Selon les termes de Jeffrey Young, les schémas cognitifs font référence à ces structures stables, ancrées et durables qui se développent et s’élaborent tout au long de la vie de l’individu.
En termes plus simples, il s’agit de « notre façon d’être et de nous comporter dans le monde ». Lorsque ces schémas sont dysfonctionnels, nous pouvons constater des comportements inadaptés. Par exemple, la personne est confrontée, tout au long de sa vie à des personnes qui ne lui sont pas bénéfiques. Ou encore la personne peut avoir des comportements toxiques ou destructeurs. En outre, elle peut avoir des réactions disproportionnées. Finalement, de manière générale, la personne se confronte à des problèmes ou à des situations qui ne sont pas souhaitables.
Ces situations non désirées apparaissent assez fréquemment. Cela déclenche alors un schéma dont la personne n’est généralement pas consciente. Généralement, elle se sent perdue parce qu’elle est incapable d’expliquer ce qui lui arrive vraiment.
Ces schémas ont certaines caractéristiques en commun. Selon la thérapie de schéma de J. Young, les caractéristiques principales seraient les suivantes. Tout d’abord, on les considère a priori comme vraies. Les schémas se renouvellent. Ils sont résistants au changement et sont souvent dysfonctionnels. En outre, ils sont généralement générés et activés par des expériences environnementales. Enfin, ils sont aussi caractérisés par un degré d’affect élevé.
En outre, il arrive que des schémas cognitifs soient nourris ou semés à la suite de certaines expériences traumatisantes ou négatives du passé. Ces schémas acquièrent alors un caractère permanent. Et ce, précisément en raison des modèles dont ils se nourrissent.
Un schéma cognitif qui nous précède
Lorsqu’on dit que le schéma cognitif nous précède, que voulons-nous dire par là ? Lorsque nous essayons de réfléchir à la situation à laquelle nous sommes confrontés, l’expérience passée est si profondément enracinée, interne et émotionnelle, que le schéma a déjà marqué le chemin à suivre. Il s’est déjà mis en marche.
Pensez un instant à des situations de votre vie quotidienne dans lesquelles quelque chose se répète. Par exemple une dépendance émotionnelle dans le cadre d’un couple. Ou encore, le fait de faire passer les besoins des autres avant les vôtres. Mais aussi tomber dans certaines addictions… Il peut s’agir de n’importe quel comportement qui vous nuit. Un comportement qui est toujours là, sans que vous ne puissiez vous en débarrasser. Et ce, même s’il vous fait du mal. Est-ce que vous vous y reconnaissez ?
Maintenant, réfléchissez-y un moment. Vous savez que ce n’est pas la bonne voie à suivre. Vous vous rendez compte qu’il y aurait d’autres choix à faire. De plus, après avoir pris une décision, vous vous sentez mal… Mais cependant, vous vous comportez encore de cette manière qui est si toxique pour vous. En effet, quand on commence à se pencher là-dessus, on se rend compte que le schéma est déjà en place. Vous avez en effet à nouveau reproduit le modèle de comportement auquel vous étiez habitué.
Les schémas cognitifs sont profondément émotionnels
De plus, si quelqu’un vous demande pourquoi vous continuez à faire ce que vous faites, vous n’êtes pas en mesure de lui donner une réponse claire. Vous savez que ce n’est pas bien. C’est douloureux et cela vous fait souffrir. Mais il vous est très difficile, voire impossible, d’abandonner ce chemin.
Cela est lié au fait que le schéma cognitif est profondément émotionnel. Cela vient de votre instinct. Il est le résultat de diverses expériences que vous avez vécu pendant votre enfance. Il devient alors comme une bête indomptable. Lorsque vous êtes confronté à cette « situation à risque » et que vous vous en rendez compte, vous ne savez pas comment, mais vous avez déjà perdu le contrôle. Le schéma a déjà fait son travail.
Comment puis-je changer mes schémas cognitifs ?
L’inertie elle-même ne permettra pas de rompre avec ces schémas. Du moins, il est très difficile que ce miracle se produise. Par conséquent, vous allez devoir faire un exercice d’analyse consciente dans lequel la décision et la volonté entrent en jeu.
Cependant, pour nous aider dans ce processus, nous disposons de différentes stratégies et techniques psychologiques. Elles peuvent être cognitives, comportementales ou émotionnelles. Grâce à l’auto-enregistrement, il est pratique de commencer à surveiller les situations qui, d’une certaine manière, vous perturbent émotionnellement. Et pas seulement cela, mais aussi celles qui vous font agir de manière contraire à la façon dont vous le feriez à un niveau conscient.
Prenons l’exemple d’une personne qui souffre de dépendance émotionnelle. Admettons que ses parents n’aient pas été assez présents dans son enfance et qu’elle vive selon le schéma cognitif de « l’abandon ». Par conséquent, au cours de sa vie adulte, elle reproduit ce schéma avec des partenaires qui finissent toujours par l’abandonner.
Il est donc intéressant que la personne comprenne et assimile ce modèle. Il faut le visualiser dans sa vie quotidienne. En outre, restez vigilant sur les situations qui y ressemblent et dans lesquelles cette dépendance émotionnelle est présente, avec tout ce que cela implique. Il faudra par exemple noter tout cela dans un journal de thérapie personnelle. Ainsi, les comportements et les pensées que ces situations ont en commun pourront être analysés. Vous abandonnez souvent vos relations sociales ? Vous trouvez difficile de mettre fin à des relations ? Et ce, même si elles ne vous apportent rien ?
Identifier les points faibles et élaborer des stratégies
Tout d’abord, il faudra identifier les points faibles. Ensuite, vous élaborerez des stratégies pour essayer, dans la mesure du possible, d’éviter que cela ne se produise. En ce sens, briser les schémas, c’est faire face. Non pas par opposition, mais par intelligence, à ce que le schéma nous demande.
Si vous avez du mal à dire non, essayez de ne pas fuir les situations où vous devez vous affirmer. Si vous êtes pris dans des relations toxiques par peur de la solitude. Commencez alors à explorer toutes les choses positives que vous pouvez faire dans cette solitude dont vous avez peur.
Certes, ce sera inconfortable au début. Cependant, vous devez être prêt à en arriver au point où vous pourrez tolérer ce malaise. En effet, vous n’avez pas l’habitude de choisir cette façon de faire car d’habitude vos automatismes vous en empêchent.
D’autre part, nous n’aurons parfois pas d’autre choix que de vivre avec les séquelles de ces schémas pendant de longues périodes. Et ce, malgré tous nos efforts.
Dans ce cas, il vous faudra plus de temps pour changer votre façon d’être dans le monde. Mais vous avancerez tout de même vers cet objectif si vous étendez votre locus de contrôle au-delà de vos schémas cognitifs.
Cet article Pourquoi nos schémas cognitifs nous précèdent-ils toujours ? est apparu en premier sur Nos Pensées.
Comments