Ce que l’on appelle communément une crise d’hystérie est en réalité une profonde perte de contrôle de soi. Cependant, elle n’a généralement pas de conséquences graves. Les personnes qui connaissent ce type de névrose crient, donnent des coups de pied, pleurent, s’arrachent les cheveux et peuvent même avoir des convulsions ou mettre leurs corps en torsion. Est-ce alors une façon d’attirer l’attention ou est-t-il question de quelque chose de sérieux ?
Les manifestations de l’hystérie peuvent être si impressionnantes que, dans le passé, on les associait souvent aux cas de possession démoniaque. Après avoir connu une ou plusieurs de ces crises, beaucoup d’hystériques ont dû subir des rituels d’exorcisme. Certaines autres ont même fini sur un bûcher.
Tout au long de l’histoire, le thème de l’hystérie a toujours été associé aux femmes. En effet, pendant longtemps, on a cru que cette névrose provenait d’une insatisfaction sexuelle des femmes. Le mot « hystérie » lui-même possède une racine grec qui se réfère à l’utérus.
Déjà dans l’Antiquité, Platon soulignait que : « Chez la femme, ce que l’on appelle l’utérus est un animal qui vit avec le désir de faire des enfants. Lorsque la femme demeure vierge trop longtemps après la puberté, cette situation est difficilement tolérable pour elle. » La solution était donc de « se trouver un mari » le plus rapidement possible. Aujourd’hui, nous savons que l’hystérie et les crises d’hystérie se produisent également chez les hommes.
L’hystérie et la répression
L’hystérie en tant que telle a été un phénomène particulièrement étudié en psychanalyse. En fait, la psychanalyse a même vue le jour grâce aux découvertes faites sur des patients hystériques. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis les premières démarches élaborées par Charcot et Freud, jusqu’à l’époque contemporaine. Il est désormais rare de trouver des cas de cécité hystérique ou de paralysie étrange.
Aujourd’hui, l’hystérie n’est plus considérée comme un phénomène propre aux femmes ni comme une névrose liée à une carence sexuelle. Ce qui est néanmoins évident, c’est que l’hystérie est clairement liée à l’insatisfaction. Les personnes hystériques se plaignent en effet fréquemment. Les hystériques sont souvent insatisfaits. En fait, ils comparent la réalité à un modèle idéal. Bien sûr, la réalité n’est pas à la hauteur de leurs espérances.
Pour Freud, il y a quelque chose de réprimé dans l’hystérie qui se manifeste sous forme de symptômes somatiques. En d’autres termes, quelque chose s’est produit dans le passé de l’hystérique et cela a eu un impact sur sa sphère psychique. Cependant, cet événement n’a pas été conscientisé et il a été oublié par la personne. Celui-ci réapparaît au travers d’une manifestation corporelle, telle que la frigidité, la paralysie, etc.
Lacan voit quant à lui les choses différemment. Pour lui, la femme hystérique s’identifie de façon imaginaire à un homme. Elle l’imite afin d’en découvrir ce qui fait d’elle une femme. Elle ne développe pas directement de symptômes dans son corps, mais propage au contraire ceux des autres.
La crise d’hystérie
Par ailleurs, Lacan affirme que cette « contagion » des symptômes chez les hystériques est en fait une identification. L’un s’identifie au désir de l’autre, c’est-à-dire que ce désir devient collectif.
Ces symptômes sont un appel à l’Autre. Pour Lacan, l’Autre est celui qui se voit attribuer les caractéristiques d’un « maître ». Une figure ou un discours de pouvoir. L’Autre peut être le père, le médecin, le partenaire, ou encore le millionnaire, etc.
L’hystérique veut que l’Autre le reconnaisse et lui dise qui il est. Dans ce contexte, ce que nous appelons une crise d’hystérie est l’expression extrême de la demande faite à cet Autre. Ainsi, les convulsions des « possédés » sont une revendication pour l’Autre en tant que prêtre ou même l’Eglise. Le « spectacle » de la femme ou de l’homme qui cherche à obtenir de son partenaire des marques d’affection correspond également à ce registre.
L’intensité de cette crise d’hystérie correspondrait alors à l’intensité du symptôme. Parfois, elle atteint un tel niveau qu’on peut la confondre avec une psychose. De plus, aujourd’hui de nombreuses crises d’hystérie collective se produisent. Par exemple, les grands concerts de musique populaire ou encore les cas de « possession » collective qui continuent à se produire dans différentes parties du monde en sont des illustrations.
Que faire face à une crise d’hystérie ?
Ce que nous pouvons faire face à la crise d’hystérie d’une personne, c’est de se calmer. Il s’agit précisément d’essayer d’éviter l’effet de contagion. Les symptômes hystériques de l’autre personne ne doivent en effet pas aggraver ses propres symptômes. Cette personne ne doit pas être giflée ou maltraitée. Le silence et le calme devraient suffire à dissiper la crise. Si la situation persiste cependant trop longtemps, la personne atteinte a probablement besoin d’une aide médicale pour pouvoir sortir de cet état.
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