Dire « Je suis désolé » cache parfois un mensonge. Nous acceptons toutefois les excuses parce que nous avons besoins de faire confiance, car il nous est difficile d’admettre que cette personne importante nous trompe. Et cela arrive pourtant.
La recherche non sincère du pardon se produit très souvent, car ceux qui commercialisent nos sentiments n’hésitent pas à utiliser cette ressource. Personne ne nous a appris à décoder une excuse pour savoir si elle est sincère ou si, au contraire, elle cache une manipulation sibylline.
En fait, la plupart d’entre nous avons été éduqués pour savoir comment demander pardon, pour comprendre que s’excuser est plus qu’une simple amabilité sociale. Il s’agit avant tout d’un acte sincère pour réparer les relations et les incompréhensions, favorisant ainsi une connexion plus respectueuse et authentique avec ceux qui nous entourent.
Comment se méfier de quelqu’un qui nous présente ses excuses ? Plus encore, comment peut-on douter si celui qui le fait est notre conjoint ou un ami qui fait presque partie de la famille ? Nous ne le faisons généralement pas.
Nous ne doutons pas, nous cédons et nous acceptons ses intentions, ses paroles, ses gestes et son attitude comme valables. Donc, sans toutefois développer une méfiance obsessionnelle, il convient de ne pas tenir pour acquises les bonnes intentions.
Une excuse authentique doit avoir le pouvoir de réparer. Cela doit donc se démontrer au quotidien. Ceux qui présentent des excuses le font à partir d’une réalité émotionnelle où la sincérité et non la manipulation doit transparaître. Être attentif à ces signaux peut nous aider, même s’il n’est pas facile de les décoder.
“Dire ‘je suis désolé’, c’est dire ‘je t’aime’ avec un cœur blessé dans une main et ta fierté étouffée dans l’autre.”
– Richelle E. Goodrich –
Lorsqu’un « je suis désolé » n’est pas sincère : pourquoi mentir ?
Un acte de manipulation se met en œuvre lorsqu’un « je suis désolé » n’est pas sincère. Alexander Pope dit que l’erreur est humaine et que le pardon est divin ?
Le célèbre poète anglais a toutefois négligé un petit et curieux aspect : nous sommes parfois ceux qui nous trompons en pardonnant ceux qui ne le méritent pas. Mais pourquoi cela se produit-il ? Pourquoi existe-t-il toujours des personnes ayant un « Je suis désolé » sur les lèvres et s’efforçant également de rendre leurs excuses crédibles ?
Karina Schumann, professeur de psychologie à l’Université de Pittsburgh, a réalisé une étude intéressante sur le mécanisme psychologique inhérent à l’acte de s’excuser. Le Dr Schumann et son équipe soulignent que tout le monde n’est pas capable de franchir le pas et de dire à haute voix « Je suis désolé ».
Parmi ceux qui le font, un petit pourcentage de ce groupe ne cherche pas à réparer les dommages. Ils ne sont en effet pas non plus trop préoccupés par l’offense qu’ils ont pu commettre. Voici donc quelques-unes des causes de cette tromperie.
Le victimisme et la recherche du pardon
« Pardonne-moi. Je ne sais pas ce qui ne va pas chez moi. Ces derniers temps, je fais tout de travers. Je suis un nul qui ne peut pas vivre sans toi ». « Je suis vraiment désolé. Je l’ai encore fait, je n’ai pas de remède. C’est que j’ai la tête à beaucoup de choses. Mais tu sais déjà que pour moi tu es le plus important… ».
L’attention n’est à aucun moment portée sur l’acte commis, l’erreur, l’imprudence ou le délit dans ce type d’argumentation. Le regard ne se porte que sur celui qui demande pardon.
Sur celui qui use de manipulation émotionnelle, qui s’appuie sur les sentiments et la victimisation pour toucher la corde sensible de celui qui se trouve en face de lui. Il s’agit donc d’une ressource trompeuse et d’un double revers.
L’excuse qui recherche un coupable
L’ombre de l’accusation peut parfois apparaître après un « Je suis désolé ». Ce sont des situations très néfastes. Elles se produisent généralement dans ces relations dyadiques entre conjoints ou membres de la famille très proches.
Un exemple de cette tactique est lorsque cette personne importante nous dit “Je suis désolé pour ce qui s’est passé, mais tu sais que ce ne serait pas arrivé si tu ne t’étais pas comporté de cette façon”. « Je m’excuse, mais tu dois comprendre que cela m’affecte lorsque tu agis de cette façon. C’est pour ça que ces choses se produisent ».
Il faut être prudent avec ce genre de situations. Elles sont très nocives et donnent lieu à une forme de manipulation incriminante.
Le récidiviste et l’effet paillasson
Certaines personnes ont toujours un « Je suis désolé » à la bouche.Ce sont des récidivistes. Ils tombent expressément dans la même erreur encore et encore parce qu’ils s’en moquent. Parce qu’ils savent qu’il leur suffit de prononcer ces quelques mots avec charme et chaleur pour se faire pardonner autant de fois que nécessaire.
Derrière ce comportement nocif se cache toutefois aussi « l’effet paillasson ». Ce terme désigne cette personne qui pardonne encore et encore, parce qu’elle souffre de dépendance émotionnelle. Parce qu’elle craint de perdre quelqu’un qui lui fait du mal mais qu’elle aime profondément malgré tout.
Aimer signifie-t-il vraiment ne pas avoir à dire « Je suis désolé » ?
L’expression “aimer, c’est ne jamais avoir à dire ‘je suis désolé’ a acquis une signification notable après le film Love Story. Il est fréquent, en effet, de la rencontrer sur les réseaux sociaux. Cela lui confère alors une validité aussi dangereuse que fausse.
S’il y a quelque chose que nous devons comprendre au sujet des relations, qu’elles soient émotionnelles, amicales ou de tout autre type, c’est que l’acte sincère de demander pardon pour tout comportement, erreur, tromperie, négligence ou offense commis est aussi nécessaire que sain.
La clé de toute relation sont communication et la volonté expresse (en plus d’être authentique) de réparer toute situation dans laquelle quelqu’un a été blessé d’une manière ou d’une autre, aussi peu soit-il. Et comme nous l’avons souligné tout au long de l’article, la véracité et la sincérité doivent être palpables. Veillons donc à ce qu’il en soit ainsi.
Dois-je pardonner pour aller mieux ?
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