Avez-vous vécu une « relation orageuse » ? Qui affronta une relation affective des plus passionnées qui dériva, presque sans savoir comment, sur le précipice de la haine. Il y a aussi des frères dont le lien oscille entre complicité et désaccords marqués. Et que dire de certaines amitiés ?
Il y a des moments où nous détestons nos meilleurs amis jusqu’à l’indicible pour, peu de temps après, sentir qu’ils sont les êtres les plus spéciaux qui habitent la planète. Les individus sont capables de vivre des états émotionnels vraiment complexes, dans lesquels des émotions que nous pourrions apparemment dire contraires ou incompatibles sont présentes.
Est-ce propre à nous ou y a-t-il une défaillance dans notre cerveau ? En fait, de l’amour à la haine, il y a plus qu’un pas. Ce qui existe, c’est une autoroute à deux voies aller-retour. Les émotions les plus puissantes et déterminantes de l’être humain sont aussi les mieux connues des neurosciences. Pour cette raison, nous pouvons fournir des explications intéressantes sur la raison pour laquelle nous éprouvons ce sentiment déconcertant, celui d’aimer et de haïr quelqu’un en même temps.
La littérature et le cinéma nous firent voir que plus l’amour est intense, plus la haine peut l’être. Maintenant, la science soutient cette prémisse.
Amour et haine dans le cerveau : un phénomène émotionnel plus orageux
L’amour peut se transformer en haine en quelques secondes. Presque en moins de temps qu’il n’en faut pour claquer des doigts. Un événement à un certain moment peut tout changer sur le plan émotionnel. Cette étrange alchimie attira toujours l’attention du cinéma, de la télévision et de la littérature. Et, bien sûr, de la science. Il suffit d’avoir un désaccord pour que, instantanément, cette émotion troublante et volcanique qui traîne et obscurcit tout : la haine.
On dit souvent que l’on ne peut haïr celui qu’on aime qu’à l’occasion. L’expression semble très poétique, cependant, la haine et le mépris peuvent également surgir envers des personnes avec lesquelles nous n’avons pas de lien relationnel. Cependant, le ressentiment qui émerge devant une figure proche et qui fait partie de notre vie configure une expérience unique et parfois même dangereuse.
Parfois, la haine peut également conduire à l’agressivité, ce qui est fréquent dans les contextes affectifs et familiaux. Un exemple en est la violence qui survient dans les relations de couple ou dans les liens parents-enfants. Il y a des moments où celui qui nous aime le plus peut-être celui qui nous fait le plus mal.
“Tu sais que quand je te hais c’est parce que je t’aime jusqu’à la passion qui déstabilise mon âme.”
-Julie de Lespinasse-
La région insulaire, territoire de tourments émotionnels
Les progrès des techniques de neuroimagerie nous permirent de comprendre de nombreux mystères du monde des neurosciences. L’amour et la haine dans le cerveau ont été étudiés depuis longtemps grâce à l’imagerie par résonance magnétique. Ainsi, l’un des travaux les plus remarquables est celui réalisé par l’University College de Londres en 2008.
Quelque chose qui pourrait être découvert est que l’insula est cette région du cerveau qui module l’intensité et la valence émotionnelles, c’est-à-dire si cette émotion ressentie est positive ou négative. Une information révélatrice qui a été découverte est la manière dont se produit dans ce domaine ce que nous appelons maintenant «l’effet d’excitation émotionnelle».
C’est un phénomène dans lequel un état émotionnel passe de la positivité (amour) à la négativité (haine) en quelques secondes. L’insula est ce qui nous soumet à ces états d’ambivalence absolue dans lesquels nous alternons entre l’affection la plus intense et le mépris le plus dévastateur…
Quand l’amour et l’agressivité partagent les mêmes régions du cerveau
L’amour et la haine dans le cerveau partagent les mêmes voies et structures cérébrales. Le neurologue Semir Zeki, auteur des travaux susmentionnés, souligne que l’insula elle-même et le putamen s’activent lors de ces deux émotions. Il n’y a pas de différence. Nous faisons l’expérience de tomber amoureux dans les mêmes régions neurales que nous ressentons de la haine, du mépris et de la désaffection pour quelqu’un en particulier.
Il est également important de noter que l’agressivité et les comportements violents peuvent être activés dans ces mêmes zones du putamen et de l’insula. Il n’est pas surprenant que des événements tels que le désir de vengeance et de mal soient traités dans les mêmes structures qui médiatisent l’amour romantique.
Cela explique de nombreux comportements violents dans les relations. Il y a ceux qui, poussés par la jalousie, la haine momentanée ou la désaffection, traduisent cette émotion troublante en agression. Et ils le font malgré le fait qu’ils aiment la personne blessée. Évidemment, de nombreuses autres variables influencent ce types de réactions, comme le contrôle des impulsions ou les modèles éducatifs avec lesquels ils ont grandi.
Vivre l’amour et la haine en même temps génère une grande contradiction et aussi de l’épuisement. Cependant, cette ambivalence émotionnelle a un but, améliorer la conscience de soi.
L’ambivalence émotionnelle a un but
Il peut être troublant que l’amour et la haine dans le cerveau soient comme une autoroute à double sens. Aussi que, chez certaines personnes, c’est peut-être le mécanisme qui déclenche la violence. Cependant, il y a un autre fait qui devrait nous faire réfléchir.
L’ambivalence émotionnelle, comprise comme éprouver deux sentiments contradictoires en même temps, a une fin et un sens. Le Dr Laura Ress, de l’Université du Michigan, indique dans une étude que ce sentiment inconfortable nous pousse vers la conscience de soi. Aussi à l’obligation de porter un jugement, de prendre une décision.
Ce malaise psychologique qui découle de la contradiction de nos émotions montre un mal-être. Il y a quelque chose qui ne va pas bien dans cette relation et, par conséquent, nous devons le résoudre. C’est là que des processus tels que la réflexion et l’intelligence émotionnelle entrent en jeu.
Ainsi, avant de nous laisser emporter par les cris et les désaccords, favorisons le dialogue, réglons nos différends. Que l’amour l’emporte toujours sur la haine.
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