Qu’est-ce que l’écoféminisme ?

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L’écoféminisme est une philosophie et une pratique féministe qui naît de la proximité entre les femmes et la nature. Et également de la conviction que notre système «s’est constitué, s’est construit et se maintient à travers la subordination des femmes, de la colonisation des peuples « étrangers » et de la nature». 

Cette approche se charge de remettre en questions des aspects de base de notre société. L’écoféminisme considère que le capitalisme et le patriarcat vont de pair. Tous deux oppriment les femmes et la nature.

Pour le dire d’une autre façon, l’écoféminisme essaye de montrer que la subordination des femmes par les hommes et l’exploitation de la nature sont liées. Et le capitalisme patriarcal en est responsable.

Un monde divisé en deux

Le modèle occidental -ou une bonne partie de ce modèle- s’est construit sur l’idée de domination de l’homme sur la femme et de l’homme sur la nature. Cette division est née avant l’étape de la modernité, mais c’est à partir de cette période qu’elle s’est vraiment établie.

Les dichotomies établies présentent un caractère hiérarchique. Dans chaque paire d’opposés, l’une des positions est perçue comme hiérarchiquement supérieure à l’autre. La culture dépasse la nature, l’esprit est supérieur au corps et la raison se retrouve au-dessus des émotions.

Enfin, le terme considéré comme supérieur acquiert le degré d’universalité et se transforme en la représentation d’un tout. L’autre terme de la paire, l’inférieur, devient tout simplement l’absence ou la carence du terme absolu et, au final, disparaît peu à peu.

La pensée féministe nous avertit à propos de la façon dont ces paires s’associent l’une à l’autre. Elles sont assignées à chacun des sexes. D’un côté, nous retrouvons l’homme, auquel on assigne des valeurs comme la culture, l’esprit et la raison et, de l’autre, la femme, perçue comme étant essentiellement liée à la nature et au corps. On la considère également comme « soumise » à ses propres émotions (Amorós, 1991).

Les origines de l’écoféminisme

Le lien théorique entre écologisme et féminisme remonte aux années 1970. C’est dans le livre Le Féminisme ou la mort de Françoise d’Eaubonne que ce terme apparaît pour la première fois.

Au cours de cette même décennie, plusieurs manifestations de femmes ont lieu. L’une des plus emblématiques a été le mouvement Chipko. Lors de ce dernier, un groupe de femmes s’est collé aux arbres des forêts de Garhwal dans l’Himalaya indien, en les entourant de leurs bras. Elles ont réussi à les défendre des pratiques forestières d’une entreprise privée.

Quelques années plus tard, en Argentine, un groupe de 14 femmes dont les enfants avaient disparu s’est organisé. On les appelait les Mères de la place de Mai (Madres de la Plaza de Mayo). Elles ont suivi un rituel de résistance d’une semaine, basé sur le rôle que l’idéologie patriarcale avait assigné aux femmes.

Les premières écoféministes, elles, ont dénoncé les effets de la technoscience sur la santé des femmes. Elles ont aussi fait face au militarisme, à la nucléarisation et à la crise environnementale. Ces femmes interprétaient ces faits comme des manifestations d’une culture sexiste. L’une des figures phares de ce mouvement est Petra Kelly.

D’autres écoféminismes considèrent que la division sexuelle du travail et la distribution du pouvoir et de la propriété ont soumis les femmes et le milieu naturel dont nous faisons partie.

écoféminisme

Ecoféminisme ou écoféminismes

L’écoféminisme s’est constitué en tant que courant de pensée et mouvement social qui explore les rencontres et les synergies entre l’écologisme et le féminisme. Selon Yayo Herrero, cette discipline cherche à aborder la problématique des relations entre les personnes et avec la nature en s’appuyant sur des visions très différentes. C’est pour cela que l’on pourrait parler d’écoféminismes.

Même s’il en existe plusieurs, tous les écoféminismes semblent développer une critique du modèle social, économique et culturel. Tous proposent une réalité distincte. L’idée des écoféminismes est de donner une visibilité à des éléments, des pratiques et des sujets qui ont été désignés comme « inférieurs » par la pensée hégémonique.

Pour simplifier, nous pourrions parler de deux courants d’écoféminisme: les écoféminismes spiritualistes et les écoféminismes constructivistes.

  • Les écoféminismes spiritualistes identifient un lien essentiel et naturel entre la femme et la nature.
  • Les écoféminismes constructivistes pensent que la relation étroite qui existe entre les femmes et la nature est une construction sociale.

Ainsi, l’écoféminisme est certain d’une chose: un changement culturel est nécessaire, et il doit se faire rapidement. Nous avons pour responsabilité de changer le cours du monde.

 

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