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Est-il normal de se dissocier ? Protection naturelle contre les événements très stressants

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Imaginez qu’en quelques minutes vous perdiez tout, ou quelqu’un d’important pour vous, ou qu’il se passe quelque chose qui échappe à votre contrôle et qui vous affecte directement. Il est difficile de savoir comment nous réagirons dans une telle situation. Une de ces réactions est la dissociation.

La principale fonction de se dissocier est de protéger la personne de l’impact psychologique d’un événement hautement stressant et, par conséquent, de faciliter sa propre survie.

Que veut dire dissocier ?

En psychologie, on peut définir la dissociation comme l’interruption ou la discontinuité lorsque l’on perçoit de manière intégrée (et donc non dissociée) notre :

  • Conscience : comment nous sommes conscients de notre propre existence.
  • Mémoire : comment nous nous souvenons des autres, du monde et de nous-mêmes.
  • Identité : comment nous nous identifions en tant qu’êtres individuels, avec un esprit qui est conscient de lui-même, mais qui se sait aussi être différent des autres.
  • Émotion : comment nous nous sentons, nous-mêmes, les autres et les contextes dans lesquels nous nous trouvons immergés.
  • Perception : est le processus de connaissance du monde extérieur à travers nos sens.
  • La représentation de notre corps.
  • Notre propre contrôle moteur et, par extension, notre propre comportement.

L’altération de ces fonctions peut être :

  • Soudain ou progressif.
  • Temporaire ou chronique.

“Séparer quelque chose de quelque chose d’autre auquel il était attaché.”

– RAE –

Se dissocier est-il un problème de santé ?

Pas toujours. Se dissocier n’est pas nécessairement un phénomène pathologique. Nous parlons de dissociation normative lorsque nous entendons faire référence à des expériences qui impliquent une dissociation, mais qui sont vécues de manière intégrée, plutôt que séparément, et ont pour effet de diminuer l’intensité d’événements de vie puissants et stressants dans lesquels nous pouvons nous retrouver immergés.

Par conséquent, nous sommes tous susceptibles de vivre des épisodes dissociatifs en réponse à ces types de situations stressantes. Regardons quelques exemples :

  • Problèmes de couple : discussions fortes et répétées dans le temps, ruptures, situations de maltraitance et d’abus.
  • Problèmes de santé chez les personnes que nous aimons : cancer, suicide d’un proche, hospitalisations urgentes, disparitions.
  • Accidents.
  • Stress au travail : mobbing, burnout ou syndrome d’être brûlé.
  • Catastrophes naturelles : inondations, tremblements de terre, ouragans, volcans.

Lorsque le volcan Cumbre Vieja sur l’île de Gran Canaria est entré en éruption, il y avait beaucoup d’incertitude, de nombreuses populations ont dû être expulsées en quelques minutes, et de nombreuses personnes ont déclaré se sentir éloignées de leur propre corps, comme si elles étaient des observateurs extérieurs (dépersonnalisation) ou ressenti le monde extérieur comme étrange ou irréel (déréalisation).

Quelques exemples de dissociation normative peuvent être trouvés dans :

  • Rester absorbé par une activité.
  • Rêves.
  • Les automatismes.
  • Phénomènes hypnotiques.

Parfois, nous vivons des événements tellement accablants qu’ils dépassent nos ressources d’adaptation, notre esprit est incapable de traiter les données qu’il reçoit, et pour nous protéger et atténuer la douleur, la dissociation survient : elle nous permet de réduire l’impact émotionnel de la douleur et de la peur”

-Janet-

Un coup de pinceau de preuves empiriques : le phénomène de l’observateur caché

Une partie des preuves empiriques à l’appui de la dissociation normative ou non pathologique se trouve dans le phénomène de «l’observateur caché» (Hilgard, 1997).

Le phénomène de l’observateur caché est une métaphore qui fait référence à la partie de l’esprit qui, sous hypnose, reste non hypnotisée : elle maintient son fonctionnement intact. Cependant, se dissocier de la partie hypnotisée par une barrière amnésique (c’est-à-dire une partie qui ne se souvient pas de l’autre) ne permet pas à la personne d’être consciente du contrôle dont elle dispose, à moins qu’elle ne lui donne les instructions qui lui permettent d’agir.

Comment distinguer la dissociation normative de la dissociation pathologique ?

Surtout, ce qui différencie la pathologie de la normalité, ce sont trois facteurs : la durée, l’intensité et l’interférence qu’elle produit dans les sphères dans lesquelles nous évoluons au quotidien (travail, études et relations interpersonnelles).

Ainsi, lorsqu’elle est chronique, génère de la souffrance et produit une détérioration importante de la personne, de ses relations ou de son environnement, on peut se retrouver face à un problème de santé. Quelques exemples de trouble dissociatif peuvent être trouvés ici :

  • Trouble dissociatif de l’identité (personnalité multiple) : c’est l’existence de plusieurs personnalités ou identités, de sorte qu’une seule d’entre elles se manifeste à chaque fois, de sorte qu’elle prend le contrôle du comportement de la personne de manière récurrente.
  • Amnésie dissociative : c’est l’incapacité à se souvenir d’informations personnelles et biographiques importantes en réponse à des événements stressants, et qui est trop longue dans le temps pour qu’on puisse l’attribuer à un oubli spécifique.
  • Fugue dissociative : consiste en des déplacements fortuits loin de chez soi ou du lieu habituel où l’on vit, en plus de se présenter régulièrement avec l’incapacité de se souvenir de son passé (amnésie), et la possibilité d’assumer une nouvelle identité.
  • Trouble de dépersonnalisation-déréalisation : c’est l’altération de la perception ou de l’expérience de soi, de sorte que la personne se sent séparée d’elle-même, comme si elle était un observateur extérieur de ses propres processus mentaux et de son corps.

Ainsi, nous pouvons comprendre le processus de se dissocier comme une tentative de la personne de conserver un certain type de contrôle et de sécurité face à un événement si puissamment stressant qu’il submerge la personne, bien que paradoxalement, la dissociation normative suppose la perte de contrôle de certaines fonctions psychologiques et physiques. Lorsque cette tentative d’auto-préservation se prolonge dans le temps, le rôle initialement adaptatif et tampon de la dissociation devient inadapté, interférant avec des sphères importantes du fonctionnement quotidien de la personne.

Et vous, vous êtes-vous déjà dissocié ?

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ChMaille

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