La psychiatrie biologique, ou biopsychiatrie, est une branche de la psychiatrie qui tente de comprendre les troubles mentaux en se concentrant sur le fonctionnement du système nerveux. Son approche est interdisciplinaire. Elle repose sur des sciences telles que les neurosciences, la psychopharmacologie, la biochimie, la génétique et la physiologie. C’est donc la branche de la médecine qui étudie la fonction biologique du système nerveux dans les troubles mentaux.
La psychiatrie biologique est apparue entre le XVIIIe et le XIXe siècle. Elle surgit avec l’avènement des psychopharmaceutiques vers les années 50 du siècle dernier.
L’école allemande a particulièrement mis l’accent sur la neuroanatomie et l’histopathologie. Au XXe siècle, appelé le siècle de la physique, un progrès considérable a été réalisé, concernant les instruments technologiques. Cela conduit à un grand développement des sciences fondamentales et se traduit par des meilleurs équipements de microscopie, de meilleures techniques d’imagerie, telles que la tomographie par résonance magnétique et la tomographie par émission de positrons, ayant même atteint la nanotechnologie. Cette dernière sera largement utilisée dans le développement de l’Human Brain Project.
“Lorsque nous ne sommes plus en mesure de changer une situation, nous sommes appelés à changer nous-mêmes. »
-Viktor E. Frankl-
Plus sur la psychiatrie biologique
Le développement de la psychiatrie biologique est lié aux progrès de la technologie. Il s’est produit lors de l’identification sérendipique de neurotransmetteurs et de récepteurs intervenant dans les mécanismes d’action des médicaments. Ces derniers ont ensuite été perfectionnés pour produire des blocages ou des activations d’amines biogènes.
Avec l’avènement des psychopharmaceutiques et des théories du déséquilibre biochimique, commence aussi une période de recherche des éléments génétiques liés à ces variables biochimiques. De même, on a ouvert la voie pour que les découvertes dérivées de cette recherche influencent l’évolution des classifications diagnostiques.
Cependant, jusqu’à présent, aucun marqueur biologique fiable n’a été atteint, bien que les techniques d’exploration actuelles commencent apparemment à porter leurs fruits. Par exemple, dans des études sur la biologie de la dépression et les techniques de balayage cérébral, Helen Mayberg a identifié deux circuits d’une grande importance pour la prise de décision. Ces deux circuits sont importants lorsque le psychiatre choisit le type d’approche thérapeutique pour le traitement des patients déprimés.
Selon cette étude, les patients qui présentaient une activité basale en dessous du niveau moyen sur l’insula antérieure, ont bien répondu à la thérapie cognitive. D’autre part, les patients au dessus de la moyenne d’activité ont bien répondu aux antidépresseurs.
Base biologique des troubles psychiatriques
Pour parler de la base biologique des troubles psychiatriques, il faut nécessairement parler de génétique. Nous savons qu’il existe des caractéristiques génétiques qui interviennent dans l’étiopathogénie des maladies mentales (probabilité d’apparition de maladies mentales), mais il n’y a pas encore de gènes identifiés. Malgré ça, il y a des gènes candidats avec un locus probable, mais cela reste une voie sous-développée.
Etude 1
Parlons d’une étude récente du groupe de Marian L. Hamshere. Ils ont rapporté une association génétique entre un trouble de l’hyperactivité avec déficit de l’attention avec schizophrénie et un trouble bipolaire chez l’enfant.
Presque simultanément, un article apparait dans la revue The Lancet qui montre que les 5 troubles psychiatriques débutant dans l’enfance ou à l’âge adulte (trouble déficitaire de l’attention, trouble bipolaire, autisme, dépression et schizophrénie) partagent des facteurs de risque communs.
Les variations dans les gènes de l’activité des canaux calciques semblent être très importantes dans les 5 troubles. Ce fait nous donne l’espoir d’identifier de nouvelles cibles moléculaires pour le développement de médicaments psychothérapeutiques.
Etude 2
Un autre domaine de recherche génétique est orienté vers l’étude de comment les mutations génétiques influencent le développement du cerveau. La plupart des mutations produisent de petites différences dans nos gènes.
Des chercheurs tels que Murdoch et State ont découvert un nombre important de variations copiées du chromosome 7. Une copie supplémentaire d’un segment de ce chromosome augmente considérablement le risque d’autisme, caractérisé par la tendance à l’isolement social. Le plus intéressant est que la perte du même segment entraîne le syndrome de Williams, un trouble caractérisé par une socialisation intense.
Ce segment du chromosome 7 contient approximativement 25 des environ 21 000 gènes du génome humain. Malgré cette petite quantité, une copie supplémentaire ou une copie ne comportant pas ce segment a des effets profonds et radicalement différents sur le comportement social.
Ceci est une preuve supplémentaire de la nature biologique des troubles mentaux. Cela indique à son tour que certaines altérations au niveau mental, telles que la schizophrénie ou la dépression, ont une composante génétique importante.
Les promesses de l’avenir
Les progrès de la psychiatrie biologique sont et continuent d’être liés au développement des technologies. Dans un proche avenir, nous obtiendrions beaucoup d’informations sur le cerveau grâce aux développements en nanotechnologie, en microélectronique et en biologie synthétique.
Les développements qui seront mis à la disposition des neuroscientifiques pour des expériences et des recherches, sont : l’implant de nano-capteurs, de fibres optiques sans fil et de cellules vivantes génétiquement conçues pour pénétrer dans les tissus cérébraux et communiquer quoi, quand et comment les neurones répondent à différents stimuli. C’est l’essence du projet international appelé Human Brain. Semblable au Génome Humain qui a tant contribué au domaine de la science en général. Et de la génétique en particulier.
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