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Amour prothétique et dépendance émotionnelle

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Savez-vous ce qu’est l’amour prothétique ? L’amour et les relations de couple sont des sujets qui invitent à la réflexion. On a beaucoup théorisé sur ce sentiment qui peut être à fois si captivant et constructif que destructeur.

Selon la façon dont il est construit ou comment il est utilisé, l’amour peut nous motiver à grandir ou nous empêcher de grandir. De plus, dans une société où l’idéal du romantisme prévaut, il est parfois difficile de construire une relation amoureuse saine et fluide.

À plus d’occasions que nous le souhaiterions, les psychologues rencontrent des personnes dont le talon d’Achille s’appelle l’amour. Parfaitement fonctionnelles dans leur travail, dans leurs relations familiales ou sociales et dans d’autres domaines vitaux, ces personnes se décomposent lorsqu’elles vivent une relation amoureuse. Pour quelle raison ?

Les expériences vécues dans l’enfance, et aussi parfois à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, laissent une marque profonde. La relation avec nos parents, les styles parentaux avec lesquels nous avons grandi et une mauvaise estime de soi peuvent constituer les bases d’une prédisposition aux relations toxiques.

Lorsqu’un enfant n’a pas acquis la confiance nécessaire pendant son enfance, il lui est difficile de montrer cette compétence à l’âge adulte. Un vide se crée alors en lui, un vide qui doit être comblé d’une manière ou d’une autre.

Il ne s’agit pas de “blâmer” quiconque ; les gens ne sont tout simplement pas parfaits. En tant que parent, nous faisons parfois des erreurs. Et ces erreurs sont souvent liées à un système qui nous “oblige” à passer du temps hors de chez nous, à négliger des questions aussi pertinentes que la famille, à faire tout vite et à vivre stressé.

Sans s’en rendre compte, les enfants se sentent seuls. Ils estiment que leurs parents, leur référence dans la vie, ne sont généralement pas disponibles pour eux, et c’est à ce moment-là que l’idée d’ “abandon” se développe.

Amour prothétique et syndrome de la prothèse

Lorsque nous nous cassons une jambe et subissons une intervention chirurgicale, on nous prescrit généralement un fauteuil roulant ou une béquille. Ces “prothèses” nous aident à lutter contre nos carences. Et, grâce à elles, nous pouvons continuer à marcher et à mener notre vie.

En somme, lorsque nous avons physiquement besoin d’une prothèse, elle devient fonctionnelle jusqu’à ce que nous puissions retrouver notre vie sans elle.

Sur le plan psychologique et en référence à l’amour, la même chose se produit souvent. L’absence de nos parents, les abus et autres traumatismes infantiles nous font développer un manque ou un vide affectif.

Ce “trou” qui reste dans notre âme et qui persiste jusqu’à l’âge adulte est si douloureux et invalidant que nous ressentons le besoin de trouver une béquille pour fonctionner. Mais surprise ! Ce n’est pas aussi efficace que lorsque nous nous cassons une jambe.

Lorsque nous comblons notre vide avec un partenaire, nous revivons généralement ce que nous avons déjà vécu dans l’enfance. Nous choisissons des personnes qui ressemblent à certains égards à celles que nous connaissons déjà. Le cerveau est à l’aise avec ce qui lui est familier, même si cela est douloureux.

Le résultat est que le partenaire ne fonctionne pas comme on l’espère, il devient toxique. D’une part, le manque que nous ressentons génère un sentiment de dépendance, puisque nous essayons de faire en sorte que cet “abandon” ne se reproduise plus. D’autre part, il est possible que notre partenaire finisse par nous abandonner, comme cela nous est arrivé dans le passé.

Ce n’est pas de la magie, ce n’est pas une coïncidence. Nous avons tendance à reproduire un même schéma tant que nous n’avons pas tirer les leçons nécessaires pour avancer.  Nous répétons alors, inconsciemment, les situations que nous avons vécues il y a longtemps, nourrissant ainsi l’idée d’abandon et d’échec dans l’amour.

Et si je marche sans prothèse ?

Nous devons réaliser que partir à la recherche de l’amour prothétique n’est pas la bonne stratégie. Cela peut être fonctionnel à court terme, mais ce sera un lourd fardeau à long terme.

Au début, de façon fantaisiste, cela peut nous donner le sentiment que c’est un stimulant positif pour notre estime de soi. Nous pensons alors que nous allons enfin bien, que maintenant “tout va marcher”. Néanmoins, ce n’est pas comme ça que ça se passe.

Avant qu’une relation fonctionne pour nous, il est nécessaire que l’amour dont nous pensons avoir besoin vienne de nous.

La clé thérapeutique pour nous libérer de l’amour prothétique est de prendre conscience que, même s’il est vrai que nous avions besoin des soins et de l’affection de nos parents, maintenant, en tant qu’adultes, nous sommes capables d’atteindre l’autonomie.

Amour prothétique et dépendance émotionnelle vont de pair.

Nous grandissons lorsque nous apprenons à nous sentir bien dans notre peau avec notre propre dialogue intérieur. C’est pourquoi faire la paix avec la solitude est un bon début. Forcez-vous à être seul pendant un certain temps, faites des plans seuls, tolérez l’ennui ou les émotions qui traversent votre corps.

Mettez-vous avec quelqu’un parce que c’est beau, facile, sain et amusant… Pas parce que c’est nécessaire. À ce stade, vous ne dépendrez plus d’aucune prothèse de marche. Vous marcherez seul et votre estime de vous-même sera suffisamment bonne pour couvrir votre manque affectif.

Oserez-vous vous aimer sans condition et dire au revoir à l’amour prothétique ?

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