Pourquoi le loup du Petit Chaperon Rouge n’est pas méchant ?

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La société nous piège avec son rythme effréné ; et comme vous allez le voir, l’exemple du loup du Petit Chaperon rouge le prouve. Cela nous empêche de réfléchir à ce que nous faisons et à ce que nous disons à nos enfants. Combien de fois avons nous entendu cette phrase ou une phrase similaire ? : « Léo, tu es vilain, on ne tape pas sa sœur ». Cela vous dit quelque chose ? Pour beaucoup d’entre nous, c’est une phrase très familière. Je l’ai entendue une infinité de fois et parfois, je l’ai même prononcée. Mais que faisons-nous ?

Il semblerait que l’attitude de Léo ne soit pas très adaptée, mais le traiter de vilain n’est pas non plus adéquat. Pour comprendre notre erreur, il est très important d’être capable de distinguer l’acte en soi, le comportement de l’enfant, et l’enfant. Il est indispensable de savoir faire la différence entre un acte et une personne et de faire très attention aux étiquettes.

Le danger des étiquettes

Si le père de Léo lui a dit ça, c’est que son acte est répréhensible et que son comportement n’est pas adapté. Cependant, c’est le comportement de l’enfant qui est répréhensible et incorrect, non l’enfant. Si nous confondons systématiquement les comportements et actions de nos enfants avec leur personne, nous pouvons finir par miner peu à peu (et inconsciemment) leur estime personnelle. Dire « tu es perdu » (variable de personnalité) et « tu t’es perdu » (comportement), ce n’est pas la même chose.

Pour cette raison, j’ai toujours été surpris d’entendre les enfants dire que le loup du Petit Chaperon Rouge est méchant. On lui attribue cette caractéristique de personnalité (« il est méchant ») parce qu’il voulait manger le Chaperon.

La conclusion est simple : s’il veut la manger, c’est parce qu’il est méchant. Seuls les méchants font ce genre de choses.

Il existe de nombreux contes avec des loups (Le petit Chaperon Rouge, les Trois petits Cochons, Le loup et les Sept Chevreaux, Le Garçon qui criait au Loup, etc). Dans chaque conte, le loup souhaite faire du mal aux personnages principaux. Pour cette raison, il est resté avec l’étiquette de méchant. La réalité n’est pas celle-ci.

Le loup n’est pas méchant. Le loup souhaite manger le Petit Chaperon Rouge car il a faim, pas parce qu’il est méchant. Si nous donnons cette explication à nos enfants, ils pourront avoir des expectatives plus réalistes, plus saines et positives. Pauvres loups, la mauvaise image qu’ils ont ! Nous devons absolument changer les attributions que nous faisons.

L’art de découvrir les comportements

Luis Cencillo, philosophe et psychologue, utilisait souvent un concept qui me semble très pratique : la resémantisation. La resémantisation consiste à changer une attribution pour une autre plus adaptée. Par exemple, au lieu de dire qu’un enfant est très bizarre et fuyant, on peut resémantiser et dire que l’enfant est timide (on lui donne une autre étiquette).

Il est très difficile d’enlever une étiquette une fois qu’elle est attribuée, n’est-ce pas ? Très difficile. Comme le dit si bien le psychologue Alberto Soler, les étiquettes sont très faciles à donner mais difficiles à enlever.

Pour illustrer cela, Soler utilise l’image des étiquettes collées sur les bocaux de conserve. Une fois que nous avons étiquetté un enfant (stressé, méchant, intelligent, serviable, inquiet, etc), il sera très difficile de la lui retirer sauf si l’évidence le permet. Pour cette raison, faites attention aux étiquettes que vous attribuez.

L’être humain agit généralement en fonction des étiquettes et des jugements émis. Souvent, nous acceptons les étiquettes. Henry Ford disait « Que tu penses pouvoir le faire ou que tu penses ne pas pouvoir le faire, tu as raison ».

analyser les comportements

L’impact des étiquettes

Pour illustrer les conséquences des étiquettes sur l’être humain, je fais souvent référence à une histoire classique : celle de Galton. Francis Galton était le cousin de Charles Darwin. Un matin, il décida d’entrer dans un parc en étant persuadé d’être la pire personne sur Terre. Il ne parla avec personne, il pensait uniquement qu’il était un être ignoble. Qu’observa Galton chez les personnes qu’il croisa ? La majorité des personnes qu’il croisait s’éloignait de lui en l’observant avec un regard apeuré. N’est-ce pas surprenant ? Tel est le pouvoir des étiquettes.

Revenons à l’image du loup qui n’est pas méchant. Tout comme le loup n’est pas méchant, je suis convaincu qu’il n’existe pas d’enfant méchant. Il est très commun d’entendre « Marion est très méchante. » Mais derrière un mauvais comportement se cache toujours une raison qui doit être écoutée et satisfaite.

Il ne faut pas accepter le comportement (et loin de là), mais il faut comprendre pourquoi l’enfant se comporte habituellement de cette façon. Pour cela, la meilleure chose à faire avec vos enfants ou élèves est certainement de décrire les comportements plutôt que de les classifier.

Faisons attention aux explications et aux étiquettes que nous donnons à nos enfants et à leurs conséquences. Votre vision des choses peut rendre leur vision plus flexible, plus saine et plus adaptée.

 

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