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Ambivalence affective : vouloir et devoir

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Nous souffrons tous d’ambivalence affective à un moment de notre vie, car nous sommes des êtres complexes pleins d’émotions, de sentiments et de contradictions. C’est un état dans lequel il est possible de ressentir à la fois joie et tristesse, ainsi qu’aimer et haïr une personne en même temps.

Avez-vous déjà aimé quelqu’un et éprouvé un énorme ressentiment envers sa façon de vous traiter ? Avez-vous ressenti de la joie de voir un proche et en même temp de la tristesse à cause de son comportement ?

L’ambivalence affective fait partie de la gamme émotionnelle de l’être humain. Dans une juste mesure, l’ambivalence est considérée comme adaptative, car ressentir des émotions opposées nous aide à prendre des décisions sur les doutes que nous éprouvons et à faire face à des situations qui génèrent des conflits.

Toutefois, vivre plein de contradictions et de doutes génère de l’angoisse et de l’inconfort. Qu’est-ce qui nous fait ressentir une ambivalence émotionnelle ? Quelle est l’origine des émotions opposées ? Sommes-nous vraiment conscients des raisons qui nous poussent à ressentir cela ? Les modèles familiaux et notre apprentissage familial nous influencent-ils ?

Ces questions mettent en évidence l’énorme complexité émotionnelle de l’être humain. C’est ce que met en évidence Daniel Goleman dans sa théorie de l’intelligence émotionnelle.

Le concept d’ambivalence

Bleuer a été le premier à adopter ce terme en 1911 pour désigner l’état d’esprit dans lequel coexistent deux émotions opposées, comme l’amour et la haine. L’ambivalence affective désigne un état de conflit d’émotions dans lequel des pensées et/ou des émotions opposées sont ressenties de manière simultanée. C’est un sentiment désagréable.

“L’ambivalence est l’attitude émotionnelle dans laquelle coexistent des impulsions contradictoires, généralement l’amour et la haine, qui dérivent d’une source commune et, par conséquent, sont considérées comme interdépendantes.”

-Bleuler-

D’où vient l’ambivalence affective ?

Nous partons du principe que notre façon de ressentir et de penser est associée à notre connaissance du monde, à la façon dont nous le vivons. Serge Moscovici, dans sa théorie des représentations, explique que notre comportement est régi par un code avec lequel nous classons tout ce qui nous arrive. Nous donnons un sens à tout ce que nous vivons.

De même, selon le courant systémique, la façon dont nous vivons ce qui nous entoure est influencée par un facteur essentiel : la famille. Le système familial nous transmet certaines informations sur le monde et sur la façon de s’y comporter, de manière consciente ou inconsciente.

Nous pouvons ainsi affirmer que notre manière de nous rapporter aux émotions et à nos pensées est fortement liée à deux éléments fondamentaux. D’une part, le système familial et, d’autre part, nos propres croyances basées sur notre propre connaissance de ce qui nous entoure.

Le système familial, un facteur clé

Selon Salvador Minuchin, la famille est un système formé par un réseau de relations qui à leur tour constituent d’autres sous-systèmes. Il est conçu comme un tout différent de la somme de ses parties, qui traverse un cycle de vie au cours duquel il évolue à travers différentes étapes auxquelles le système s’adapte.

Chaque famille implique certaines normes, règles, modèles, limites et hiérarchies qui déterminent son adaptation et sa fonctionnalité. Un modèle est composé de trois domaines : la pensée du monde, l’émotion associée à cette pensée et, enfin, le comportement que nous adoptons à travers les deux domaines précédents.

Par conséquent, l’éducation reçue dans notre système familial transmet intrinsèquement certaines habitudes et croyances auxquelles nous sommes habitués. Elle configure notre développement.

“La famille est le système qui définit et configure le développement de la personne dans une plus large mesure dès sa conception.”

– Bronfenbrenner –

La famille nous définit

Les comportements normalisés varient d’une famille à une autre. Par exemple, dans une famille, le dîner est à une certaine heure avec toute la famille autour d’un même repas ;  dans une autre,  chaque membre dîne à son heure et mange ce qu’il veut. Il vous est très certainement arrivé d’observer des modèles différents des vôtres.

“La famille fonctionne comme un tout, où le comportement de chacun est lié et dépend des autres.”

-Salvador Minuchin-

“Je ne suis pas clair sur ce que je veux et ce qu’ils attendent de moi”

Qu’est-ce que je veux ? Nous nous sommes certainement tous posé cette question à un moment donné. De la même manière, nous nous interrogeons sur ce qu’on attend de nous. Tout au long de notre vie, nous développons notre connaissance du monde et prenons des décisions. Nous décidons, par exemple, de ce que nous voulons être, où vivre, qui aimer.

Le conflit survient lorsque ce que nous voulons contredit les idées préconçues de nos modèles familiaux. Autrement dit, ce que nous pensions être la bonne chose à faire peut ne plus l’être.

Vous avez appris qu’à ce stade vous devez suivre une croyance instillée qui jusqu’à récemment vous appartenait et qui ne vous appartient plus. D’une part, vous pensez que vous devez le faire. De l’autre, une partie de vous dit non et vous vous sentez dans une contradiction continue.

Vivre l'ambivalence affective.

Vivre en contradiction constante

Les contradictions nous paralysent, car elles génèrent un grand inconfort émotionnel. Se sentir ambivalent bouleverse notre équilibre psychologique. L’usure produite est d’une grande ampleur. On se sent bloqué et submergé par ces sentiments. Être constamment indécis nous épuise, affectant notre estime de soi et notre état d’esprit.

La vie est pleine de décisions et il est courant de ressentir de la peur et du stress face à certaines d’entre elles. Quand ce malaise nous envahit, nous nous bloquons.

Que dois-je faire si je suis en état d’ambivalence affective ?

  • Dire STOP. Nous devons nous écouter pour comprendre ce qui nous arrive. Que nous arrive-t-il pour ressentir cela ? Dans quelle situation nous trouvons-nous ?
  • Pensez à l’origine de ces doutes. Penser à l’origine des doutes que nous éprouvons peut être le moyen de les clarifier.
  • Prenez conscience de votre réalité, des meilleures décisions à prendre pour vous. Pesez ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas. Être conscient de ce qui nous arrive est la meilleure façon de définir et d’accepter certaines situations.
  • Gérez vos émotions, essayez de les identifier. Qu’est-ce que je ressens ? Que dois-je faire de ce que je ressens ? Identifiez vos émotions pour les canaliser correctement, car les gérer à tort augmente ce que nous ressentons.
  • Exprimez ce que vous ressentez, cherchez de l’aide dans votre environnement. Dites ce qui vous arrive aux gens autour de vous. Communiquer ce qui nous inquiète pour libérer toute cette angoisse que nous ressentons peut nous aider à effacer toutes les inconnues.

Comme l’a dit Goleman, “chaque émotion nous prédispose d’une manière différente à l’action. Chacune d’elle nous indique une direction qui, dans le passé, nous a permis de résoudre adéquatement les innombrables défis auxquels l’existence humaine a été soumise”. C’est pourquoi même l’ambivalence affective doit être entendue et gérée.

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