Notre esprit est fascinant. Il l’est dans son fonctionnement et aussi dans ses productions. Il est capable de se souvenir d’un événement qui se produisit il y a des décennies et d’oublier ce que nous fîmes deux jours auparavant. Notre esprit peut se fatiguer lorsque nous sommes attentifs, mais cela peut aussi automatiser un processus et nous laisser un espace pour en réaliser un autre en même temps. Il est très doué pour concevoir une équation pour prédire l’avenir. Mais il est aussi esclave de certains vices, comme le fait de ne pas connaître l’importance des connaissances préalables.
Il peut apprendre et désapprendre, s’enthousiasmer et ressentir, gérer des motivations si puissantes qu’elles mettent de côté nos intérêts au profit de ceux des autres. Il est capable de rester actif pendant que nous dormons et presque endormi lorsque que nous avons la sensation d’être éveillé.
Connaissances préalables : ce que nous ne savons généralement pas
Le 15 janvier 2009, le capitaine Chesley “Sully” Sullenberger et le premier officier Jeff Skiles pilotaient le vol US Airways 1549 de l’aéroport LaGuardia à l’aéroport international Charlotte Douglas.
Après trois minutes de vol, à une altitude d’environ 2 800 pieds (environ 850 mètres), l’Airbus A320 heurte une volée d’oies canadiennes, désactivant les deux moteurs. La situation est critique. Les pilotes doivent prendre une décision.
Il y a un besoin d’atterrir. Maintenant, où ? L’aéroport le plus proche est celui de Teterboro. Cependant, les pilotes prennent une décision surprenante et controversée. Atterrir sur la rivière Hudson.
Résulta: aucune victime. Le National Transportation Safety Board ouvre toutefois une enquête sur l’incident. Il effectue différentes simulations pour cela. Ils disent que si les pilotes avaient dirigé l’avion vers Teterboro, ils auraient pu atterrir. Evitant ainsi la dangereuse manœuvre d’atterrissage sur la rivière.
Sully est le film, réalisé et coproduit par Clint Eastwood, qui met un rythme cinématographique à cette histoire. Tom Hanks se met dans la peau du capitaine Chesley “Sully” Sullenberger pour ouvrir la porte sur l’intimité du pilote. Sur l’angoisse de se sentir questionné malgré la voix de l’expérience qui lui dit qu’il a pris la bonne décision.
Il doit néanmoins trouver un moyen de convaincre la commission du National Transportation Safety Board et mettre à mal leurs simulations. Pour ce faire, il analyse l’équation et se rend compte qu’ils avaient oublié d’inclure une variable très importante. Les connaissances préalables.
“Personne ne nous a prévenus, personne n’a dit que nous perdrions les deux moteurs à une altitude inférieure à celle de tout autre jet de l’histoire.”
– Sully
Juger depuis le présent
Sully releva le défi posé par la commission en disant que, dans leurs simulations, ils ne prirent pas en compte le fait qu’ils savaient déjà ce qui allait se passer. Qu’ils avaient des connaissances préalables très précieuses…, alors que, cependant, pour eux, en la situation réelle, il s’agissait d’une circonstance totalement imprévue.
Dans les simulations, en essayant de recréer ce qui se passa, ils oublièrent d’inclure le temps de réaction. C’est-à-dire le nombre de secondes nécessaires pour recueillir des informations sur ce qui se passait et évaluer les alternatives.
Acceptant ce raisonnement, la Commission proposa d’effectuer une nouvelle simulation avec l’inclusion de ce paramètre. Le résultat fut celui de l’écrasement de l’avion contre un immeuble, comptant alors tous ses passagers au nombre des victimes. Ainsi, la technologie finit également par donner raison à “Sully”. Et à enterrer l’ombre de suspicion avec laquelle il dût vivre jusqu’à ce moment-là. Des secondes, des instants, qui séparaient le héros du méchant.
Une fois de plus, la réalité et la fiction nous rappellent notre tendance à juger le passé à partir du présent, avec la connaissance du présent. Une position sans doute injuste pour l’accusé dans ce procès. D’un autre côté, l’omission dont Tom Hanks fut victime d’une manière ou d’une autre, cette prescience, est une erreur commune.
Il y a des années, un professeur qui expliquait comment il calculait le temps pour ses examens. Son plan détaillé ne prenait pas en compte la lecture des questions et la compréhension des problèmes.
Il supposait que les étudiants entraient dans la classe avec l’examen déjà lu et compris. Qu’il leur suffisait de trouver la solution. La réalité est néanmoins très différente. Ses élèves pouvaient connaître la matière, mais pas le sujet d’examen. Comme les pilotes responsables du soi-disant “miracle d’Hudson”, ils pouvaient se retrouver en situation d’alerte ou d’activation, mais inconscients des événements imprévus que cet aimable, mais ignorant professeur, souhaiter mettre en exergue.
Une situation extraordinaire et une autre quotidienne, qui se produisent tous les jours dans les universités, les instituts et les collèges convergent pour ne pas inclure dans l’équation l’absence de connaissances préalables. Ils éludent le fait que traiter une situation complexe prend du temps qu’il convient d’ajouter à celui que nous pouvons estimer pour la résoudre.
Pour les cinéphiles, voici la bande annonce du film :
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