Bien souvent, on compare le traitement de l’information propre à l’ordinateur à celui de notre cerveau. En effet, les deux systèmes ont plusieurs mémoires dans lesquelles ils stockent des informations. Certains espaces sont dédiés à certaines tâches liées à ces informations. D’autre part, l’ère numérique qui est la nôtre nous a conduit à adopter certains termes informatiques, tels que l’automatisation, pour désigner notre façon de travailler.
Ainsi, nous pouvons affirmer que l’être humain est entré dans une logique d’automatisation. En fait, non seulement nous y sommes entrés, mais nous nous sommes laissés envahir par celle-ci. Qu’est-ce que cela signifie vraiment ?
Tout cela a commencé avec le mercantilisme au XVIe siècle, pour se poursuivre avec l’industrialisation et, plus récemment, avec l’ère numérique. Nous avons fini par mécaniser, simplifier et répéter tant de fois les processus que la plupart d’entre eux sont devenus des routines. Ainsi, nous nous comportons de manière automatique, comme des machines.
Au cœur de cette transformation se trouve le concept du temps. C’est l’une des réalités qui a le plus évolué. Il est pratiquement devenu le moteur de l’automatisation. Les objectifs de l’être humain ressemblent dorénavant à ceux de la machine. Produire plus, en moins de temps. Profiter au maximum du temps de production. Etre plus rapide en tout. Lutter contre le temps. Tout cela va de pair avec deux grandes valeurs du notre monde contemporain. A savoir « l’efficacité » et « l’optimisation ».
La colonisation du temps libre
La technologie est censée libérer l’homme de certaines tâches mécaniques répétitives et asservissantes afin de lui permettre d’avoir plus de temps libre. Cependant, l’ère numérique a elle-même conçu des espaces et des outils qui, d’une manière ou d’une autre, ont fini par envahir les moments de repos et de loisirs.
D’abord, il y a eu les médias. Ils se sont immiscés dans la société en tant que vecteurs de divertissement et de diffusion de l’information. Au début, les premiers médias tels que la radio et le cinéma n’étaient pas diffusés 24 heures sur 24. La télévision, en revanche, a ouvert une autre ère. Elle a réussi à transformer de nombreux êtres humains en consommateurs passifs de produits de divertissement.
Enfin, l’ère numérique a consolidé la colonisation du temps libre annoncée avec la télévision. Et avec elle, elle a achevé l’automatisation de l’être humain. Dans ce monde virtuel, on ne peut pas voir la réalité à travers un écran mais on peut interagir avec elle n’importe quand et n’importe où.
Beaucoup d’heures libres sont ainsi consacrées aux réseaux sociaux, ou a errer dans le cyberespace. Le temps libre est également préformaté. En même temps, la dépendance est à la fois encouragée et proscrite. Certaines industries légales, et d’autres illégales, génèrent une quantité impressionnante d’argent avec le temps « libre » des gens.
Faire une pause et prendre le temps pour lutter contre l’automatisation
Nous sommes de moins en moins patients. De moins en moins aptes à nous impliquer dans des projets qui exigent de composer avec de la difficulté et de la complexité. En effet, laisser les choses avancer à leurs rythmes et résoudre les conflits va à l’encontre de l’automatisation. Ce qui importe dorénavant, c’est la simplification et l’obtention de résultats observables le plus rapidement possible. Cette nouvelle façon de réagir face à la réalité est l’effet de cette passion pour l’immédiateté, la rapidité et le désir de remplir le temps avec quoi que ce soit.
L’immédiateté procure des plaisirs et des formes de satisfaction qui sont souvent éphémères. Cette façon d’expérimenter la vie conduit souvent à des états d’anxiété. C’est comme si nous ingurgitions des expériences, sans même les goûter. L’automatisation consiste donc en une consommation frénétique d’expériences. C’est aussi un moyen d’augmenter le nombre d’expériences et d’en diminuer la qualité. C’est pour cela que la pause et la baisse de rythme sont des conditions nécessaires pour vaincre l’automatisation.
Faire l’expérience du beau en réponse à l’automatisation de nos vies
Apprécier la beauté est quant à elle une des expériences les plus enrichissantes de la vie. Découvrir le beau dans un mot, dans un acte, dans une idée, dans une personne ou dans une quelconque réalité nous remplit de joie. Cependant, la beauté n’est généralement pas accessible à première vue. Bien au contraire. Ce qui est vraiment beau prend du temps à se manifester. En même temps, la beauté a un pouvoir énorme. Elle nous comble de vie.
L’automatisation se reflète dans les activités routinières et dans tout ce qui se répète sans cesse. Mots, idées, actions, façons de faire, etc. Son aspect le plus pernicieux est qu’elle nous prive d’expériences authentiques et profondes. L’automatisation éloigne aussi la possibilité de regarder la réalité d’un autre point de vue. Elle nous conduit à agir sans penser ni ressentir avec intensité et elle finit par nous déprimer ou nous angoisser.
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