Les gens évitent leurs émotions de multiples façons. À tel point que l’on pourrait dire que nous sommes de vrais jongleurs dans cette démarche de refoulement, de dissimulation ou de déplacement de l’émotion ressentie. Notre vie est trop complexe, et souvent douloureuse ; s’il y a bien une chose à laquelle nous aspirons, c’est à nous déconnecter de la souffrance à travers une pratique enrichissante qui nous fait oublier. Et c’est là que le problème commence.
En nous détachant de nos expériences émotionnelles, nous renforçons les fondements silencieux de l’anxiété et de la dépression. Ne pas penser pour ne pas souffrir ne fonctionne pas. Distraire l’esprit pour échapper à ce qui blesse, dérange et brouille notre calme est une mauvaise formule.
Repousser nos sentiments, comme quelqu’un qui essaie d’enterrer quelque chose d’ennuyeux, implique de se noyer progressivement. Il est bon de rappeler que la santé mentale dépend en grande partie de la capacité à gérer, accepter et réguler les émotions. Ce n’est pas une tâche facile, c’est vrai. Nous ne savons pas tous comment y parvenir, personne ne nous l’a appris et de nombreux facteurs interviennent ou entravent cette compétence.
N’hésitons pas à demander l’aide d’experts : la dernière chose à faire est de dériver vers certaines de ces pratiques que nous allons maintenant analyser.
Recourir à la nourriture de manière compulsive est une forme de catharsis émotionnelle qui révèle la mauvaise gestion de nos soucis, peurs, angoisses.
Façons dont les gens évitent leurs émotions : vous identifiez-vous ?
Des travaux de recherche, comme ceux menés à l’Université de Columbia, nous rappellent qu’une bonne gestion émotionnelle est la clé de notre adaptation. Cet art psychologique est complexe car il implique l’activation de processus cognitifs sophistiqués. Un exemple est celui qui consiste à diriger notre attention, à choisir certaines pensées plutôt que d’autres, à savoir interpréter les stimuli émotionnels à valeur négative, etc.
Nous sommes d’accord sur ce point : réguler ce que l’on ressent n’est pas une tâche facile et l’option la plus rebattue est donc de se détacher de ces états psychophysiologiques. De quelle façon ?
En réalité, les gens évitent leurs émotions de manière si sophistiquée et cachée que nous pouvons être surpris. Nous pouvons même nous identifier à l’un de ces mécanismes.
1. Dormir, le réconfort sous les couvertures
Sherlock Holmes a dit dans l’une de ses aventures que la solution à tous les problèmes était de dormir. Il est vrai qu’un bon repos clarifie l’esprit et nous rebooste physiquement et psychologiquement, mais attention ! Certains se réfugient dans leurs draps et leurs rêves pour s’évader, ne pas penser et éviter d’affronter la réalité.
Rappelons également que dormir plus de 8-9 heures n’est pas sain et génère des altérations métaboliques.
2. L’hyperactivité et le multitâche comme mécanisme d’évasion
Oui, il y a ceux qui sont capables de dormir 15 heures par jour pendant que d’autres, au contraire, évitent le repos à tout prix. Faire le maximum de choses est un autre mécanisme qui permet de ne pas entrer en contact avec les émotions. Cela ne laisse pas de place ou de temps à l’esprit et ne permet pas l’émergence une fissure à travers laquelle pourrait résonner l’écho de ces sentiments compliqués qui demandent à être pris en charge.
Un exemple est celui qui consiste à se consacrer à 200 % à son travail, à faire le plus d’heures possible puis à occuper son temps avec n’importe quelle autre activité qui permette de rentrer à la maison en étant assez fatigué pour aller se coucher instantanément.
3. La nourriture, un mécanisme d’évasion émotionnelle
L’une des façons les plus courantes pour les gens d’éviter leurs émotions est de les « manger ». Si les choses tournent mal pour moi au travail ou avec mon partenaire, je vide le frigo de tous ces aliments qui m’apportent le plus de satisfaction. Parce que, que nous le croyions ou non, la déception, l’anxiété, l’inquiétude, l’angoisse et même la honte se canalisent à travers l’alimentation compulsive.
Ainsi, des travaux de recherche comme ceux menés à l’Université Hébraïque de Jérusalem concluent qu’une bonne partie des troubles alimentaires viennent de là.
4. Culpabilité projetée sur les autres
Il y a des gens qui projettent leur malaise et leurs frustrations sur les autres, en les blâmant et en les rendant responsables de leur peur, de leur colère et, bien sûr, de leur mauvaise humeur. C’est un autre mécanisme récurrent chez ceux qui sont incapables d’entrer en contact avec leur univers interne et, à la place, allument un ventilateur et transmettent toute leur charge émotionnelle négative partout où ils vont.
5. Jeux vidéo, passer toute la journée devant un écran pour s’évader
Les jeux vidéo représentent un danger lorsqu’il existe une dépendance potentielle ou lorsque les gens les utilisent comme une ressource constante pour échapper à la réalité. Dans ce cas, il y a des gens qui évitent leurs émotions en se plongeant dans ce monde parallèle pendant des heures, négligeant ainsi tout le reste.
Ces univers virtuels sont cathartiques, les isolent de la réalité et les déconnectent complètement du monde réel.
6. Se tourner vers les autres pour ne pas penser à soi
Se concentrer sur les enfants, le partenaire, la famille ou toute personne qui a besoin de nous. Fixer son regard, son cœur et toute sa volonté sur les autres est une façon de distraire l’esprit, en négligeant complètement nos vrais besoins. C’est sans aucun doute une autre ressource très courante lorsque les gens évitent leurs émotions.
7. La procrastination, l’ennui improductif
Nous l’avons souligné à plusieurs reprises : derrière la procrastination, il n’y a pas de paresse ou d’irresponsabilité. Ce qui est observé dans de nombreux cas, après cette « remise à plus tard », c’est une insécurité, une faible estime de soi, une peur et une série d’émotions qui n’ont pas été acceptées et régulées.
Gardons cela à l’esprit : lorsque nous sentirons que nous sommes tombés dans la prison de la procrastination, nous pourrons entrer en contact avec ces réalités internes qui nécessitent notre attention.
8. L’évasion audiovisuelle et la consommation de séries
Les marathons de séries ne nous servent pas seulement à nous divertir après une longue journée. Dans de nombreux cas, ils constituent ce refuge où l’esprit peut se reposer. À chaque épisode, nous éteignons nos préoccupations pour laisser la place à des histoires alternatives qui nous portent vers d’autres réalités. Loin de la nôtre.
9. Les gens évitent leurs émotions en poussant leur corps au-delà de ses limites
Aller courir jusqu’à se retrouver à bout de souffle. Passer des heures dans la salle de sport à vous entraîner au-delà de vos limites. Faire de l’exercice à la maison, jusqu’à sentir que chaque fibre de notre corps fait mal… Et oui, se concentrer sur son corps et faire de l’exercice de manière presque obsessionnelle est une autre stratégie pour se désengager de ses propres émotions.
Il est vrai qu’il existe peut-être d’autres moyens d’accepter et de réguler l’angoisse, la peur, l’anxiété et la frustration. L’alcool ou le recours à d’autres types de substances en seraient quelques exemples. Cependant, avec cette liste, nous dessinons un canevas clair des stratégies que nous utilisons habituellement pour échapper à ce que nous ressentons.
Évitons de fuir ce qui fait mal et essayons plutôt de le comprendre.
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