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Comment fonctionne le cerveau d’une personne raciste ?

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Le cerveau d’une personne raciste est régi par des préjugés infondés et la sensation de menace face à l’inconnu, face à ce qui est différent. Or, au-delà de ce que l’on peut penser, nombreuses sont les personnes qui se laissent porter par un biais racial inconscient. Ainsi, il suffit parfois d’une situation bien particulière pour voir apparaître des réactions discriminantes chez des personnes de la part desquelles on s’y attendait le moins.

Il y a quelque chose de captivant que nous signalent les experts en psychologie raciale tels que Leslie Zebrowitz et Yi Zhang, de l’Université de Brandeis (Massachusetts). Selon leurs recherches, une bonne partie de la population présente précisément certains de ces biais ou schémas inconscients, mais automatiques. Ceux-là même qui peuvent les mener à penser ou agir de manière raciste dans certaines situations.

Un tel fait est assez inquiétant. De même, cela met aussi en avant un autre aspect non moins intéressant : aujourd’hui, la neuroscience nous offre déjà des outils pour comprendre, voire même identifier le cerveau d’une personne raciste. Si bien que de même que nous le révèle un article de The Guardian, aux Etats-Unis, des chercheurs ont déjà développé une technique basée sur un scanner cérébral qui détecte l’activité dans ces zones cérébrales liées aux préjugés raciaux.

Aussi étonnant que cela puisse nous paraître, il existe des chemins neuronaux qui édifient l’empreinte du racisme. Ce sont des mécanismes érigés sur la base d’une émotion très concrète : la peur. Approfondissons cette question.

Anatomie du cerveau d’une personne raciste

La professeure Jennifer Richeson, neuroscientifique du Dartmouth College dans le New Hampshire, a réalisé une étude intéressante publiée en 2003 dans la revue Nature. Selon ces travaux, on peut identifier le cerveau d’une personne raciste en voyant si certaines zones s’activent en fonction des stimuli qu’on lui présente. Autrement dit, selon la conversation qu’elle tient ainsi qu’avec qui elle la tient.

Ainsi, on a pu observer en interviewant un certain nombre de policiers américains (de race blanche) qu’une partie d’entre eux devaient faire de gros efforts pour être convaincants. Cette concentration pour ne rien dire d’offensant ou de méprisant a activé certaines zones dans leur cerveau. D’un autre côté, les personnes avec un clair biais racial ont aussi montré une plus grande activité dans certaines régions.

Il s’agirait des suivantes :

L’amygdale

L’amygdale est cette petite structure cérébrale extrêmement transcendante pour nos émotions. Grâce à elle, nous asseyons les recours liés à l’aspect émotionnel. C’est la sentinelle de la peur. Une de ses principales responsabilités consiste à interpréter ce qui peut être une menace pour nous, pour ensuite éveiller la sensation de rejet, de mal-être, d’alarme…

Ainsi, on a pu observer comment le cerveau d’une personne raciste active à l’instant cette zone en voyant des personnes d’autres races ou d’autres ethnies.

Le cerveau d'une personne raciste est régi entre autres par la peur

Le cortex préfrontal

D’un point de vue neuroscientifique, les personnes qui ne présentent pas de biais racistes montrent une claire différence par rapport à celles qui en ont. Cette différence réside dans le cortex préfrontal.

  • Ainsi, lorsque l’amygdale s’active en voyant quelque chose de différent (une personne d’une autre ethnie, par exemple), elle se connecte immédiatement au cortex préfrontal, lequel exerce une fonction régulatrice
  • Lorsque s’active le « système de peur », les zones préfrontales se mettent en marche pour analyser la situation. Leur objectif est de penser rationnellement, d’analyser la situation et de dissuader ou de calmer ce système automatique de la peur et du rejet
  • Le contrôle cognitif qu’opère le cortex préfrontal est essentiel pour écarter la pulsion du préjugé. Ce qui n’a pas lieu dans le cerveau d’une personne raciste

Le striatum ventral

Le striatum ventral est une des zones liés au biais racial les plus intéressantes. Il est lié au processus via lequel nous optons pour la conformité sociale. Autrement dit, le fait d’adhérer à ce que dit le groupe, à ce que défend notre famille, nos amis ou une partie de la population active un système de récompense chez nous.

Faire, dire et penser comme la majorité génère de la satisfaction, et c’est le striatum ventral qui nous récompense en libérant de la dopamine et de la sérotonine. Ce mécanisme, en réalité, est un instinct très primitif qui permettait au groupe, dans le passé, de rester uni et de se méfier des autres individus étrangers à cette unité sociale.

Le cerveau d’une personne raciste peut-il réduire son biais et penser autrement ?

Au début de cet article nous citions les chercheuses Leslie Zebrowitz et Yi Zhang, de l’Université de Brandeis. C’est en 2012 qu’elles ont mené à bien un travail complet pour démontrer deux choses : la première, c’est que que le cerveau d’une personne raciste traite sa réalité d’une manière différente que celui de quelqu’un qui ne l’est pas.

La seconde, c’est qu’il existe un moyen de changer cela en tenant compte de la forte plasticité du cerveau. Et la clé réside dans le reflet du rapprochement. Autrement dit, il suffirait d’exposer de manière continue la personne raciste à ces individus qu’elle rejette pour que son biais s’affaiblisse, pour qu’elle évalue ses préjugés et pour que son reflet d’évitement, de peur ou de rejet perde en force.

D’où, sans aucun doute, l’importance de ces modèles éducatifs basés sur la coopération que défendait en son temps le psychologue Elliot Aronson. Couper court au plus tôt à ces réalités nous aidera sans doute à établir des sociétés plus justes et plus respectueuses.

 

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