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La sociotropie, quand s’impliquer trop avec les autres finit mal

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La sociotropie définit un type de personnalité ayant un fort besoin d’investir du temps et des efforts dans ses relations interpersonnelles. Les sociotropes le font dans une tentative désespérée d’être acceptés, d’éviter la solitude et de se sentir validés dans chacun de leurs actes. Le plus problématique dans ce trait de caractère est que, tôt ou tard, il est généralement la preuve de plus d’un problème psychologique.

Anxiété, dépression, relations de codépendance, attachement malsain, faible estime de soi… Le kaléidoscope de nuances pathologiques que retrace ce profil est aussi familier qu’épuisant. Bien qu’il rappelle beaucoup le syndrome de Wendy, il convient de noter que ce schéma de personnalité a été défini autrefois par le psychothérapeute Aaron T. Beck.

L’intérêt pour les hommes et les femmes sociotropes fait l’objet de recherches depuis des décennies. Leurs présences, toujours vulnérables, insécurisées et ayant éternellement besoin de la considération des autres, sont récurrentes dans les consultations psychologiques car elles naviguent fréquemment dans l’univers de la dépression.

Deux caractéristiques communes de la personnalité sociotrope sont la timidité et le manque d’affirmation de soi.

Qu’est-ce que la sociotropie ?

La sociotropie se caractérise par un investissement excessif, démesuré et pathologique dans les relations interpersonnelles. Ce sont des personnes satellites qui gravitent autour des autres de manière dévouée afin d’obtenir une validation, de se sentir intégrées, acceptées et reconnues. Cela conduit parfois à des situations aussi absurdes qu’inconfortables.

La personnalité sociotrope peut accorder une attention et une affection démesurées à une personne qu’elle connaît à peine. Il s’agit, pour replacer les choses dans leur contexte, de ce nouveau collègue au travail qui se met soudainement en quatre pour tout le monde, les couvrant de faveurs et de mots gentils au point d’être mal à l’aise.

Il est facile d’identifier ce trait de personnalité car ils tombent dans l’excès et leur comportement frise souvent la servilité et le désespoir de l’approbation. Une affection et un intérêt excessifs pour les autres, une attention constante, ou encore le fait de donner la priorité aux personnes qu’ils ne connaissent pas encore en profondeur, constituent un profil très problématique sur le plan psychologique.

Aaron T. Beck et l’échelle Sociotropie-Autonomie (SAS)

L’une des personnalités les plus intéressées par la définition, la compréhension et l’identification de la sociotropie est Aaron T. Beck. Or, ce que soulignent des études comme celle menée à l’université de Shippensburg, c’est que le célèbre psychothérapeute a établi que la sociotropie a un opposé comportemental et cognitif : l’autonomie.

  • La sociotropie est l’exact opposé de l’autonomie personnelle. Ainsi, alors que les premières se concentrent entièrement sur les relations interpersonnelles, les personnes autonomes recherchent leur propre indépendance et y travaillent, sans se préoccuper excessivement des autres.

Que mesure l’échelle sociotropie/autonomie de Beck ?

L’échelle d’Aaron T. Beck cherche à identifier la personnalité sociotrope et la personnalité autonome. Pour ce faire, et pour créer l’échelle de sociotropie-autonomie (SAS), il a conçu une batterie de 378 questions qu’il a appliquées à divers patients psychiatriques et à des personnes extérieures à ce milieu. Cela lui a permis de générer six facteurs pour détecter chaque modèle de personnalité :

  • La sociotropie est définie par la peur de la désapprobation des autres / la préoccupation constante de faire partie de quelqu’un ou d’un certain groupe / la peur de la solitude ou de la séparation des autres / la complaisance.
  • L’autonomie se distingue par des performances autonomes et individuelles / le besoin de n’être sous le contrôle de personne / la préférence pour la solitude.
femme se méfiant de son conjoint

Personnes sociotropes et dépression

S’il est un aspect de la sociotropie en tant que trait de personnalité qui suscite l’intérêt, c’est bien sa tendance à entraîner des troubles dépressifs. La littérature scientifique sur ce sujet est vaste.

Ainsi, une recherche de l’Université de Saint-Jacques-de-Compostelle souligne comment la pensée ruminante et cette approche émotionnelle plus immature jettent les bases à la fois de la dépression majeure et de l’anxiété généralisée. En général, les causes de ces états psychologiques résident dans les aspects suivants :

  • Faible estime de soi.
  • Une personnalité timide dans laquelle, d’une part, le besoin constant d’être validé, aimé, soigné et accepté est combiné avec le besoin de maintenir leur propre espace. Cette contradiction les fait souffrir.
  • Ce ne sont pas des hommes et des femmes très affirmés.
  • Les sociotropes ont une tendance permanente à ruminer, à penser aux choses, à remettre en question tout ce qu’elles disent et font, à regretter ce qu’elles ont fait, à se juger et à se critiquer.
  • Mauvaise gestion des émotions.
  • Leur désir d’être socialement acceptés les conduit à se comporter d’une manière dont ils se sentent mal par la suite, fracturant encore plus leur image de soi.
  • Peur excessive de la solitude.

L’importance de l’acceptation de soi

Lorsque Aaron T. Beck a étudié cette personnalité, il a essentiellement trouvé des personnes qui luttaient contre leur timidité et leur besoin d’attention, d’approbation et d’affection. Ce paradoxe, qui intègre un désespoir de faire partie des autres avec l’insécurité personnelle et l’égocentrisme, a produit beaucoup de conflits intérieurs.

L’approche pour aider les personnes atteintes de sociotropie consiste à développer chez elles une base de caractère plus autonome, plus affirmée et plus sûre d’elle, sur laquelle elles pourront construire une bonne estime de soi. La difficulté est que ces chiffres atteignent souvent la limite, avec des troubles dépressifs majeurs et une histoire émotionnelle pleine d’échecs.

Il est essentiel d’agir le plus rapidement possible. Nous ne pouvons pas exiger que les autres nous offrent ce que nous ne nous donnons pas nous-mêmes. Avant d’exiger une validation externe, commençons par être nos meilleurs et seuls fournisseurs d’amour et d’acceptation de soi.

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