La thérapie de Fairbum est une intervention psychologique spécialement conçue pour le traitement de la boulimie nerveuse. La boulimie nerveuse est un trouble du comportement alimentaire. Elle se caractérise par des épisodes fréquents d’hyperphagie au cours desquels la personne perd le contrôle.
Ces crises sont suivies de conduites compensatoires. En général, il s’agit de vomissements provoqués ou d’une prise de laxatifs. Ces conduites surviennent comme réponse à l’immense anxiété que la personne boulimique ressent après un épisode d’hyperphagie. Étant donné qu’elle se sent coupable ou honteuse, elle mène une purge dans le but de rattraper ce qu’il vient de se passer.
Actuellement, l’un des traitements les plus efficaces et, par conséquent, les plus employés dans la pratique clinique est la thérapie cognitive comportementale de Fairbum.
Avec cette approche, le traitement se fait individuellement et la durée est d’environ cinq mois. Il est semi-structuré, orienté vers le problème et principalement centré sur le présent et le futur, plus que sur le passé.
La thérapie de Fairbum se compose de trois étapes différenciées que nous allons étudier plus en détail. Les objectifs prioritaires sont que la patiente prenne le contrôle de son alimentation, que les cognitions sur le poids, la silhouette et l’image corporelle soient modifiées et que les changements se maintiennent dans le temps.
La responsabilité de changement est toujours attribuée au patient ; il a donc un rôle actif. Le thérapeute se charge de le motiver, de le soutenir, de lui apporter des informations. Il lui sert de guide.
Les étapes de la thérapie de Fairbum pour traiter la boulimie nerveuse
Étape 1
Elle a une durée d’environ 8 semaines et se fait sur la base d’entretiens hebdomadaires, sauf pour les cas qui mettent en avant un grand manque de contrôle vis-à-vis des normes alimentaires ; ici, il serait bon de fixer plus d’une session par semaine.
Le premier pas consiste à retracer l’histoire personnelle de la patiente et d’identifier les principaux points d’intérêt pour déterminer le traitement. Après cela, on commence à expliquer le modèle cognitif de la boulimie nerveuse.
Ce modèle met en avant le cercle vicieux qui se produit avec ce trouble. Le facteur crucial serait l’idéalisation du poids et de la figure corporelle qui mènerait la patiente à faire des régimes hypocaloriques.
Le fait de faire des régimes favorise l’hyperphagie car, et c’est bien logique, le patient a plus faim que d’habitude. Après la crise, la culpabilité surgit, ainsi que la honte et d’autres émotions négatives, qui mènent aux vomissements provoqués intentionnellement. Au bout d’un moment, cette libération à court terme des émotions négative prédisposerait à nouveau la personne à recommencer un régime… et ainsi de suite.
On considère que le facteur cognitif, c’est-à-dire baser son estime de soi sur l’image corporelle, est la clé du trouble. L’altération cognitive typique de la boulimie nerveuse a deux aspects principaux : l’insatisfaction par rapport à sa figure corporelle et les idées surévaluées à propos du poids et de l’image. Ce dernier point est présent dans tous les cas de boulimie.
Lors de cette première étape, la patiente devra aussi surveiller son alimentation, c’est-à-dire noter tout ce qu’elle mange dans un journal. Cette idée a pour but de faire prendre conscience de son problème à la personne et d’identifier les éléments déclencheurs des crises.
Ces notes doivent être soigneusement analysées session après session. Il est nécessaire que la patiente se souvienne de ce qu’elle faisait juste avant sa crise d’hyperphagie et qu’elle se rappelle ses pensées à ce moment précis.
Par ailleurs, il est recommandé que la personne commence à se peser une seule fois par semaine. Certaines patientes ne se pèsent jamais (conduite d’évitement) et d’autres le font 5 ou 6 fois par semaine (méthode de réassurance).
C’est pour cela qu’une fois serait convenable. On doit aussi noter le poids dans le journal et les pensées qui en découlent, pour pouvoir en parler lors de la session.
D’autres stratégies menées lors de cette étape initiale sont : des informations et une psychoéducation sur les normes alimentaires, les comportements compensatoires comme l’utilisation de laxatifs ou de diurétiques ou les effets adverses des régimes.
On prescrit en outre un schéma d’alimentation régulier : le patient doit manger 5 fois par jour, dans des quantités modérées. Il évitera ainsi d’avoir faim et préviendra plus facilement l’hyperphagie.
Enfin, on l’entraîne à mener un contrôle stimulant. Il s’agit d’une technique très utilisée par l’approche comportementale, en tant que forme de contrôle de soi.
Certaines des normes conseillées sont : ne rien faire quand on mange, toujours manger au même endroit, laisser un peu de nourriture dans l’assiette, limiter l’exposition à des aliments « dangereux », etc.
Étape 2 de la thérapie de Fairbum
Il s’agit d’une phase qui est davantage centrée sur la partie cognitive. La restructuration est ici la technique phare. La durée est également de huit semaines, avec une session hebdomadaire. La priorité est l’élimination du régime. Étant donné que celui-ci facilite les accès d’hyperphagie, il est fondamental d’arrêter de le suivre.
On recommande également de commencer à ingérer des aliments évités jusque là. Ces aliments évités se hiérarchisent selon le degré de rejet et se classifient en quatre groupes à difficulté croissante. Chaque semaine, le thérapeute indique au patient de consommer l’un de ces aliments interdits. Il commence par ceux du groupe le plus facile.
Après avoir mis en place ces techniques, la thérapie cognitive proprement dite commence. Puisque la patiente, lors de la première étape, a déjà identifié les pensées négatives, il est désormais temps de lui montrer les différents biais cognitifs qui existent et d’analyser ceux auxquels elle s’identifie le plus.
Une fois cette étape franchie, on lui apprend à mener un dialogue socratique avec elle-même. À travers des questions, la patiente découvre que ses pensées sont totalement irréalistes ou exagérées et qu’elle doit les modifier.
Pour pouvoir identifier des pensées et avoir l’opportunité de les travailler, le thérapeute peut proposer différentes expériences comportementales ou donner des tâches à réaliser à la maison comme se regarder dans un miroir, porter des vêtements moulants, etc. À partir de ces exercices, la patiente note ce qui lui passe par la tête. Elle apporte ensuite son journal lors de la session. La véracité, la cohérence et la convenance de ces pensées sont ensuite analysées.
Enfin, au cours de cette phase, il convient également de s’entraîner dans le champ de la solution de problèmes ; la patient apprend que certaines circonstances vitales n’ont pas de solution claire et qu’il convient peut-être d’analyser progressivement les alternatives possibles et de mettre en place une stratégie concrète.
Étape 3
Cette dernière phase de la thérapie de Fairbum se réalise en trois sessions, tous les quinze jours. L’objectif est de prévenir les rechutes. À la fin du traitement, les patientes se sentent beaucoup mieux mais la majorité présente encore des symptômes. On apprend donc à la patiente à faire la différence entre chute et rechute.
Une chute est un petit « faux pas » et fait partie du processus. Nous devons la normaliser et continuer. Une rechute, quant à elle, signifie revenir au point de départ. On doit absolument l’éviter et la contrôler. Lors de cette dernière étape, il est nécessaire que la patiente ait un plan stratégique personnel, par écrit, par rapport à ce qu’elle fera si elle identifie une rechute.
Actuellement, la thérapie de Fairbum pour traiter la boulimie nerveuse est l’un des traitements qui offre le plus de soutien empirique. On ne l’utilise pas seulement pour combattre la boulimie ; dans son format transdiagnostique, on a aussi pu voir qu’il était efficace avec d’autres troubles, comme le syndrome d’hyperphagie incontrôlée.
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