Le pensée divergente chez les enfants est un don exceptionnel et naturel (personne ne leur a encore dit ce qui est normal et, de ce fait, ce qui ne l’est pas). Leur esprit ouvert est plein de possibilités, de raisonnements inhabituels, originaux et toujours idiosyncrasiques. Cependant, ce potentiel créatif a parfois tendance à s’éteindre à mesure que les enfants grandissent. D’autre part, le système éducatif tend à normaliser la façon de penser de ses élèves et à unifier les perspectives.
Nous savons tous, qu’oser raisonner différemment peut être dangereux. Galilée, par exemple, l’a compris à ses dépends à cause de ses idées. Il a dû finir sa vie confiné dans sa maison à Florence. Les esprits ouverts sont ceux qui défient le monde, sans aucun doute, mais ce sont aussi eux qui l’aident à aller de l’avant.
Evidemment, les temps ont changé. Cependant, il existe d’autres types de situations. Comme le souligne Sir Ken Robinson, un expert reconnu en éducation, les écoles d’aujourd’hui « tuent » la créativité des enfants.
Selon lui, nos écoles fondent leurs modèles curriculaires sur les systèmes du XIXe siècle. À une époque où l’industrialisation de la société a fait en sorte que certaines capacités aient plus de valeur que d’autres. La promotion de l’innovation, de la créativité ou de la pensée critique était (et est souvent) inhabituelle lorsqu’existe une hiérarchie des sujets et des compétences très rigides à assumer.
On oublie que les enfants viennent au monde « dotés » de talents extraordinaires. Nous négligeons le potentiel de leur pensée divergente, ce muscle psychique extraordinaire. Muscle que nous affaiblissons parfois en les éduquant exclusivement à la pensée convergente.
« Ce n’est pas ce que tu regardes qui compte, c’est ce que tu vois. »
-Henry David Thoreau-
Pensée divergente chez les enfants
Henry David Thoreau était sans aucun doute l’un des philosophes les plus révolutionnaires. Ses idées inhabituelles sur la liberté et la responsabilité ont fait de lui l’une de ces figures toujours portées par une pensée clairement divergente. Retourner de temps en temps à ses textes est sans doute un moyen de trouver l’inspiration en de multiples sens.
Il nous a appris que la vie est une toile pour l’imagination. Il nous a aussi fait voir qu’il y a des gens qui naissent avec une musique différente en eux. Et qu’il faut, toutefois, les laisser être. Selon lui, la liberté conduit à la réalisation de soi. C’est presque la même chose avec les enfants. Cependant, nous ne sommes pas toujours capables de comprendre cette mélodie magique. Il faut souligner qu’il nous est parfois impossible de discerner l’incroyable potentiel qui se cache en chaque enfant.
Par exemple, le Dr Len Brzozowski, un des experts du domaine, souligne quelque chose d’intéressant qu’il a découvert lorsqu’il a mené une étude avec les psychologues George Land et Beth Jarman. Les données de ce travail ont été publiées dans le livre Break Point and Beyond : Mastering the Future Today.
La pensée divergente chez les enfants de 5 ans ressemble grandement à la pensée d’un adulte ayant des capacités intellectuelles élevées. Ainsi, lorsqu’on demande aux enfants de cet âge combien d’usages comptent une tasse, un crayon ou une chaussure, ils peuvent donner jusqu’à 100 réponses (valables). A titre de comparaison, un adulte donne habituellement une moyenne de 10-12 réponses.
Cependant, si on fait passer le même test de pensée divergente à un enfant de 10 ans, on pourra se rendre compte que ce potentiel est réduit (de 60% en moyenne).
Les enfants d’âge préscolaire sont de vrais genies
La pensée divergente chez les enfants de 4 à 6 ans présente des scores étonnants. Il faut se référer ici à ce que nous dit Álvaro Pascual-Leone, professeur de neurologie à la Harvard Medical School. Tout au long de la petite enfance, se produit dans le cerveau « l’élagage synaptique ».
Il s’agit là d’une période marquée par la sensibilité du système nerveux, qui a une taille programmée ne pouvant être modifiée que par l’expérience. S’il n’y a pas de stimuli adéquats, avec le temps, cette taille cellulaire limitera une grande partie du potentiel d’apprentissage de l’enfant.
Il ne s’agit pas non plus d’avoir « beaucoup de connexions neurales », car le cerveau est alors soumis à un excès de « bruit » (ce qui arrive dans les troubles du spectre autistique). L’essentiel est d’optimiser cette taille avec l’apprentissage et la stimulation les plus appropriés, les plus optimaux. Surtout entre 4 et 6 ans, où les enfants disposent de tout leur potentiel.
Comment pouvons-nous protéger et renforcer la pensée divergente chez les enfants ?
La pensée divergente chez les enfants nécessite des besoins d’apprentissage particuliers. Ceux-ci doivent être satisfaits pour que l’apprentissage soit efficace. En effet, les enfants :
- Ont besoin d’un apprentissage par immersion : ils doivent expérimenter, sentir, toucher… Ils doivent le faire en groupe avec leurs pairs mais aussi seuls, pour encourager le travail autonome (et leur propre espace de créativité)
- Doivent travailler sur l’apprentissage , où il n’y a pas (dans la mesure du possible) une seule réponse valable. La pensée divergente peut générer de multiples options pour le même défi. Le fait que les idées des enfants soient souvent sanctionnées et étiquetées comme « mauvaises » ou « fausses » conduira à la démotivation
- Doivent se sentir validés sur le plan émotionnel : sentir qu’ils sont acceptés, respectés, valorisés et aimés les aidera à se sentir libres. Ils seront envahis par ce sentiment de liberté. La liberté d’explorer, de découvrir de nouveaux intérêts, d’évoquer des réponses, des idées et des raisonnements en sachant qu’ils ne seront pas critiqués.
Enfin, il convient de noter que la promotion et la protection de la pensée divergente n’implique pas l’élimination complète de la pensée convergente. Loin de là. En réalité, il s’agit d’harmoniser les deux dimensions. Parfois, il y a des problèmes qui nécessitent une solution unique. Les enfants doivent aussi comprendre ces types de situations.
Soyons donc capables de prendre en charge et d’optimiser ces réalités. Souvenons-nous de la phrase bien connue d’Albert Einstein : « Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide ».
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