son apôtre« . Lorsque le père de la psychanalyse a publié L’interprétation des rêves, Stekel en a fait une critique enthousiaste. Il a été l’un des seuls à souligner l’importance de cette oeuvre, raison pour laquelle Freud lui a aussi accordé toute son estime.

 

Une relation tendue

À partir de 1902, Wilhelm Stekel a été présent lors de tous les grands événements de la psychanalyse de l’époque. En 1908, il a publié une nouvelle oeuvre intitulée Les états d’angoisse nerveuse et leur traitement, avec une préface écrite par Sigmund Freud qui l’a toujours considéré comme un collègue.

Wilhelm Stekel et Freud

Stekel avait malgré tout une façon d’être et d’agir qui commençait à mettre la patience de Freud à rude épreuve. Son manque de tact l’exaspérait, tout comme son « indécence ». Stekel parlait de ses propres symptômes et de la masturbation sans la moindre auto-censure. Freud n’était pas d’accord avec une bonne partie de sa façon de penser. Lors des réunions de la Société Psychanalytique, il narrait des épisodes de sa vie qui n’avaient jamais eu lieu. Freud savait qu’ils n’étaient pas vrais, il l’avait lui-même psychanalysé.

Ce conflit a atteint un point de non-retour quand Wilhelm Stekel a élaboré un travail sur la relation entre les noms et le destin. Il y parlait de la manière dont un nom avait influencé le choix professionnel et d’autres aspects de la vie de certains patients. Freud l’a récriminé pour avoir publié le nom de ces patients. Stekel lui a répondu que ce n’était pas important car il s’agissait de cas inventés.

La mise à l’écart de Stekel

Après cet épisode, Freud a décidé d’exclure Wilhelm Stekel de son cercle, aussi bien professionnel que personnel. Dans une lettre adressée à Carl Jung, il en est même venu à dire que Stekel était un « véritable porc ». Freud lui a demandé de renoncer à la direction de la revue de la Société Psychanalytique mais Stekel a refusé. Le père de la psychanalyse a donc fait en sorte que la majorité de ses collaborateurs s’éloignent de lui, et c’est ainsi que la relation entre les deux a pris fin.

Dans son autobiographie, Wilhelm Stekel affirme que Sigmund Freud lui avait volé plusieurs de ses concepts. En d’autres termes, qu’il l’avait plagié. Il signale que les concepts d’instinct de mort et d’angoisse venaient de lui et que Freud les avait copiés.

À la différence d’autres dissidents de la psychanalyse, Wilhelm Stekel n’a pas essayé de fonder une nouvelle école ou un nouveau courant. Il est resté fidèle aux postulats de base de la psychanalyse freudienne, tout en étant marginalisé de cette dernière. Ses oeuvres ont malgré tout été traduites dans plusieurs langues et ont eu un certain impact. Il s’est marié deux fois, a eu deux enfants et s’est suicidé en 1940.

 

 

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