Si vous avez grandi dans les années 90, il y a probablement eu un moment dans votre enfance où vous avez ressenti une grande fascination pour les dinosaures. C’était l’époque de la dinosauromanie, une mode qui s’est répandue chez les enfants. Elle s’est développée grâce à la sortie de la saga Jurassic Park.
Le premier film, réalisé par Steven Spielberg, est sorti sur les écrans en 1993. Il s’est appuyé sur le roman homonyme de Michael Crichton. Des millions de dollars ont été nécessaires pour le réaliser. Cela en a fait l’un des films les plus chers de l’histoire. L’accueil du public a été extraordinaire. Jurassic Park est devenu le film entraînant le plus de recettes dans l’histoire du cinéma (jusqu’en 1997, où il a été détrôné par Titanic).
Entre succès et fascination
Quelle est la véritable clé de ce succès? En plus de la fantastique campagne marketing qui a été menée, Jurassic Park est apparu à un moment véritablement propice. Les effets spéciaux des années 70 et 80, même s’ils surprenaient beaucoup, étaient encore assez rudimentaires. Les nouvelles technologies qui ont commencé à émerger avant l’ère d’Internet ont permis à Jurassic Park de présenter des effets encore jamais vus.
Nous, les enfants, ressentions une grande fascination pour ces étranges animaux disparus. Ils paraissaient si réels qu’ils sont restés gravés dans nos mémoires. Malgré leurs noms difficiles à retenir, nous savions tous ce qu’était un Velociraptor, un Triceratops et, bien entendu, un Tyrannosaurus rex. Nous pouvions faire la différence entre les carnivores et les herbivores. Nous connaissions aussi une infinité de données sur des animaux que nous verrions jamais en-dehors d’un écran de cinéma.
D’autres épisodes ont suivi après le succès de ce film et la fascination qu’il a éveillée chez le public. Ils ont plus ou moins fonctionné. Des adaptations destinées à un public plus jeune ont aussi été faites, comme Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles de Steven Spielberg.
Les dinosaures ont marqué les années 90. Nous avons grandi avec eux. Cependant, peu de temps après, avec l’arrivée du nouveau siècle, cette fièvre semble avoir disparu. Jusqu’à ce qu’un quatrième épisode de la saga, Jurassic World, sorte en 2015. Le succès n’a pas été celui du premier épisode, mais il a à nouveau éveillé la curiosité des enfants (aujourd’hui adolescents et jeunes adultes). Les dinosaures ont encore une fois rempli les salles de cinéma.
Récemment, un nouveau film de cette ère de dinosaures est sorti. En le voyant avec nos yeux d’adultes, nous nous rendons compte que la saga Jurassic Park représente beaucoup plus que des rugissements et de la science-fiction.
Jurassic Park, des questions éthiques
Une autre clé du succès de Jurassic Park est sans aucun doute le moment scientifique vécu à l’époque. N’oublions pas que les années 90 ont été celles du mouton Dolly. Les nouvelles nous parlaient de possibles progrès qui, jusqu’alors, nous semblaient impossibles. C’est pour cela que l’idée qu’un moustique fossilisé soit extrait du sang d’un dinosaure et puisse parvenir à le cloner a pu nous sembler aussi plausible que fascinante.
À cette époque, nous ne savions pas encore que les dinosaures avaient des plumes. Nous ignorions aussi que le terrible Tyrannosaurus rex ne rugissait pas. Il émettait un son ressemblant à celui d’un oiseau (ses plus proches parents). Cependant, beaucoup de scientifiques ont collaboré pour que l’image de ces dinosaures soit la plus réelle possible.
La trame du film
Ce premier épisode nous présente un multimillionnaire qui décide de construire un parc très particulier à Isla Nublar. Son équipe de scientifiques a « ressucité » des dinosaures en combinant les restes d’ADN trouvés sur les moustiques à de l’ADN de grenouilles pour combler les manques. Le propriétaire du parc décide d’engager le paléontologue Alan Grant et la paléobotaniste Ellie Sattler pour faire partie du comité d’évaluation.
Ces deux experts sont fascinés en découvrant les dinosaures: ils ont passé toute leur vie à les étudier. Cependant, dès le début, nous voyons qu’ils remettent en doute certaines décisions, tout comme la morale du parc. Les espèces créées sont toutes des femelles pour éviter leur reproduction et pouvoir contrôler la population de dinosaures. Or, l’ADN de certaines des grenouilles utilisées vient d’une espèce qui, une fois dans un environnement unisexuel, est capable de changer son sexe.
Ces dinosaures parviennent à se reproduire comme les grenouilles. Ils démontrent ainsi que la vie trouve toujours une façon d’émerger. La lutte pour la survie est présente chez n’importe quelle espèce et s’adaptera aux changements selon la théorie de l’évolution. Le film nous fait donc réfléchir à l’éternel dilemme de la science, au fait de vouloir « jouer à Dieu ». Il nous pousse à nous demander une chose très importante. Les humains ont-ils réellement le droit de décider de la vie des autres espèces ?
Le rôle des hommes
Tout au long de l’histoire, nous avons vu comment une infinité d’animaux avait disparu de la planète à cause de l’intervention et des caprices des hommes. Les dinosaures, eux, se sont éteints parce que la nature l’a décidé. Les hommes ne sont pas intervenus. Pourquoi les ressusciter? Faire revivre une espèce disparue a-t-il un sens? Ou n’est-ce qu’un autre caprice de l’homme ?
Malgré son caractère fantastique, Jurassic Park se rapproche énormément de notre réalité. Il nous propose un discours éthique sur nos propres actes, sur l’espécisme que nous vivons au quotidien. Nous nous croyons capables de décider de la vie des animaux, de leur reproduction, de leur alimentation. Nous leur assignons même un rôle pour qu’ils soient à notre service. Ainsi, le porc est de la nourriture, les renards sont des manteaux, les chiens sont des amis et les singes sont un divertissement.
Jurassic Park, le commerce
Les derniers épisodes de la saga ont à nouveau éveillé notre curiosité. Or, à présent, nous voulons nous pencher sur le véritable message délivré par le film. Dans Jurassic World (2015), nous voyons que les dinosaures vivent encore sur Isla Nublar. Cet endroit est devenu un parc à thèmes avec une technologie digne de notre époque.
Ce parc expose ses animaux comme s’il s’agissait d’un zoo. Tout est fait pour satisfaire la curiosité humaine et pour que quelques personnes en tirent profit. N’importe quel parc à thèmes souhaitant attirer du monde doit innover, créer de nouvelles attractions… Alors, pourquoi ne pas essayer de muter un dinosaure pour voir naître l’espèce la plus dangereuse au monde? Cette espèce, c’est celle de l’Indominus rex. Un nom alléchant pour que les visiteurs décident de passer un week-end d’aventures à Isla Nublar.
L’éthique dans Jurassic Park
Tout comme dans les films précédents, ce commerce fera oublier aux gens que ceux qui résident dans ce parc sont des êtres vivants. Des êtres qui ne doivent pas être exposés au public comme de vulgaires attractions. Tout ce jeu aura des conséquences catastrophiques, comme dans les épisodes antérieurs. Celles-ci nous feront songer une nouvelle fois aux limites de la science. Et, surtout, à notre propre conscience éthique vis-à-vis des autres espèces.
Dans le dernier épisode, Jurassic World: le royaume déchu (2018), cet argument prend un autre tournant. L’île a été abandonnée mais les dinosaures continuent à y vivre. Un volcan en éruption menace l’existence de ces espèces et deux courants de pensée surgiront. D’un côté, nous trouverons ceux qui pensent que la nature corrige l’erreur qui a été faite en les clonant. De l’autre, nous avons ceux qui croient que nous devons empêcher leur extinction. Justement parce qu’ils sont revenus à la vie.
Ce débat moral nous fait constamment penser à la vie dans les zoos, aux abus commis sur les espèces non humaines, à l’égoïsme et à l’idée de supériorité humaine. Nous n’avions pas vu cette critique lorsque nous étions enfants mais, aujourd’hui, nous remercions ces films de nous l’avoir livrée.
Sommes-nous réellement conscients de notre impact sur la nature, que ce soit sur l’environnement ou les autres espèces? À partir d’un univers fantastique, Jurassic Park remet en cause de nombreux actes quotidiens. Il nous invite à penser que si nous voulons une meilleure planète, nous devrions réfléchir à la façon dont nous traitons les espèces qui y vivent.
« La clé d’une vie heureuse est d’accepter que nous n’avons jamais le contrôle. »
-Jurassic Park-
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