D’une façon ou d’une autre, nous connaissons tous le concept d’anxiété. Nous savons qu’elle affecte chaque personne d’une manière différente et qu’il existe plusieurs troubles qui lui sont reliés. L’un d’eux est le trouble d’anxiété généralisée. Ainsi, le DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, affirme que l’anxiété possède différentes formes. L’une d’elles est le trouble d’anxiété généralisée ou TAG.
Ce trouble se caractérise par la présence d’anxiété et de préoccupations excessives, persistantes, que les personnes ont du mal à contrôler. Elles concernent différents événements ou différentes activités et sont associées à trois symptômes de suractivation physiologique ou plus. Par ailleurs, dans le TAG, l’anxiété ou la préoccupation doivent être présents la majorité du temps pendant un minimum de 6 mois.
L’évolution du trouble d’anxiété généralisée (TAG)
Le TAG a d’abord été introduit en tant que diagnostic unique dans la troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III). Cependant, on a commencé à l’utiliser plus fréquemment en tant que diagnostic résiduel pour des individus qui ne remplissaient pas les critères diagnostiques pour d’autres troubles de l’anxiété.
Dans la publication du DSM-III-R, on a défini le TAG comme une préoccupation chronique et persuasive. Un peu plus tard, dans le DSM-IV-TR, le TAG se caractérisait par une préoccupation excessive non contrôlée, en lien avec divers sujets, qui se présente la majorité du temps pendant au moins six mois. La préoccupation cause du mal-être et/ou une détérioration fonctionnelle et s’associe à au moins trois des aspects suivants :
- Inquiétude ou sensation d’excitation ou de nervosité
- Fatigue qui apparaît facilement
- Difficultés de concentration, esprit « vide »
- Irritabilité
- Tension musculaire
- Troubles du sommeil
Les psychotropes et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) semblent être efficaces pour le traitement du TAG. Pour ce trouble, la pharmacothérapie peut être efficace pour réduire les symptômes d’anxiété. Cependant, les médicaments ne semblent pas avoir un impact significatif sur la préoccupation, qui est la caractéristique définissant le TAG.
Modèles théoriques actuels du trouble d’anxiété généralisée
Modèle d’évitement de la préoccupation et TAG (MEP)
Le modèle d’évitement de la préoccupation et le TAG se basent sur la théorie de la peur en deux phases de Mowrer (1974). Ce modèle dérive du modèle de traitement émotionnel de Foa et Kozak.
Le MEP affirme que la préoccupation est une activité linguistique verbale basée sur la pensée qui inhibe les images mentales vécues et l’activation somatique et émotionnelle associée. Cette inhibition de l’expérience somatique et émotionnelle évite le traitement émotionnel de la peur qui est théoriquement nécessaire pour une habituation et une extinction réussies.
Modèle d’intolérance à l’incertitude (MII)
Selon le modèle d’intolérance à l’incertitude (MII), les individus atteints de TAG trouvent les situations d’incertitude ou d’ambiguïté « stressantes et dérangeantes » et ressentent une préoccupation chronique face à ces situations.
Ces individus croient que la préoccupation leur servira soit à affronter plus efficacement les événements craints soit à empêcher que ces événements ne se déroulent. Cette préoccupation, jointe aux sentiments d’anxiété qui l’accompagnent, conduit à une orientation négative au problème et à un évitement cognitif, qui rétroalimentent la préoccupation.
Plus concrètement, les individus qui ressentent une orientation négative au problème :
- Manquent de confiance en leurs capacités à résoudre les problèmes
- Perçoivent les problèmes comme des menaces
- Se frustrent facilement quand ils font face à un problème
- Sont pessimistes par rapport au résultat de leurs efforts pour résoudre le problème
Ces pensées servent à exacerber leur préoccupation et leur anxiété.
Le modèle métacognitif (MMC)
Le modèle métacognitif (MMC) du TAG postule que les individus avec un TAG ressentent deux types de préoccupation. L’auteur Wells identifie d’abord une préoccupation de type 1. Lors de ce processus, on voit se mettre en place une préoccupation vis-à-vis d’événements non cognitifs, comme des situations externes ou des symptômes physiques (Wells, 2005).
Pour Wells, les individus avec un TAG commencent à se préoccuper de leur préoccupation de type 1. Ils ont peur qu’elle devienne incontrôlable ou qu’elle puisse être dangereuse. Cette « préoccupation pour la préoccupation » (c’est-à-dire une méta-préoccupation) s’appelle, selon Wells, la préoccupation de type 2.
Cette préoccupation de type 2 s’associe à un ensemble de stratégies peu efficaces destinées à éviter la préoccupation, à travers des essais pour contrôler des comportements, pensées et/ou émotions.
Modèle de dérégulation de l’émotion
Le modèle de dérégulation de l’émotion (MDE) se base sur la théorie de l’émotion et la régulation des états émotionnels en général. Ce modèle se compose de quatre composants centraux :
- Le premier composant affirme que les individus qui souffrent du trouble d’anxiété généralisée ressentent une surexcitation émotionnelle ou des émotions qui sont plus intenses que celles de la majorité des personnes. Ceci concerne aussi bien les états émotionnels positifs que négatifs, mais surtout les négatifs.
- Le second composant renvoie à la faible compréhension des émotions de la part des individus atteints de TAG. Ceci inclut des déficits dans la description et l’étiquetage des émotions.
- Le troisième composant affirme que les individus avec un TAG ont des attitudes plus négatives vis-à-vis des émotions que les autres.
- Par ailleurs, le quatrième composant se centre sur le fait que ces individus présentent une régulation de l’émotion peu ou pas du tout adaptative. Ils ont des stratégies de gestion qui leur font connaître des états émotionnels encore pires que ceux qu’ils cherchaient à réguler.
Modèle basé sur l’acceptation du trouble d’anxiété généralisée (MBA)
Selon les auteurs Roemer et Orsillo, le MBA implique quatre composants :
- Expériences internes
- Une relation problématique avec les expériences internes
- Évitement expérientiel
- Restriction comportementale
Ainsi, les créateurs de ce modèle suggèrent que « les individus avec un TAG ont des réactions négatives par rapport à leurs propres expériences internes et sont motivés pour essayer d’éviter ces expériences, ce qu’ils font d’un point de vue comportemental et cognitif (à travers la participation répétée dans le processus de préoccupation) ».
Nous pouvons donc dire que les cinq modèles théoriques partagent un point important. Celui-ci se centre sur les conséquences de l’évitement d’expériences internes comme stratégie d’affrontement. Au cours de ces dernières années, les recherches ont considérablement avancé par rapport à la théorisation de ce trouble. Cependant, il est nécessaire d’en effectuer encore plus pour examiner les composants prédictifs des cinq modèles.
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