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Des opportunités quotidiennes pour apprendre à accepter les émotions

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Si certaines émotions ne sont pas facile à gérer, de nombreuses autres ne sont pas faciles à accepter (l’amour pour quelqu’un qui nous a fait du mal, la rancœur pour ceux qui prennent soin de nous, une tendance à la tristesse après avoir atteint un objectif). En fait, apprendre à accepter les émotions est l’un des objectifs que poursuivent de nombreuses thérapies.

Cela est une tâche très difficile, comme l’ont montré les études des universités de Virginie et de Harvard. Dans le cadre de ces études, un tiers ou la moitié des participants – qui devaient passer vingt minutes seuls avec leurs propres pensées – a eu recours à leur téléphone ou a écouté de la musique.

En psychologie, dans le cadre de certaines thérapies comme la thérapie d’acceptation et d’engagement de Hayes, l’acceptation des émotions prend une plus grande importance. L’évitement expérientiel implique l’expérience complète de sentiments négatifs, de pensées ou d’émotions désagréables.

Nous essayons par tous les moyens d’éviter ou de fuir l’expérience émotionnelle aversive, ce qui, en réalité, ne fait que la renforcer. Chaque fois que nous nions ou résistons à quelque chose, nous mettons davantage de pression sur le problème et finissons par rendre chronique notre propre malaise.

Si nous pensons à notre quotidien, nous pouvons remarquer que nous consacrons une bonne quantité de ressources à éviter ce qui nous dérange, nous ennui ou nous irrite. Voyons un exemple…

Il fut un temps où lorsque nous prenions une photo, nous devions attendre des jours pour la développer et pouvoir la voir. Nous devions gérer l’incertitude de savoir si elle sera belle ou nette. Il en était ainsi et nous n’envisagions même pas autre chose.

Aujourd’hui, nous prenons la photo et nous avons la possibilité de la voir et de l’analyser immédiatement. Sans attente, sans incertitude : maintenant. Si nous ne l’aimons pas, nous la supprimons et en faisons une autre.

Évidemment, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres que nous pourrions trouver dans nos vies basées sur l’immédiateté et le non-conformisme. Peut-être pensez-vous que l’exemple est surdimensionné, que la vie nous met face à des problèmes plus déchirants. Bien sûr, vous n’êtes pas sans raison.

Mais peut-être, avant de parvenir à un tel stade, conviendrait- il de pratiquer la flexibilité et la tolérance dans des situations quotidiennes. Elles constitueraient en effet des opportunités d’apprentissage. Nous vous en présentons quelques-unes dans la suite de cet article.

Une journée entière sans téléphone portable

Accepteriez-vous le défi ? Vous voyez-vous capable de le surmonter ? Si votre réponse est non, il est probable que vous ayez déjà un certain degré de dépendance au téléphone. Les êtres humains apprécient tellement le confort et ont une si faible tolérance à l’ennui que nous avons besoin d’une stimulation constante pour éviter de recourir constamment à ces réseaux.

Pour commencer à s’entraîner dans ce sens, une bonne occasion d’apprendre à accepter les émotions pourrait être d’éteindre votre portable pendant une journée entière et de consacrer les temps d’attente à d’autres tâches. Vous pourriez être surpris et voir disparaître ce sentiment de perte de temps que vous pouvez parfois ressentir.

Ne pas traverser au feu rouge, une opportunité d’accepter les émotions

Il s’agit d’une autre des occasions quotidiennes d’apprendre à accepter les émotions. Certains s’ennuient tellement sur le trottoir à attendre que le feu passe au vert qu’ils tournent la tête pour voir si aucune voiture ne vient afin de passer rapidement.

Certains se diront alors : “Qu’est-ce qu’il est long ce feu ! Je me paie tous les feux rouges !” Puis sortiront leur portable pour patienter…  Lancez-vous le défi d’attendre que le feu passe au vert, de traverser calmement, lentement et de vous sentir vous-même là, debout, vivant, en train de contempler la ville.

Choisissez la file d’attente la plus longue

Optez pour la file d’attente la plus longue au supermarché ou à la banque. Il s’agit d’un bon moyen d’accepter l’ennui ou l’inconfort.

Vous pouvez observer votre dialogue intérieur. Si vous observez que vous vous plaignez de l’attente, tentez de modifier ce discours :  “Je peux profiter pour regarder autour de moi et me connecter avec moi-même.”

Prenez votre petit-déjeuner pendant que vous prenez votre petit-déjeuner

Ce conseil est applicable pour toutes les activités… Sous la douche, pendant une discussion…  Ce que nous voulons dire, c’est que lorsque vous faites une activité, essayez de ne faire que cette activité.

Il n’est pas sain sur le plan émotionnel – ni sur le plan intellectuel ou pour la productivité – de faire plusieurs activités en même temps. Être multitâche est une excellente manière d’augmenter le stress.

Retardez un peu vos réponses

Par exemple, essayez de ne pas répondre immédiatement aux messages reçus sur vos réseaux sociaux. Attendez un peu et réfrénez vos pulsions. Il s’agit d’un bon entraînement pour ensuite gérer des pulsions plus intenses.

Attendez 15 ou 20 minutes avant de répondre à un message. Ressentez le malaise de la non-immédiateté et acceptez-le.

Des mains sur un portable.

Une journée sans télévision, une opportunité d’accepter les émotions

Comme le téléphone, la télévision constitue également un voile épais pour nos émotions. Tentez alors, par exemple de ne pas combler les moments de vide en allumant la télévision.

Attendez un peu avant le prochain verre

L’alcool est dans bien des cas une ressource à court terme qui soulage le stress quotidien, atténue l’ennui et aide à rester dans un contexte de bien-être. Mais il s’agit d’un piège : le soulagement n’est que momentané.

L’alcool peut gagner du terrain et devenir votre pire ennemi. Donc attention ! Il serait opportun de commencer à retarder le prochain verre, à retenir l’envie de boire, à ressentir l’envie comme une autre émotion. Cela est applicable à d’autres drogues, telles que le tabac, les anxiolytiques, etc.

Le trafic automobile, l’occasion d’accepter les émotions

Si vous vous retrouvez dans un embouteillage, appréciez-le ! Au lieu de jurer à gauche et à droite, pourquoi ne pas profiter du moment pour écouter de la musique, voir le ciel ou observer les automobilistes autour de vous ?

Nous le voyons, apprendre à accepter les émotions suppose de ne pas vivre ancré dans la culture de l’immédiateté. Les avancées technologiques ont eu une influence évidente dans cette culture, comme nous l’avons vu avec l’exemple de la photo et des réseaux sociaux.

Aujourd’hui, nous voulons tout en quelques secondes ou minutes. Nous pensons que nous ne supporterions pas qu’il en aille différemment. Mais ce n’est qu’une croyance. L’être humain est capable d’être beaucoup plus souple et tolérant s’il le souhaite, comme autrefois.

Souvenez-vous de ces femmes qui n’avaient pas de machine à laver et devaient laver leurs vêtements à la main. Des moments pendants lesquels elles discutaient entre amies ou voisines. Ces femmes lavaient des vêtements ensemble, discutaient et avaient un espace commun pour se réjouir.

Nous pourrions citer une multitude d’exemples comme celui-ci. Mais la culture du tout de suite ne fait qu’entraîner notre intolérance. Il serait bon de se demander si nous voulons en faire partie et ce que nous pourrions commencer à faire pour y remédier.

Dans cet article, nous avons proposé quelques options pour accepter les émotions, mais il en existe beaucoup d’autres. Trouvez l’option qui est le plus efficace pour vous. Lancez-vous ce défi et commencez à être plus flexible.

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