Ruth Benedict et l’anthropologie par les modèles culturels

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Ruth Fulton Benedict (New York, 1887-1948) était une écrivaine américaine qui s’est spécialisée en anthropologie. Elle a commencé sa vie professionnelle en écrivant de la poésie, puis elle a découvert l’anthropologie. Lorsqu’elle était étudiante, elle s’est liée d’amitié avec l’anthropologue Margaret Mead. Cependant, son mentor et professeur était Franz Boas. En fait, les disciples de Boas étaient chargés de répandre des idées relativistes dans la discipline anthropologique. En outre, ses études ont comblé le fossé entre la psychologie et l’anthropologie. Effectivement, elle appartenait au courant connu aujourd’hui sous le nom de culture et personnalité.

Cependant, la vie de Benedict n’était pas des plus communes. Surtout si l’on considère l’époque à laquelle elle a vécu. A la fin du XIXe siècle et pendant une bonne partie du XXe siècle, les femmes n’avaient pas la vie facile. En effet, l’accès aux études universitaires était principalement un domaine masculin. Pire encore, le monde de la recherche était exclusivement réservé aux hommes.

Ruth Benedict est une figure fondamentale du siècle dernier. Et ce, non seulement en raison de sa contribution à l’anthropologie, mais aussi en raison de son caractère exceptionnel. C’était une femme d’origine modeste. Tout au long de cet article, nous allons découvrir ses nombreuses contributions et nous allons explorer sa vie et son œuvre.

Les premiers pas de Benedict dans le monde académique et la découverte de l’anthropologie

Tout d’abord, la vie et la carrière académique de Ruth Benedict ont brisé les modèles établis pour une femme de son époque. Le père de Ruth était chirurgien, mais il est décédé alors qu’elle et sa sœur étaient encore jeunes. La famille a donc déménagé de la ville à la campagne pour vivre avec les grands-parents de Ruth. Sa mère se consacrait à l’enseignement. Cependant, la situation économique de la famille n’était pas très stable.

Ruth et sa sœur étaient de très bonnes étudiantes. Grâce à cela, elles ont obtenu des bourses qui leur ont permis d’accéder aux études supérieures. Malgré sa situation, Ruth Benedict a réussi à fréquenter l’université et a obtenu son diplôme en 1909 à l’Université de Vassar, avec une spécialisation en littérature anglaise. Elle a ensuite passé 3 ans en tant qu’enseignante dans le secondaire.

A environ 30 ans, elle s’est inscrite à l’Université Columbia pour étudier la philosophie et l’anthropologie. Ses motivations étaient de donner un sens social et intellectuel à sa vie. Et ce, au-delà de la littérature. Elle y a rencontré les grands anthropologues nord-américains de l’époque. Franz Boas, Robert Lowie et Alfred Kroeber.

Ses premiers travaux de recherche

Tout d’abord, son premier travail sur le terrain a eu lieu au cours de l’été 1922 parmi les « serranos », un groupe ethnique qui réside dans deux réserves indiennes du sud de la Californie. A cette époque, elle était sous la direction d’Alfred Kroeber. Elle donne ses premiers cours d’anthropologie avec Franz Boas à un groupe de lycéens entre 1922 et 1923. L’année suivante, elle s’installe à Columbia. C’est ici qu’elle commence à travailler comme assistante, puis comme enseignante à partir de 1930.

Les débuts de la carrière de Ruth Benedict représentent l’autonomisation progressive des femmes en Amérique du Nord au début du XXe siècle. Elle a travaillé hors de chez elle et elle a effectué de nombreux travaux de terrain dans tout le pays. En parallèle de toutes ces activités, elle publiait dans des revues scientifiques. Cette femme est un bel exemple de force et de pouvoir qui, malheureusement, n’était pas commun à cette époque.

Ruth Benedict et ses contributions à l’anthropologie

Sa thèse de doctorat a été publiée en 1934 sous le titre de Patterns of Culture. Cet ouvrage est maintenant considéré comme un classique de l’anthropologie. Toutes les idées présentées par Benedict dans cet ouvrage sont encore d’actualité et sont largement acceptées aujourd’hui. Cependant, à l’époque cela était très nouveau.

Dans Patterns of Culture, elle propose aussi le concept que les cultures accordent un plus grand privilège à certaines personnalités et en rejettent d’autres. En effet, cela formerait des modèles culturels déterminés. Par conséquent, les modèles culturels influencent directement la formation de la personnalité de chaque membre d’une société.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ruth Benedict a découvert un nouveau domaine d’études pour son époque. Elle a appliqué la pensée anthropologique à l’étude des sociétés contemporaines et modernes par le biais d’entretiens et de documents écrits, plutôt que par des travaux de terrain.

De plus, pendant cette période de conflit, Ruth Benedict a utilisé ses connaissances et son expérience pour étudier à distance certaines sociétés en Roumanie, au Siam, en Allemagne et aux Pays-Bas. Presque à la fin de la guerre, elle s’est intéressée au Japon, et c’est ainsi qu’est apparu un livre intitulé : The Chrysanthemum and the Sword (Le chrysanthème et le sabre). Ce texte est aujourd’hui considéré comme un classique. Elle y analyse les modèles culturels les plus caractéristiques de la culture japonaise de l’époque.

Ces expériences d’anthropologie à distance ont conduit à l’élaboration d’un manuel sur le sujet : L’étude de la culture à distance. Au printemps 1947, elle dirige un grand projet sur les cultures contemporaines en France, en Allemagne, en Pologne, en Russie et en Chine.

Ruth Benedict en interview

 

La recherche de modèles culturels

Dans son livre Patterns of Culture, Ruth Benedict souligne que ce qui est vraiment important dans la formation du comportement individuel. Elle affirme que c’est la culture qui est importante et non pas les aspects biologiques. Par conséquent, les différences de comportement entre les différentes sociétés sont dues à leur culture. Les cultures façonnent donc différents modèles. Pour le démontrer, elle a comparé trois cultures différentes les unes des autres. Il s’agissait des cultures :

  • Zuñi (du Nouveau-Mexique) : c’est une culture qui, pour l’auteur, se caractérise par une grande tolérance
  • Dobu (de l’île de l’archipel des Entrecasteaux, en Nouvelle-Guinée) : c’est une culture dans laquelle les membres ont des relations sociales dominées par l’hostilité, avec une valeur normative
  • Kwakiutl (de l’île de Vancouver) : ils présentent un sens pathologique du prestige social. En effet, c’est la chose la plus importante pour eux dans la vie quotidienne

Après avoir décrit en détails chacune de ces 3 cultures, Ruth Benedict a réfléchit à diverses interrogations théoriques. Par exemple, la culture comme objet d’étude en anthropologie ou encore l’importance de la diversité culturelle et la relation complexe entre l’individu et le collectif. Autrement dit, elle s’est interrogé sur la relation entre la personnalité de chaque membre et les modèles culturels dans une société.

Conclusion des recherches de Ruth Benedict en anthropologie

De ses recherches en anthropologie, Benedict a conclu que les cultures sont des configurations de croyances, d’attitudes, de connaissances et d’émotions qui caractérisent une société. Il ne s’agit pas d’une simple accumulation, mais plutôt d’un ensemble interdépendant qui forme des modèles culturels particuliers.

Finalement, en raison de sa carrière exceptionnelle et libre, Ruth Benedict est devenue présidente de l’American Anthropological Association (AAA) en 1946. Une institution de grand influence dans la discipline de l’anthropologique.

Enfin, Benedict était donc une femme en avance sur son temps. Elle avait des relations amoureuses avec des femmes et vivait de ce qu’elle aimait le plus. Ses études sont encore pertinentes aujourd’hui. De plus, elle a réussi à voir la menace du nazisme et a essayé d’y faire face par l’éducation.

L’éducation et la compréhension de la grande diversité des cultures sont des outils puissants pour lutter contre le racisme.

 

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