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La thérapie cognitive dans le traitement du trouble de la personnalité schizoïde

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Quand nous pensons à un patient atteint de trouble de la personnalité schizoïde, on imagine souvent des personnages tels que «l’ermite du grand-père ermite d’Heidi» ou «ce voisin informaticien geek qui ne quitte jamais sa maison».

En effet, les caractéristiques principales de ce trouble sont le manque d’intérêt pour les relations sociales et de faibles expressions émotionnelle aux cours de celles-ci. C’est un trouble qui commence dès les premiers stades de l’âge adulte. Selon le DSM5, il se manifeste par quatre des symptômes suivants :

  • Tout d’abord, ne pas désirer ni rechercher les relations intimes. Y compris au sein du cercle familial
  • Préférer les activités solitaires
  • Montrer peu ou pas d’intérêt pour les relations sexuelles.
  • Se contenter de peu ou d’aucune d’activité
  • Ne pas avoir d’amis proches ni de confidents au-delà du cercle familial proche
  • Etre indifférent aux compliments ou aux critiques des autres
  • Enfin, être émotionnellement froid. Présenter du détachement et un affect peu développé

Comme on peut le voir, les personnes schizoïdes manifestent donc très peu d’intérêt pour le contact avec les autres (à l’exception peut-être des personnes appartenant au cercle familial le plus proche). Ces personnes passent généralement la plupart de leur temps seules. Elles s’adonnent à des tâches qui n’impliquent pas d’interaction avec les autres.

Leur affect est en outre très limité. Ils semblent souvent lents et léthargiques. Leur façon de parler est également lente et monotone. Si on les interroge sur leurs émotions, il semble que les émotions intenses telles que «le plaisir» ou «la haine» leur soient étrangères.

Leur environnement finit généralement par les ignorer ou par les laisser de côté. Cela implique que le patient perd toute possibilité d’améliorer ses compétences sociales, en grande partie en raison d’un manque de pratique.

Les sous-types du trouble de la personnalité schizoïde

Certains auteurs ont proposé de classer le trouble de la personnalité schizoïde en sous-types. Par exemple, selon Millon et Davis (1996) ces sous-types sont les suivants:

  • Le mécontent : le schizoïde mécontent est un individu dépourvu de passions, insensible, peu affectueux, froid, peu soucieux des autres, sans esprit, difficile à bouger ou imperturbable. Comme son nom l’indique « rien ne le concerne ». Il demeure un glaçon dans toutes les circonstances de sa vie
  • Le distant : le sujet distant est presque impossible d’accès. Il aime rester isolé et seul, sans foyer et sans but. Il s’occupe vaguement de certaines activités qui ne l’intéressent pas beaucoup
  • Le flegmatique : ce sont des personnes très paresseuses dont le niveau d’activité est très bas. Ils sont intrinsèquement léthargique, fatigué et faible. Ils se sentent souvent épuisés et se négligent souvent eux-mêmes. Leur vie est marquée par un manque d’initiative et d’action
  • Le désintéressé : désintéressé des autres et de lui-même. Il se sent en dehors de son propre corps qu’il perçoit un peu comme un objet lointain. Pour lui, l’esprit et le corps sont séparés ou dissociés

Comment se développe ce trouble ?

Le trouble schizoïde se développe à partir d’une combinaison de raisons génétiques et environnementales. En ce qui concerne, leur environnement, ils ont généralement grandi dans des familles où ils se sont senti rejetés ou différents. Ils finissent par se considérer comme «inférieurs» aux autres membres de la famille.

Par conséquent, ils commencent à développer l’idée qu’ils sont différents et étranges. Ils pensent alors que les gens qui les entourent sont tous désagréables ou qu’il vont les rejeter.

Ainsi, ils mettent en place une série de règles de sécurité qui les conduit à un mode de vie solitaire. Cela leur évite, ou du moins en apparence, de devoir faire face aux opinions des autres et à leur rejet. Il leur semble qu’avec cette armure, ils sont libérés des peines que la vie pourrait leur apporter.

La thérapie cognitive pour le traitement du trouble de la personnalité schizoïde, nous indique que les personnes qui souffrent de ce trouble ont en commun certaines croyances. Par exemple, en consultation avec un thérapeute, ils peuvent formuler des phrases telles que: « je suis inadapté », « je suis une nul », « je suis bizarre », « je suis seul » ou « les gens sont cruels »,« les gens me déçoivent ».

Par la suite et sur la base de ces croyances, ils développent toute une série d’hypothèses qui les maintient dans une fausse sécurité. « Si je parle à d’autres personnes, ils remarqueront à quel point je suis bizarre et ils me rejetteront ». « Si on ne s’intègre pas, on ne peut pas avoir d’amis « , etc.

Le rôle de la thérapie cognitive

La relation thérapeutique se déroulant elle-même dans un cadre interpersonnel, il est probable que le sujet atteint de trouble schizoïde éprouve des difficultés à suivre une thérapie. Il est également tout à fait normal d’avoir des doutes quant à la poursuite ou non du traitement.

En fonction du patient, le thérapeute fixe certains objectifs ou d’autres. Il est important que ce soit le patient lui-même et non par le thérapeute qui décide des objectifs et de leur importance.

La thérapie cognitive pour traiter le trouble de la personnalité schizoïde.

En effet, le thérapeute, qui ne souffre pas de problème de relations sociales, peut penser que les objectifs sont peu ambitieux mais pour un patient schizoïde, cela peut représenter un effort maximale en terme de sociabilité. Il faut donc s’adapter au patient et non l’inverse.

Ainsi, la thérapie cognitive dans le traitement du trouble de la personnalité schizoïde va fondamentalement fonctionner sur les croyances et les hypothèses dysfonctionnelles du patient. A travers de techniques telles que le questionnement socratique, la réaffectation verbale ou les expériences comportementales, le thérapeute va essayer de faire comprendre au schizoïde que «le monde hostile» auquel il croit n’est que dans son esprit.

Grâce à la technique de la «métaphore des préjugés de Padesky» (1993), le patient est invité à lister toutes les informations possibles qui contredisent ses croyances. Par exemple, «je ne suis pas normal» ou «je suis bizarre». L’objectif est que la personne voit qu’elle n’est pas 100% bizarre. C’est-à-dire que malgré son trouble, elle se comporte parfois socialement comme les autres.

Pour ce faire, on lui confie un devoir. Le patient doit alors noter tout ce qu’il fait en tant que «personne normale». Par exemple, on pourra lire: j’ai fait du café pour ma mère, j’ai parlé avec un voisin en faisant la queue au supermarché, ou encore je viens en thérapie cognitive.

Un autre objectif que le thérapeute sera amener à atteindre avec son patient lorsque ce dernier le pourra est d’essayer qu’il se fasse des amis. Il peut même s’agir d’amis virtuels. L’idée étant qu’à travers le contact avec d’autres personnes, le patient remette en questions ses hypothèses et ses croyances.

Il est fréquent que ces patients abandonnent la thérapie avant qu’elle ne soit terminée. Il est alors intéressant de lui remettre un rapport de synthèse afin qu’il puisse poursuivre son travail personnel. On y soulignera les points qui lui seront les plus bénéfiques.

 

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L’ Info Psy ::: Psychothérapie – Chantal MAILLE ::: 08/05/2020

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