Travailler avec nos mains, c’est améliorer notre santé psychologique. Modeler, tisser, transformer, sculpter, récolter, coudre, peindre… Toutes ces tâches sont considérées comme des activités précieuses pour stimuler le cerveau. Elles sont aussi un moyen sensationnel de soulager le stress. D’améliorer la plasticité neuronal. D’optimiser notre dextérité, ainsi que la concentration. Et même le calme mental.
La connexion main-cerveau signifie pour l’être humain cette alliance essentielle qui agit comme un mécanisme de rétroaction. Le but est de favoriser notre développement neuronal. C’est en effet une réalité que l’anthropologie et la psychologie connaissent depuis des décennies. D’où, par exemple, la nécessité d’encourager chez les enfants les jeux manuels et les tâches qui favorisent la motricité. Et contribuer ainsi, au développement du cerveau.
Cependant, une chose que la plupart d’entre nous savent, c’est que lorsque nous atteignons l’âge adulte, nous laissons souvent derrière nous la magie de ces activités manuelles. A moins que cela ne fasse partie de notre travail, nous nous passons généralement de telles tâches. A tel point que des médias tels que les téléphones portables et les ordinateurs remplacent même l’écriture manuscrite. Lorsque nous faisons de l’exercice, par exemple, nous concentrons notre activité sur notre corps. Mais nous oublions nos mains, leur mobilité et surtout leur grand potentiel créatif. Leur utilisation de manière active à travers les tâches les plus variées, peut favoriser notre état d’esprit. Voyons plus de données ci-dessous.
Travailler avec les mains : la création et le bien-être psychologique au bout des doigts
D’une certaine façon, nous pourrions presque dire que nous avons atteint un point dans notre société où la concurrence manuelle est dévalorisée. Travail de bureau, équipes de réflexion, marketing, publicité, ingénierie, économistes, entreprises technologiques… Tous ces domaines de travail donnent sans doute la priorité à d’autres compétences de nature essentiellement intellectuelle.
Cependant, des professions aussi essentielles que la maçonnerie, l’agriculture, la réparation automobile, la plomberie ou l’électricité, ont encore besoin d’une paire de mains expertes pour résoudre nos vies. Pour s’assurer que les choses les plus fondamentales ne nous manquent jamais. Les deux sphères, celle de la productivité intellectuelle et de la productivité manuelle, continuent d’être essentielles dans notre vie quotidienne.
Toutefois, il convient de noter qu’à l’heure actuelle, du domaine de la neuropsychologie émerge une autre vision très intéressante. Cette tendance des dernières décennies à glorifier le travail intellectuel au détriment du travail manuel devrait s’estomper. De plus, nous priver de travailler de nos mains irait à l’encontre de notre nature. A tel point que des neuroscientifiques comme la Dre Kelly Lambert, de l’Université de Richmond, aux Etats-Unis, nous signalent quelque chose de plus qu’intéressant : le travail manuel réduit le risque de dépression.
Les travaux manuels et notre bien-être psychologique
Dans le passé, la fabrication d’outils a facilité l’évolution de l’espèce homo vers ce que nous sommes aujourd’hui. Cet axe constitué entre l’œil, la main et le cerveau, s’élève donc comme une fabuleuse « constellation » intellectuelle et émotionnelle. Elle continue à favoriser en nous de multiples bienfaits. Cependant, nous les négligeons.
- Travailler avec ses mains ne signifie pas être devant un ordinateur toute la journée. Ni réparer un tuyau bouché. C’est quelque chose de plus profond, quelque chose qui doit renforcer nos connexions neurales et donc faciliter la plasticité du cerveau
- De quelle façon ? Par la création et la transformation. Il doit y avoir une série de processus par lesquels on obtient un résultat qui nous satisfait. Ainsi, des tâches telles que sculpter, modeler, tisser, dessiner ou même planter une fleur génèrent une transformation matérielle. Cette dernière a une influence sur le plan émotionnel
C’est ce que le Dr Kelly Lambert explique dans son livre Lifting Depression: A Neuroscientist’s Hands-On Approach to Activating Your Brain’s Healing Power. Il s’agit de rechercher une sorte d’activité manuelle qui active notre circuit neuronal de récompense, où il y a un certain effort cognitif. Ainsi que de la concentration et du plaisir dans ce que nous sommes capables de réaliser.
Effort, création et satisfaction : la neurochimie qui inverse les processus dépressifs
Une chose dont nous devons être sûrs c’est que le simple fait d’apprendre à modeler, à sculpter ou à tisser ne fera pas disparaître notre dépression. Travailler avec nos mains est un catalyseur, un moyen de changer la chimie de notre cerveau, d’induire un état de bien-être intérieur qui, ajouté à d’autres stratégies comme la thérapie psychologique, peut sans doute donner de grands résultats. Cependant, examinons de plus près ce que le travail avec nos mains accomplit dans notre cerveau :
- Il modifie la physiologie et la réponse chimique du cerveau : celui-ci libère des endorphines, de la sérotonine, réduit l’hormone cortisol associée au stress...
- Les tâches manuelles améliorent la plasticité neuronale. De nouvelles connexions sont créées et avec elles, nous sommes confrontés à une déficience cognitive
- De plus, comme nous l’explique le Dr Robin Hurley, de l’Université Baylor, à Huston, des tâches manuelles significatives pour les patients (jouer d’un instrument, exécuter des tâches artistiques comme la peinture ou la modélisation) inversent même les effets du stress chronique. C’est très important. Car en effet, de cette façon, la personne se sent plus réceptive et plus détendue pour faire face à sa dépression
Pour conclure, il est important de nuancer un dernier détail. Toutes les tâches manuelles ne génèrent pas des avantages psychologiques. Si nous travaillons dans une usine ou sur une chaîne de montage, cette tâche répétitive ne nous apportera guère de bien-être. Il s’agirait donc de trouver cette activité avec laquelle travailler de nos mains du point de vue de la curiosité. De la passion et de l’intérêt.
Finalement, nous devons chercher une tâche qui nous satisfait. Qui nous encourage et nous détend en même temps, en atteignant l’état de flux dont nous parle le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi. Ce sont ainsi ces états où le monde s’arrête et où nous sommes les seuls à exister. Où notre moi est en pleine syntonie avec le processus créatif. Peu de choses sont plus satisfaisantes.
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