Le faux dilemme est une forme de sophisme dans lequel la réalité se réduit à deux options, alors qu’il y en a beaucoup plus. En d’autres termes, il s’agit d’un type de raisonnement erroné qui réduit les alternatives, dans le mauvais sens, à seulement deux. Ceci, bien sûr, conduit à des erreurs de perception et de décision.
Il existe plusieurs types de sophismes et le faux dilemme appartient à une catégorie appelée « sophismes informels ». Ce sont des raisonnements incorrects qui impliquent non seulement la forme, mais aussi le contenu et le contexte. Le fait est qu’il n’est pas possible, en apparence et en langage naturel, de détecter facilement l’erreur. Elles passent donc souvent inaperçues.
L’erreur du faux dilemme peut apparaître dans une myriade de situations. Des discussions quotidiennes aux grandes décisions de l’existence, les affaires, la politique, etc. Le risque de ce types de raisonnements erronés est qu’ils sont généralement très bien camouflés et paraissent très logiques. Comment les identifier ?
« Il n’y a pas de courage sans dilemme ou caractère qui ne se forge par des choix, et ce encore plus que pour les succès.
-Muriel Barbery-
Nous sommes très enclins à tomber dans de faux dilemmes
Il est souvent plus facile de penser en termes de “noir ou blanc” que de prendre en compte les nombreuses nuances qui existent entre deux alternatives, même si elles peuvent sembler incompatibles. De nombreuses personnes se sentent mieux lorsqu’il n’existe que deux options. D’une certaine manière cela simplifie le problème.
Cette petite introduction tend à préciser que nous sommes tous très enclins à tomber dans de faux dilemmes. Soit tu es mon ami, soit tu es mon ennemi, soit vous ne mentez jamais, soit vous êtes un menteur, soit tu m’aimes comme je veux que tu m’aimes, soit tu ne m’aimes pas. La réalité amenée à cette polarité est alors plus digeste.
Le problème est que la réalité est différente. Outre une infinité de nuances dans chaque situation, il est également fréquent qu’il y ait ambiguïté, sans que cela constitue une contradiction en tant que telle. Une personne gentille peut finir par être impolie parfois. Mais cela ne veut pas dire qu’elle est impolie en ce moment.
Il y a aussi des situations qui n’admettent pas de points intermédiaires, soit parce que ce n’est pas possible, soit parce qu’elles peuvent générer une incohérence éthique, par exemple. Soit vous êtes nu, soit vous êtes habillé. Soit vous tolérez les abus, soit vous ne le faites pas. D’autres considérations entrent également en ligne de compte dans de tels cas.
Identifier le faux dilemme
Les racines étymologiques du mot dilemme aident à clarifier le tableau. Ce mot vient du latin dilemma, composé à son tour des racines “di”, ou “deux”, et lemma, ou “prémisse”. Par conséquent, cela devient quelque chose comme « deux prémisses ». Le faux dilemme apparait lorsqu’il n’existe pas seulement deux prémisses, mais bien d’autres, même si nous ne les connaissons pas.
Il existe plusieurs types de faux dilemmes, bien qu’ils correspondent en substance à la même chose :
- Le dilemme falsifié. Il s’agit du faux dilemme typique. Cela se produit alors qu’en réalité il n’y a même pas de vrai dilemme. Par exemple : soit vous croyez au dieu « X », soit vous êtes athée. Entre une alternative et l’autre, il existe plusieurs options.
- Sophisme du tiers exclu. Cela se produit lorsque les options sont au nombre de trois, mais sont artificiellement réduites à deux. Par exemple : soit vous êtes du côté des patrons de l’entreprise, soit vous êtes du côté des ouvriers. La réalité est qu’à certains moments quelqu’un peut être d’un côté et à d’autres de l’autre.
- Fausse dichotomie. Dans ce cas, deux options choisies arbitrairement sont proposées, comme s’il n’y en existait pas d’autre. Par exemple : patrie ou mort. Cela vaut pour certains, tandis que d’autres ne comprennent pas qu’ils doivent choisir entre l’un et l’autre.
- Fausse opposition. Lorsque l’on oppose deux options qui ne sont pas vraiment exclusives. Par exemple : assigner davantage de policiers dans les rues au risque de permettre au crime de gagner. La première n’est pas la seule option pour éviter la seconde.
- Fausse dualité. Dans le cas où il n’y a pas de différence majeure entre deux concepts que l’on tend à considérer comme divergents. Par exemple : si vous aimiez vraiment votre travail, vous ne vous plaindriez jamais. L’amour du travail et se plaindre ne s’excluent pas mutuellement.
- Faux corrélatif. Lorsque nous réunissons deux concepts qui ne sont objectivement pas réellement en lien l’un avec l’autre. Soit vous réparez le miroir que vous avez cassé, soit vous aurez sept ans de malchance.
- Bifurcation. Elle se produit lorsque, de manière artificielle, le même concept ou la même réalité est divisé en deux. Par exemple : celui qui croit en une religion ne peut accepter l’existence des autres. C’est un faux dilemme parce que la croyance personnelle possède le même statut que la croyance d’un autre. Elles sont en effet toutes deux des croyances. De sorte que ni l’une ni l’autre ne prédomine.
Le faux dilemme est un sophisme qui apparaît surtout dans le cadre de débats religieux ou politiques. Il est néanmoins également présent dans la vie quotidienne. La meilleure façon de l’éradiquer est de toujours se demander : existe-t-il une autre option ?
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