Savoir s’excuser n’est pas un art, c’est un principe de responsabilité personnelle. Dans la plupart des situations où l’on retrouve la blessure d’une offense ou la fracture d’une déception soudaine, un « je suis désolé » bref et précipité ne nous est pas d’une grande utilité. Pour résoudre ou, du moins, affronter ces situations, il faut une architecture émotionnelle et engagée, dont tout le monde ne se sert pas.
Comme l’a souligné le poète et artiste William Blake, il est plus facile de pardonner à un ennemi qu’à un ami. C’est une réalité, après tout : celui ou celle qui peut vraiment nous faire du mal en termes d’offenses est la personne la plus proche et surtout, la plus aimée. Dans ces situations, nous avons besoin de bien plus que quelques mots de pardon ; nous exigeons des actes qui nous montrent la réelle volonté de réparer ce qui est cassé.
De même, cette compétence de vie n’est pas quelque chose que nous attendons toujours des autres. Nous avons tous l’obligation de nous habiliter dans ce principe de responsabilité. Cela nous permettra non seulement de regagner la confiance des autres et, d’une certaine manière, cela nous aidera aussi à nous sentir mieux dans notre peau. Parce qu’avec cet exercice, on se libère des fardeaux, on s’engage à changer et on acquiert à son tour un apprentissage remarquable.
Comment s’excuser selon la science
De mauvaises excuses ne résolvent rien mais détériorent aussi davantage la relation. Cela se voit fréquemment sur le territoire du couple. Parfois, l’un des membres de cette relation peut supposer que l’amour pardonne tout et qu’un « pardonne-moi, chéri-e » suffit pour que tout soit oublié. Pourtant, ces déceptions, loin d’être oubliées, infectent la plaie.
Ces dynamiques se produisent également entre amis, au sein de n’importe quelle famille et même dans le milieu du travail. Parfois, nous supposons que s’excuser à voix haute a le pouvoir d’un sortilège. Comme des mots magiques pour faire tomber le grief dans l’oubli et remonter le temps, juste avant que le mal ne soit fait. Si nous assumons cette série d’idées, c’est essentiellement dû à un détail.
En règle générale, la plupart des parents vont rarement au-delà d’une demande de pardon lorsqu’ils apprennent à leurs enfants à s’excuser. Nombreux sont les parents qui ne transmettent pas aux plus petits la valeur d’une bonne intelligence émotionnelle, l’exercice de l’affirmation de soi et la valeur de l’empathie et de l’engagement. Tous sont des nutriments pour la coexistence et des relations heureuses.
D’autre part, il est intéressant de savoir que ce domaine a toujours suscité un grand intérêt pour la communauté scientifique. Ainsi, dans une enquête menée par les psychologues Roy Lewicki (de l’Université de l’Ohio) et Beth Polin (de l’Université de l’Est du Kentucky), il a clairement été indiqué que toutes les excuses n’étaient pas aussi efficaces. De plus, ces chercheurs ont souligné qu’il y avait six éléments essentiels et indispensables pour que ces excuses soient utiles.
Analysons-les.
1. Sincérité dans votre expression émotionnelle
La première clé pour savoir comment s’excuser est de comprendre quelque chose de très simple : si vous ne le ressentez pas, ne le faites pas. Si vous ne regrettez pas ce qui s’est passé, cela se voit réellement. Prétendre le contraire de ce que l’on vit est nettement perçu et ce qui est imposé, au final, fait plus de dégâts. Par conséquent, il est important que nos sentiments et nos émotions soient perçus sans filtres et soient réellement vrais.
2. Expliquez en détail ce qui s’est passé et ce que vous regrettez
Nous l’avons signalé au début : un désolé ne marche pas, un pardon bref et rapide ne change rien. Nous devons énoncer clairement et avec assurance ce qui s’est passé, ce que nous regrettons et ce que nous allons faire pour le résoudre.
Exprimez également ce que vous pensez que votre action a pu causer chez cette personne, montrez votre empathie : je sais que cela t’a fait mal, je sais que c’est quelque chose que tu n’attendais pas de moi et que tu te sens déçu-e…
3. Reconnaissez votre responsabilité
N’allumez pas le ventilateur pour répandre la faute. N’éludez pas votre responsabilité en projetant des sentiments de culpabilité sur l’autre personne.
Tomber dans ces dynamiques est une forme de manipulation et d’agression émotionnelle… Évitez-la et faites preuve de courage, de maturité et de sensibilité pour comprendre que vous et vous seul êtes le déclencheur de la souffrance de cet être proche.
Demandez pardon en supposant que tout ce qui s’est passé est dû à votre comportement.
4. Des excuses ne sont pas un moyen d’obtenir quelque chose en retour
Il y a des personnes qui s’excusent puérilement : si tu me pardonnes ceci, me laisseras-tu faire cela ? Si tu n’es plus en colère, peux-tu me donner une telle chose ?
Ces types de situations se produisent fréquemment, en particulier dans les relations affectives. Le pardon est recherché pour continuer la relation à tout prix mais sans assumer un engagement authentique avec cette personne. Car, au bout de peu de temps, cela peut provoquer une nouvelle blessure…
5. Écouter, ressentir et regarder avec empathie, le secret pour savoir s’excuser
Aucune tentative d’excuse ne sera efficace si on n’applique pas l’exercice de l’empathie. Car pour demander pardon il ne suffit pas de s’excuser, de s’expliquer, d’exposer ce qui s’est passé et ce que l’on a ressenti. En plus de cela, il est conseillé d’écouter l’autre de manière authentique, en étant capable de ressentir ce que l’autre ressent. Sachons écouter avec le cœur et regarder avec affection la personne que nous avons devant nous.
6. Dernière étape : demander pardon
Si nous nous sommes déjà demandé comment nous excuser, il y a une chose d’essentiel que nous devons savoir. Demander pardon est la dernière étape, jamais la première. Ne tombons jamais dans l’inconscience et l’immaturité, par exemple, de le demander via un WhatsApp. Les messages par téléphone ne sont pas des canaux émotionnels pour réparer des blessures, pour soigner des relations et encore moins pour s’excuser.
Le pardon se demande en face-à-face et après avoir exposé ce qui s’est passé, ce que l’on ressent et ce que l’on va faire pour l’améliorer. Ce n’est qu’alors qu’un « pardonne-moi » acquiert valeur et transcendance.
Personne ne sait ce qui peut arriver après ; il est possible que la personne nous refasse confiance et nous donne une nouvelle chance. Mais il est aussi possible qu’elle ne nous pardonne pas. Quoi qu’il en soit, il est approprié et nécessaire de se préparer aux deux possibilités ; de prendre soin de qui l’on aime sans refaire les mêmes erreurs et aussi, de savoir accepter une fin dont on est responsable…
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