Le capacitisme est un préjugé négatif à l’égard des personnes handicapées ou ayant une diversité fonctionnelle. Ceux qui adhèrent à ce mode de pensée pensent que chacun doit se conformer aux normes et aux habitudes de la majorité, faute de quoi ils devront être exclus.
Malheureusement, le capacitisme est l’une des formes de discrimination les plus répandues. Beaucoup de gens voient le monde sous cet angle, notamment parce que l’idée d’une société compétitive prévaut, dans laquelle les plus forts l’emportent. Nombreux sont ceux, même, qui ne croient pas que ces idées soient une forme d’exclusion, mais une sorte de « sélection naturelle ».
Les personnes attachées à ce préjugé considèrent le handicap comme une « erreur ». Ils croient que tout ce qui s’écarte de la norme majoritaire ou de la normalité acceptée est un défaut et non une manifestation de la diversité, comme l’est l’ethnicité, le sexe ou les préférences sexuelles. Cette idéologie est un obstacle à la construction de sociétés équitables.
Comme toute idéologie, le capacitisme s’exprime dans le langage. Ce sera un langage qui, d’une part, disqualifiera tous ceux qui vont exercer des activités non standardisées et ceux qui présentent des attributs corporels éloignés de cet idéal d’un corps normatif.
-Mareño Sempertegui-
Le capacitisme et la discrimination
Le capacitisme n’est pas une théorie ou une doctrine, mais une idéologie. Il s’agit d’un système de croyances et de pratiques dans lequel il n’y a qu’une seule façon de comprendre le corps humain et sa relation avec l’environnement. La base de cette idéologie est que certaines capacités ont plus de valeur que d’autres. Et, par conséquent, ceux qui ne les possèdent pas sont inférieurs aux autres.
Les capacités estimées supérieures sont majoritaires ou plutôt celles qui sont valorisées par le marché dans le cadre de la production. Les capacitistes pensent que ces capacités devraient être universelles et que les autres capacités n’ont aucune valeur. En conséquence, ils jugent les autres selon qu’ils possèdent ou non de tels attributs.
Fondamentalement, le capacitisme sépare les individus en deux groupes : ceux qui sont productifs en termes de marché formel et ceux qui ne le sont pas. De ce point de vue, ceux qui ne se conforment pas pleinement au modèle de productivité en vigueur deviennent des personnes indésirables et, en même temps, ne pouvant désirer. Cela génère un immense discrimination.
Comment s’exprime le capacitisme ?
Selon un article publié dans Actas de Coordinación Sociosanitaria, il existe une discrimination multiple, composée et intersectionnelle. La première survient lorsque la personne ajoute plusieurs épisodes de discrimination, dus à divers facteurs qui surviennent à tout moment. La seconde combine les facteurs discriminatoires dans un cas particulier, ce qui crée une difficulté supplémentaire.
La troisième discrimination est celle intersectionnelle, dans laquelle tous les facteurs discriminants agissent simultanément. Par exemple, il survient chez les personnes handicapées qui ont un faible niveau d’éducation, car il leur est difficile d’accéder à une formation académique et, à long terme, cela affecte leur insertion sur le marché du travail. À son tour, cela se traduit par des préjugés sociaux.
Pour sa part, la Revista Argentina de Educación Superior souligne deux expressions courantes du capacitisme au niveau éducatif. Ils parlent de « l’invention de l’élève moyen », en l’assimilant à la notion d’« élève universel ».
Un autre mode d’expression est l’invention du «problème du handicap», en l’associant à l’inclusion dans les salles de classe de groupes de population qui ne les fréquentaient pas auparavant, car classés comme personnes handicapées.
Capacitisme et fonctionnalité
L’un des points les plus discutables du capacitisme est que, dans cette idéologie, le terme capacité est confondu avec fonctionnalité. Dans cet ordre d’idées, la revue Política y Sociedad précise que la capacité fait référence à l’aptitude à réaliser quelque chose ; tandis que la fonctionnalité concerne la possibilité de faire avancer une action, de manière spécifique et utile pour les autres.
Une personne peut avoir la capacité d’écrire de beaux poèmes, mais cela peut ne pas être considéré comme fonctionnel car cela ne rapporte pas d’avantages directs dans une certaine forme de production ou de marché. Ainsi, un poème pourrait remettre en question de telles réalités ou créer de nouvelles sensibilités face à elles. La poésie révèle la vie, mais elle ne rend pas la production plus rapide ou plus efficace.
Actuellement, on parle de personnes ayant des capacités différentes , au lieu de les désigner comme des « personnes handicapées ». Un travail partagé dans Art and Identity Politics commente qu’en raison de leurs limites, les personnes handicapées ont dû récupérer toute leur vie les opportunités que les autres avaient depuis le début. Cela va de la scolarisation et de l’emploi aux loisirs et au divertissement.
Peut-être qu’une personne aveugle, par exemple, n’a pas la possibilité de faire certaines choses. Cependant, et comme en témoignent des milliers d’exemples, il peut tout de même faire beaucoup de choses. Ce qu’il ne peut pas réaliser, c’est d’être égal à l’ouvrier d’une usine ordinaire.
La diversité fonctionnelle : une manière de faire face au capacitisme
La diversité fonctionnelle est un concept qui gagne en force, notamment pour faire face au capacitisme. Le terme a été proposé par l’humaniste Javier Romañach Cabrero, en 2005. Il se définit comme le phénomène par lequel les personnes ont des capacités différentes les uns des autres et présentent même de grandes différences en eux-mêmes tout au long de la vie.
De ce qui précède, il ressort que les capacités ne sont pas une réalité statique et immuable, mais plutôt une sphère dynamique en constante transformation. Ainsi, de même qu’il existe une diversité culturelle et sexuelle, il est également plausible de parler de diversité fonctionnelle. Les sociétés ne doivent pas être uniformes, mais accepter la différence, car elle enrichit.
Ce qui précède est d’autant plus convaincant que les machines remplacent déjà l’homme dans de nombreuses tâches. Cela ne signifie pas que nous deviendrons handicapés face à celles-ci, mais plutôt que nous devons développer de nouvelles capacités face à des appareils qui fonctionnent mieux que plusieurs métiers. Pour cette raison, beaucoup pensent que le capacitisme est une idéologie destinée à disparaître.
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