Nous vous présentons ici les différents types de schizophrénie définis par Crow, un psychiatre anglais né en 1938 et qui, en 1980, a distingué deux variantes de ce trouble à la suite de ses recherches. Sa classification est importante, car elle met en relation les différents facteurs du modèle médical (syndrome, évolution, étiologie, traitement, pronostic…).
La schizophrénie est un trouble du spectre psychotique caractérisé par des symptômes positifs (hallucinations, délires, désorganisation de la pensée), des symptômes négatifs (apathie, apathie, anhédonie) et des symptômes cognitifs (les troubles attentionnels). Il s’agit d’un trouble chronique très handicapant.
Timothy Crow a d’abord distingué la schizophrénie de type I (positive) et la schizophrénie de type II (négative). Cependant, sept ans plus tard (1987), il a reformulé sa classification, considérant que tous les cas ne correspondaient pas à sa classification dichotomique, y compris les types mixtes de schizophrénie.
Bien que le modèle catégorique de T. Crow soit actuellement en désuétude, sa proposition était très intéressante. À ce jour, il existe encore des professionnels qui le trouvent utile (au niveau pratique et académique).
De plus, sa classification nous permet d’en savoir plus sur la réalité de ce trouble. Mais quels sont les deux types de schizophrénie de Crow ? Quelle est la différence entre eux ? On vous l’explique !
“La schizophrénie est le prix que l’ homo sapiens a dû payer pour l’acquisition du langage.”
-Timothy Crow-
Les deux types de schizophrénie de Crow
Comme nous l’avons vu, il existe deux types de schizophrénie de Crow : le type I (positif) et le type II (négatif). Bien qu’aujourd’hui cette classification ne soit pas utilisée, ni ne se reflète dans les manuels de référence sur la santé mentale (DSM-5 et CIM-10), la classification de Crow était la principale référence à l’époque.
Sans plus tarder, plongeons-nous dans les types de schizophrénie proposés par ce psychiatre. Voyons en quoi ils diffèrent.
La schizophrénie de type I (positive)
Elle reçoit ce nom parce que les symptômes positifs prédominent. À savoir les hallucinations, les délires, les troubles de la pensée positive (par exemple, désorganisation) et un comportement désorganisé. L’auteur assimile ce type de schizophrénie au sous-type paranoïde, que l’on retrouve dans le DSM-IV-TR, mais plus dans le DSM-5.
L’ajustement prémorbide
L’ajustement prémorbide du patient est bon. Autrement dit, le patient est plus ou moins adapté avant l’apparition des premiers symptômes du trouble.
Début, cours et prévisions
L’apparition de la schizophrénie de type I est aiguë, contrairement à celle de la schizophrénie de type II, qui est insidieuse. Cela signifie que les symptômes apparaissent brusquement. Son cours est aigu, avec des pousses et des rémissions. Dans la schizophrénie II, l’évolution est chronique et défectueuse.
Le pronostic de la schizophrénie de type I est réversible, ce qui n’est pas le cas de celle du type II. Cela est dû, en grande partie, à la bonne réponse aux neuroleptiques que présentent les personnes atteintes de schizophrénie I.
La détérioration neuropsychologique
Il n’y a pas de détérioration neuropsychologique. Nous nous référons ici à d’éventuels déficits ou altérations des processus cognitifs.
Des symptômes cognitifs (troubles cognitifs) apparaissent chez certaines personnes avec un diagnostic de schizophrénie, comme le suggère une étude de Barrera et al. (2006). Selon l’étude, certains des aspects les plus touchés sont : la mémoire déclarative, les fonctions exécutives et une attention soutenue.
Le processus pathologique
Au niveau pathologique, dans la schizophrénie de type I, une série d’altérations neurochimiques se produisent. Spécifiquement, selon Crow, il y a une augmentation des récepteurs de la dopamine D2.
Rappelons ici que la dopamine est un neurotransmetteur fortement impliqué dans la schizophrénie. Dans le cas de la schizophrénie de type II, comme nous le verrons, les altérations qui se produisent sont structurelles.
La schizophrénie de type II (négatif)
La schizophrénie de Crow de type II ou négatif ressemble au sous-type désorganisé de la schizophrénie (DSM-IV-TR). Cela est dû aux symptômes et aux caractéristiques de ce sous-type. Ainsi, les symptômes de la schizophrénie de type II sont négatifs et comprennent un aplatissement affectif, un langage médiocre et une perte d’impulsion.
L’ajustement prémorbide
Contrairement à celle de type I, dans la schizophrénie de type II, l’ajustement prémorbide est mauvais. C’est-à-dire que le patient présentait déjà un fonctionnement altéré avant de présenter les symptômes du trouble.
Début, cours et prévisions
L’apparition de la schizophrénie de type II est insidieuse, c’est-à-dire que les symptômes apparaissent progressivement. L’évolution est chronique et défectueuse, et le pronostic est irréversible. Comme nous l’avons vu précédemment, la réponse aux neuroleptiques dans la schizophrénie de type II est faible (mauvaise).
La détérioration neuropsychologique
Ici, on observe une détérioration neuropsychologique. L’individu affecté peut présenter des déficits ou des altérations dans la zone cognitive. Cette zone comprend la mémoire, l’attention, les fonctions exécutives…
Le processus pathologique
Au niveau du cerveau, on observe une altération structurelle. Il en résulte une perte cellulaire dans les structures du lobe temporal et du gyrus parahippocampique.
Les deux types de schizophrénie de Crow : une brève radiographie
Nous pourrions dire à propos des types de schizophrénie de Crow, que la schizophrénie de type I a le meilleur pronostic. Et ce, car elle est réversible et la réponse aux neuroleptiques est adéquate.
En ce qui concerne les symptômes, les symptômes de type I sont positifs et les symptômes de type II sont négatifs. La présentation du type I est évidente et son évolution est aiguë, contrairement au type II où l’apparition des symptômes est plus subtile et dont l’évolution est chronique.
À ce jour, il est vrai que la présentation du trouble peut être plus ou moins similaire à l’un de ces deux types. Cependant, il semble toujours risqué d’essayer de “faire entrer” les patients dans un groupe spécifique. Nous savons que chaque personne a ses propres particularités (et plus encore en santé mentale).
Autres classifications que celle de Crow
Timothy Crow n’a pas été le seul auteur à avoir cherché à classer et à regrouper les différents types de schizophrénie. Avant lui, on retrouve le psychiatre allemand Emil Kraepelin (1856-1926) et le psychiatre suisse Eugen Bleuler (1857-1939).
Pour sa part, Kraepelin a distingué les types de schizophrénie suivants : paranoïde, catatonique et hébéphrénique (désorganisée). Bleuler a fait la même classification que son collègue, mais a ajouté un autre sous-type : la schizophrénie simple.
Eugen Bleuler, le père de l’étude de la schizophrénie
Cet article Les deux types de schizophrénie définis par Crow est apparu en premier sur Nos Pensées.
Comments