Ce qui se cache derrière la paresse a plusieurs visages. C’est une entité souvent multiforme, un labyrinthe complexe de sensations, d’émotions et de pensées conflictuelles que l’on ne sait pas toujours démêler. Pourtant, cette apathie qui consomme le désir et l’énergie est quelque chose que notre cerveau comprend bien, car c’est lui qui engendre l’immobilité physique.
Certains disent que la paresse est un leurre, comme être piégé dans un présent glacé qu’il devient impossible de remplir toutes les obligations inscrites à l’ordre du jour. Le sentiment de fatigue et de découragement profond nous frustre, et cette colère contre nous-mêmes finit par nous bloquer encore plus, nous plongeant dans une situation aussi inconfortable qu’agaçante.
Or, cette dimension a son sens et son explication. A tel point que nous ne devons pas nous dénigrer lorsque nous en faisons nous-même l’expérience. Et à tel point qu’il faut éviter de qualifier un enfant ou un adolescent de paresseux sans d’abord comprendre ce qui se cache derrière cela. Car souvent, c’est la peur, l’indécision, la tristesse et un manque de confiance.
Derrière la paresse, un avenir qui hante
Dans de nombreux cas, ce qui se cache derrière la paresse est une dimension résiduelle de nos ancêtres les plus éloignés. C’est du moins une des explications que nous offre le champ de l’anthropologie. Ces ancêtres du genre homo avec qui nous partageons notre lignée génétique avaient un besoin fondamental dans leur vie quotidienne : conserver l’énergie.
Les ressources étaient très rares. La faim était un ennemi quotidien, tout comme les prédateurs et ce climat souvent défavorable où le soleil pouvait être extrême et les nuits glaciales. En plus, nos ancêtres étaient des nomades et devaient essayer autant que possible d’économiser les ressources physiques.
Les efforts qu’ils accomplissaient étaient donc minimes et nécessaires. Et leur réalité se limitait à couvrir des besoins très élémentaires à court terme.
Kalman Glantz, psychothérapeute à l’Université de Cambridge et co-auteur de Exiles From Eden, souligne que la dimension de la paresse a émergé lorsque nous avons commencé à prendre conscience de l’avenir. Ce besoin de planifier sur le long terme, de faire des efforts pour obtenir des bénéfices plus tard, a généré un surmenage psychologique et un coût émotionnel.
Soudain, nous avons été obligés de dépenser plus d’énergie que prévu. De plus, des réalités telles que “l’auto-exigence” sont apparues. La paresse est donc un recueil de plusieurs dimensions où, dans de nombreux cas, surgit l’angoisse à la pensée de cet avenir plus ou moins proche.
Apathie cérébrale et surmenage
En 2015, le Dr Masud Husain de l’Université d’Oxford a démontré un point intéressant qui nous permet de mieux comprendre ce qui se cache derrière la paresse. Grâce à une étude IRM, il a pu comprendre ce qui différenciait une personne active de celle qui se laisse piéger par une paresse frustrante.
Il a tout d’abord remarqué qu’il faut beaucoup d’énergie pour planifier et réaliser un objectif. Le cerveau libère une grande quantité de dopamine et active ensuite le cortex moteur pour faciliter le mouvement, l’activité et la performance.
Il a aussi remarqué que dans le cerveau de la plupart des gens qui éprouvent de la paresse le niveau de dopamine est généralement bas, d’où l’apathie. De même, l’activation du cortex cérébral n’est pas non plus très intense : un cerveau “apathique” se sent incapable de réaliser ce surmenage.
Qu’y a-t-il derrière l’apathie qui accompagne la paresse ?
Ce qui se cache derrière la paresse est une dimension que le cerveau traite très souvent comme de l’apathie. Mais quelle est la cause à l’origine de ce sentiment ? Qu’y a-t-il en nous pour que nous nous laissions piéger par cette substance qui émousse tout ? D’un point de vue psychologique, il est important de souligner les dimensions suivantes :
- Faible sentiment d’auto-efficacité
- Manque de soutien émotionnel
- Manque d’intérêt pour la tâche à accomplir
- Avoir l’impression que cela n’en vaut pas la peine
- Peur d’échouer
- Découragement, sentiment d’inutilité, faible estime de soi
Comme on peut le voir, les implications psychologiques et émotionnelles de la paresse font de cette dimension une réalité dont nous devons tenir compte. Ainsi, il ne sert à rien de s’en vouloir. Nous devons être capables de comprendre pourquoi nous ressentons cela.
Pour le christianisme, la paresse est un péché capital. Il est temps de la voir la paresse pour ce qu’elle est : un masque. Derrière ce masque, se trouvent la peur, l’indécision, les problèmes d’estime de soi, l’insatisfaction… Des points précis qui méritent notre attention et sur lesquels nous devons travailler.
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