Les variables environnementales qui affectent le bien-être psychologique au travail suivent une tendance. Il y a certaines caractéristiques qui, en excès, ne sont pas préjudiciables au travailleur, tandis que dans d’autres, leur excès ou leur carence le sont. Le modèle des vitamines de Warr nous explique comment les aspects quotidiens du travail influencent la santé mentale.
Comme s’il s’agissait d’un cercle, le bien-être des travailleurs influence directement et indirectement leur comportement, les décisions qu’ils prennent, leurs relations avec leurs collègues et leur productivité. Ainsi, pour Warr, le travail et la santé mentale sont liés de manière bidirectionnelle.
Bien-être psychologique au travail
L’un des processus psychosociaux les plus importants lorsqu’il s’agit d’avoir une meilleure qualité de vie au travail est le bien-être psychologique. Peter Warr distingue deux types de bien-être au travail :
- Le bien-être spécifique au travail, qui fait référence aux sentiments, à la fois positifs et négatifs, que les gens éprouvent à propos d’eux-mêmes par rapport au travail qu’ils font.
- Le bien-être sans contexte est de nature plus large. Il est influencé par tous les sentiments, sans se référer spécifiquement à aucun en particulier.
« Le bien-être au travail implique d’avoir une sécurité personnelle et environnementale, un accès aux biens matériels pour mener une vie digne, une bonne santé et de bonnes relations sociales, qui sont étroitement liés et sous-tendent la liberté de décision et d’action. »
-Sen-
Ces deux types de bien-être au travail font partie de la santé mentale du travailleur. Celle-ci oscille non seulement entre mal-être ou bien-être mais se base aussi sur plus de composantes :
- Compétence. Elle indique dans quelle mesure le travailleur dispose des ressources émotionnelles et cognitives adéquates pour faire face aux pressions et aux exigences découlant de son travail.
- Aspiration. Elle reflète à quel point le travailleur est motivé dans sa tâche, attentif aux nouvelles opportunités qui l’entourent et s’efforce d’atteindre les objectifs qu’il juge importants.
- Interdépendance. Cela fait référence à la mesure dans laquelle le travailleur combine les comportements d’approche et d’évitement du groupe de travail. Les comportements extrêmes d’approche ou d’évitement peuvent entraîner une gêne. Par exemple, éviter les contacts sociaux au travail peut nous amener à développer des comportements d’isolement et à vivre des émotions telles que la solitude, tandis qu’un contact excessif peut générer des symptômes d’anxiété et la perception de ne pas avoir d’intimité.
- Fonctionnement intégré. C’est une composante qui fait référence à la personne dans son ensemble. Elle reprend les interactions qui se produisent entre les quatre autres composantes de la santé mentale au travail.
C’est ainsi que Warr formule son modèle de vitamines, le publiant en 1987 dans son livre Work, Unemployment and Mental Health, qui signifie en français Travail, chômage et santé mentale.
Les vitamines du travail
Pour le modèle des vitamines de Warr, voici ce qui influence l’atteinte de chacun de ces 5 composants : ce qu’il appelle des « aspects déterminants ». Ces aspects déterminants agissent comme le font les vitamines dans le corps humain.
- Opportunités de contrôle. C’est le degré auquel l’environnement de travail offre à l’employé des opportunités d’exercer un contrôle sur les activités et les événements qui s’y déroulent.
- Des opportunités de mettre en pratique nos compétences idiosyncratiques. Cet aspect fait référence au degré auquel l’environnement de travail favorise ou inhibe le développement et l’utilisation des compétences qui rendent le travailleur unique et irremplaçable. Il se rapporte à l’utilisation des connaissances et des compétences qui sont valorisées.
- Objectifs générés en externe. Cet aspect fait référence aux objectifs de travail. C’est un déterminant environnemental de la santé car il est lié à la perception de réussite d’un employé. Par exemple, si nous parvenons à atteindre un objectif de travail, nous nous sentirons efficaces et notre sentiment d’accomplissement augmentera.
- Variété dans les tâches que nous effectuons. Si on a peu de variété, on peut dire que le travail est monotone ; mais si on a une variété excessive de tâches, on parlera de surcharge de travail.
- Avoir des informations claires et pertinentes. Cela fait référence aux feedbacks de nos patrons. C’est le degré auquel nous savons ce que nos patrons attendent de nous, par rapport au travail, et comment ils le valorisent.
- Que ce soit un travail bien rémunéré.
- Que nous ayons des éléments qui priorisent notre sécurité physique.
- L’occasion de relations interpersonnelles. C’est le degré auquel un emploi facilite ou entrave les possibilités de contact interpersonnel. L’existence de contacts sociaux adéquats au travail est importante pour la santé mentale du travailleur car les émotions telles que la solitude vont diminuer.
- Que cela implique une position socialement valorisée.
Toutes ces fonctionnalités agissent différemment, selon la dose. Ainsi, Warr identifie deux grands groupes et les classe en fonction de la manière dont les vitamines agissent dans l’organisme. Nous savons que les carences en vitamines B et C produisent des effets négatifs sur la santé, mais pas les niveaux élevés. Parmi les caractéristiques qui se comportent comme les vitamines B et C, on retrouve par exemple la sécurité physique, les perspectives de carrière, la rémunération ou encore l’encadrement supervisé.
Au contraire, il existe des caractéristiques qui se comportent comme les vitamines A et D. Ces vitamines se caractérisent par le fait que les carences et les excès influencent négativement la santé et le bien-être. On y retrouve des aspects aussi importants que la variété des tâches du poste, le contact avec les collègues ou le nombre d’objectifs.
« La vertu est une disposition volontaire acquise, qui consiste en une moyenne entre deux mauvais extrêmes, l’un par excès et l’autre par défaut. »
-Aristote-
Dans le domaine qui nous concerne ici, nous pouvons conclure que le modèle des vitamines de Warr reprend une grande partie des apports de la psychologie à l’étude du bien-être psychologique au travail, en exposant comment les variables de l’environnement et du lieu de travail impactent la santé mentale des employés.
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