Vous êtes-vous déjà demandé combien de jeunes meurent par suicide ? Dans le monde, nous parlons de la deuxième cause qui produit le plus de décès chez les jeunes entre 15 et 19 ans. Le fait est que le chiffre, déjà effrayant en soi, continue de croître.
Le suicide était jusqu’à récemment un tabou. Parler de suicide, c’était comme « être un oiseau de mauvais augure ». Heureusement, cela est en train de changer et, par conséquent, des campagnes et des messages sont développés dans le but de sensibiliser à un problème qui tue. Qui tue beaucoup trop.
Il faut agir maintenant et ici : nous sommes tous concernés. En tant que proches, amis, professionnels ou dans le monde de la politique, il est nécessaire de mettre en place des plans de prévention du suicide qui réduisent les taux actuels. Maintenant plus que jamais.
Le rôle des médias
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le comportement suicidaire se définit comme des actes par lesquels des personnes peuvent s’infliger des blessures, indépendamment de l’intention létale ou du degré de connaissance du mobile.
Vous avez sûrement entendu des phrases telles que : « les suicides augmentent parce qu’on en parle beaucoup » ou « lorsqu’on entend parler de suicide dans les informations, l’effet d’appel se produit ». Le fait est qu’il y a toujours eu un débat intense sur le rôle joué par l’information et la censure. Les médias sont-ils des agents qui promeuvent ou protègent contre le suicide ?
Les recherches sur ce fait sont considérables et nous renvoient à deux phénomènes : l’effet Werther et l’effet Papageno.
L’effet Werther
Cet effet tire son nom des écrits narratifs de Goethe, dans lesquels son protagoniste, Werther, se suicide après avoir rompu avec son amant. Lorsque son livre a été publié au XVIIIème siècle, il a été constaté que tandis que les romans de Goethe se vendaient comme des petits pains, les taux de suicide atteignaient des sommets sans précédent.
En ce sens, le fait que la transmission de messages sur le suicide au sein de la population puisse produire un effet d’appel porte le nom d’effet Werther. Les enquêtes les plus récentes (Santonja, 2022) révèlent une partie de ce fait : notre façon de parler et de communiquer en référence au suicide a été associée à une augmentation de 8 à 18 % des suicides après deux mois.
La bonne communication et l’effet Papageno
Il existe des moyens et des façons de communiquer. C’est ce qu’indiquent des recherches qui appuient cet effet reconnu,qui porte le nom d’effet Papageno. Lorsque les médias (portails numériques, canaux de communication, radio, presse, etc.) parlent du suicide avec des informations véridiques et de qualité, ils jouent un rôle protecteur sur la personne aux idées autolytiques.
Cet effet est né en 2010 de la main de Niederkrotenthaler et tire son nom du protagoniste de l’un des opéras les plus célèbres de Mozart : La Flûte enchantée. Son protagoniste a des idées sur le suicide et veut les réaliser mais, finalement, et avec l’aide d’autres personnages qui apparaissent dans La Flûte enchantée, il parvient à résister et à aller mieux.
Médias sains
Les médias et le contenu qu’ils partagent peuvent être des sources extrêmement puissantes de promotion de la santé. À cet égard, les recherches montrent qu’il existe diverses techniques qui peuvent être facilitées par les médias, parmi lesquelles Lucía Santonja (2022) mentionne :
- Raconter les faits avec sincérité et par un professionnel expert sur l’histoire d’une personne qui a réussi à surmonter ses pensées et ses idées suicidaires. À cet égard, ce récit peut être à la fois réel et inventé.
- Mettre en œuvre ce qui précède dans divers formats de communication : vidéo, articles, lectures ou portails web dont les informations ont été supervisées, avalisées et soutenues par des professionnels du domaine de la santé mentale.
Lorsque ces actions sont répétées dans le temps et validées par des experts du domaine, elles sont considérées comme bien établies, efficaces et sûres. Il en est ainsi pour l’ensemble de la population générale.
La prévention du suicide est l’affaire de tous. Le fait de communiquer est un facteur vital, car il peut produire un effet néfaste et provoquer le suicide chez les personnes qui sont au milieu du tourbillon, qui implique de se demander s’il vaut la peine de continuer à vivre.
Heureusement, il y a aussi l’effet inverse, comme l’effet Papageno : si nous parlons de suicide avec rigueur et donnons des exemples de personnes qui ont surmonté des moments vraiment difficiles, nous protégerons beaucoup de gens de la mort. Aujourd’hui plus que jamais, la parole sauve des vies.
Quand le suicide est vu comme une option
Cet article Qu’est-ce que l’effet Papageno ? est apparu en premier sur Nos Pensées.
Comments