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Quels sont les bienfaits de la cothérapie ?

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Généralement, les thérapie sont menées par un seul psychologue. Cependant, il existe un certains nombre de situations dans lesquelles le fait que deux professionnels soient présents peut apporter de grands avantages. Et ce, tant pour le patient que pour les deux thérapeutes. C’est ce qu’on appelle la cothérapie.

Carl Whitaker, pionnier de la thérapie familiale, a été l’un des premiers à souligner la nécessité d’une approche à deux thérapeutes. Il a alors développé un modèle de thérapie qui reste l’une des grandes contributions à la thérapie familiale.

Avec la cothérapie, ce sont deux professionnels qui travaillent ensemble en thérapie, qu’elle soit individuelle, de couple ou de groupe. Ces professionnels travaillent de manière collaborative et en synergie pour atteindre un objectif commun. C’est-à-dire l’amélioration de l’état de santé du patient.

Qui sont les thérapeutes qui pratiquent la cothérapie ?

Lorsque nous disons deux professionnels, nous faisons généralement référence à deux psychologues. Ils peuvent ou non appartenir au même courant thérapeutique.

En outre, ces deux psychologues peuvent être des experts. Mais il est aussi possible que l’un d’entre eux soit en apprentissage. Cette pratique est notamment courante dans les thérapies familiales et celles de couple.

L’un des deux thérapeutes peut également être un thérapeute spécialisé en toxicomanie (un psychiatre dans ce cas) et l’autre un psychothérapeute (un psychologue). Cette situation est plus fréquente dans le cas de troubles mentaux plus graves qui nécessitent un traitement médicamenteux venant s’ajouter au traitement psychologique.

On peut également parler de cothérapie lorsqu’une personne de l’environnement personnel du patient prend part à la thérapie. Dans ce cas, cette personne n’est pas un professionnel de la psychologie.

Elle peut aider le patient à accomplir les tâches qui lui sont confiées à domicile dans le cadre de sa thérapie. Dans le cadre du traitement d’une phobie, ils peuvent, par exemple, effectuer ensemble des exercices d’exposition en direct.

Une cothérapie de ce type est également intéressante pour les enfants (troubles du spectre autistique, incontinence nocturne ou retard mental, par exemple). Il est essentiel que les parents et/ou les enseignants soient formés et agissent en tant que cothérapeutes pour poursuivre le traitement en dehors du cabinet.

La cothérapie est également intéressante chez les personnes âgées. Et ce, notamment lorsqu’elles souffrent d’une forme de démence.

La formation des membres de la famille et des soignants permet alors de s’adapter à la pathologie du patient, d’apprendre à la gérer et d’améliorer ses conditions de vie et son environnement. Cela lui permet également de poursuivre le traitement à domicile et de mener les activités de stimulation cognitive nécessaires.

Quelles sont les conditions pour que la cothérapie soit utile ?

  • Il doit y avoir une bonne communication et une bonne coordination entre les thérapeutes. Et ce, avant, pendant et après la séance et lors de l’analyse de cas.
  • Les responsabilités de chaque thérapeute et l’autorité de chacun d’entre eux doivent être clairement définies. Par exemple, si l’un est un expert et l’autre un apprenant, ce dernier est appelé à jouer le rôle d’observateur.
  • L’appartenance à différents courants thérapeutiques ne doit jamais être un obstacle à la thérapie. Au contraire, elle doit être enrichissante. En ce sens, un traitement global doit être possible en utilisant des techniques issues de différents courants. Et ce, en fonction de leur efficacité ou du type de patient ou de problème.
  • La relation entre les deux thérapeutes ne doit surtout pas être compétitive. Les deux collègues doivent être capables de reconnaître les atouts et les limites de chacun. Il est alors important de reconnaître que les deux professionnels apportent une contribution essentielle à la thérapie.

Les avantages de la cothérapie

La présence de deux thérapeutes apporte de grands avantages. Non seulement pour les patients, mais aussi pour les thérapeutes eux-mêmes. Mentionnons en quelques-uns :

  • Il est possible d’obtenir des changements plus profonds et plus rapides : avoir deux thérapeutes permet aux patients d’avoir plus de ressources qu’un seul thérapeute ne pourrait en fournir. Une gamme d’outils plus large est alors mise à la disposition du patient. Cela est plus clairement visible dans les cothérapies individuelles.
  • Le fait d’avoir deux professionnels chargés de l’évaluation et du traitement permet une approche holistique du problème et du traitement. Cela permet également une meilleure collecte des informations, et donc un diagnostic plus complet.
  • Le fait d’avoir deux thérapeutes facilite les jeux de rôle, en particulier dans le cas des thérapies familiales ou de couple. Les deux thérapeutes peuvent alors jouer le rôle de chaque partenaire ou des parents.
  • Dans la thérapie de couple, le fait d’avoir deux thérapeutes de sexe différent (dans le cas d’un couple hétérosexuel) permet au patient de chaque sexe de se sentir mieux compris par le thérapeute du même sexe.
  • Dans le cas où l’un des thérapeutes est un expert du couple, un espace d’apprentissage très bénéfique se crée. Cet espace peut faciliter les premiers pas d’un psychologue junior dans ce domaine de la psychothérapie.
  • Avoir un partenaire de thérapie peut être un moyen de réduire la pression et le stress pour le professionnel. Cela permet, en effet, de ne pas porter seul la responsabilité du résultat final de la thérapie.

Le binôme psychologue – psychologue

Comme nous l’avons déjà mentionné, l’une des options est que deux psychologues mènent la thérapie. Cette pratique est très courante dans les thérapies familiales et celles de couple, mais aussi dans d’autres traitements liés aux troubles qui ne requièrent pas de traitement médicamenteux supplémentaire.

Dans le cadre de la thérapie de couple et de la thérapie familiale, le fait d’avoir recours à deux psychologues permet à ces derniers de jouer le rôle de couple. Cela peut aider à résoudre certains problèmes, et cela permet aux patients (le couple) d’avoir deux points de vue différents concernant le problème qu’ils rencontrent.

Les thérapeutes peuvent ainsi servir de modèles aux parents, mais aussi aux enfants. L’un des principaux avantages de travailler avec deux thérapeutes est d’éviter d’éventuelles alliances. Par exemple, lorsque l’un des partenaires et le thérapeute se liguent “contre” l’autre partenaire.

Parmi les thérapies dirigées par deux thérapeutes de sexe différent, l’une des plus connues est la thérapie sexuelle de William Masters et Virginia Johnson. Elle fut mise en place en 1970 pour le traitement des dysfonctionnements sexuels. Cependant, la thérapie de couple a été proposée pour la première fois par Mittelman en 1948 et appliquée par ce dernier en 1961.

Il s'agit d'un binôme de psychologues.

Le binôme psychologue – psychiatre

Dans ce cas, la thérapie consiste en une combinaison de thérapie pharmacologique et de thérapie psychologique. Cela est particulièrement intéressant dans les cas de troubles mentaux plus graves. Ces derniers requièrent généralement une intervention multidisciplinaire.

Dans de telles situations, la prise de médicaments améliore certains symptômes qui peuvent entraver la vie d’un patient. La thérapie permet ainsi aux patients d’être davantage en mesure de répondre à la psychothérapie.

De même, la psychothérapie peut contribuer à améliorer la compréhension du besoin du traitement médicamenteux. Elle permet aussi d’améliorer l’adhésion du patient au traitement pharmacologique.

Il existe une grande variété de troubles qui tirent profit de cette discipline thérapeutique. Il s’agit, par exemple :

  • Des troubles liés à la consommation de drogues. Pour le traitement de l’addiction à certaines substances (alcool et surtout l’héroïne), un traitement médicamenteux est indispensable pour réduire les symptômes du sevrage.
    • Cependant, une thérapie psychologique est également nécessaire pour aider le patient à apprendre la maîtrise de soi, certaines compétences sociales, l’adaptation, la prévention des rechutes, etc.
  • Des troubles psychotiques tels que la schizophrénie. Le traitement de cette pathologie repose sur un traitement médicamenteux qui vise à réduire les principaux symptômes de la maladie.
    • Mais ce traitement doit être complété par une thérapie psychologique pour améliorer la situation familiale, les compétences sociales, la réadaptation cognitive et les principaux symptômes de la maladie (par exemple les hallucinations).
  • De certains troubles de l’humeur, comme les troubles dépressifs graves et chroniques. Ces derniers requièrent une psychothérapie et un traitement pharmacologique.
    • Dans le cas du trouble affectif bipolaire, le traitement principal est médicamenteux. Cependant, la psychothérapie est là aussi nécessaire pour promouvoir l’adhésion à cette thérapie. Elle permet aussi d’encourager des stratégies d’adaptation non pharmacologiques et d’identifier les symptômes prodromiques afin d’agir à temps.
  • De certains troubles alimentaires, tels que la boulimie. Dans ce cas, les bienfaits obtenus avec un traitement psychologique peuvent être complétés par certains médicaments. Cela concerne notamment l’amélioration de l’humeur et les actions anti-boulimiques.

Travailler ensemble pour le bien du patient

Il est clair que, dans certains cas, une cothérapie n’est pas nécessaire. Même du point de vue de l’intégration technique systémique (où l’une ou l’autre des techniques de traitement est choisie en fonction du type de patient), elle peut se révéler contre-productive.

Cependant, comme nous l’avons vu, une grande variété de troubles sont mieux traités avec une cothérapie. C’est pourquoi la cothérapie constitue une option que nous devrions envisager plus souvent pour le traitement de certains troubles ou de certains patients.

Comme toute thérapie ou tout traitement, elle présente également des difficultés. Ces difficultés proviennent principalement de la relation même entre les thérapeutes. En cas de recours à la cothérapie, il ne faut pas perdre de vue qu’elle doit se situer dans un contexte de collaboration, de coordination, d’accompagnement et de travail commun au profit du patient.

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