Lorsque l’on parle d’émotions complexes, on fait en fait référence à ces émotions que ne se présentent pas à leur état pur ; et c’est là le cas de la majorité des émotions qui nous traversent. Par exemple, il peut vous arriver de ressentir de la haine et de l’amour simultanément (chose très fréquente), ou bien que votre compassion se teinte de colère, et votre haine de tristesse. Parfois, on vit tout ceci comme un mal-être, sans réussir à identifier précisément quelles sont les émotions qui produisent cet état émotionnel que nous ressentons alors.
Dans certains cas, surtout si nous n’en avons pas l’habitude, il est nécessaire d’effectuer le travail nécessaire afin de réussir à déterminer quelles sont ces émotions, à les traduire en une pensée et à les exprimer verbalement. Toutes ces étapes sont très complexes, mais il s’agit aussi pourtant là du meilleur moyen de sortir de cet état émotionnel désagréable et non désiré.
Stricto sensu, les mots manquent pour exprimer les émotions complexes. Peut-être est-ce là la raison même de l’existence de la poésie ; un langage polysémique qui reflète l’imprécision propre aux sentiments et aux émotions qui nous habitent. Au-delà des manifestations artistiques, parfois, nous tenter de trouver des moyens de communiquer.
En quoi consistent les émotions complexes et comment les exprimer ?
Il peut être très compliqué de calibrer et d’exprimer les émotions complexes. Une des meilleures illustrations de cet aspect, c’est le fait que certains mots n’ont pas d’équivalents d’une langue à une autre. Il n’y aucun moyen de transposer leur sens, précisément parce que ces mots sont empreints d’une marque particulière de complexité et qu’ils sont associés à un certain contexte social. En voici quelques exemples :
- Freizeitstress : il s’agit d’un mot allemand faisant référence au stress que l’on ressent lorsque l’on s’adonne à des activités dans le seul but de tuer le temps.
- Líost : ce mot tchèque est lié à la sensation qui apparaît lorsque l’on se rend compte que l’on est misérable et que cela nous semble irrémédiable.
- Gigil : un terme philippin qui renvoie à l’idée de vouloir « serrer très fort » ou « écraser » une chose tellement on la trouve mignonne.
- Sukha : une expression en sanskrit pour définir ce type de bonheur que l’on ne ressent pas comme passager, mais comme transcendantal. Un bonheur profondément heureux et durable.
Souvent, dans l’exercice de la traduction, on ne dispose d’aucun moyen de transposer ces termes étranges d’une langue à une autre sans procéder à un étoffement du sens. On ne trouve pas de manière d’identifier, ni de traduire, ni d’exprimer ces émotions complexes. On ne connaît pas de mots qui pourraient en recouvrir tout le sens. Cela nous contrarie, c’est aussi en nommant quelque chose que l’on peut le comprendre.
Le chemin à emprunter pour identifier les émotions complexes
Nous avons pour habitude de cantonner les émotions à cinq groupes fondamentaux : joie, tristesse, colère, peur et dégoût. Parfois, effectivement, ce que l’on ressent correspond à l’une de ces émotions de base. Cependant, il y a aussi des moments où toutes ces émotions sont trop globales pour suffire à représenter ce que l’on ressent. Notre peur peut être mêlée au dégoût, et notre colère, à la peur.
Ce qui configure les émotions complexes, c’est le fait qu’elles consistent en un mélange de plusieurs émotions, apparemment différentes. Afin de pouvoir les identifier, la première capacité qui entre en jeu est celle de rendre notre pensée plus flexible. Il nous faut alors comprendre que nous ne pouvons pas trouver une forme catégorique de les nommer, puisqu’elles ne correspondent pas à des sentiments catégoriques.
Nous devons aussi éviter de céder à la tentation d’évaluer les émotions d’un point de vue éthique : il n’y a pas de bonnes, ni de mauvaises émotions.
Ceci va influer en dernière instance sur la gestion de nos émotions et de l’énergie y étant associée. D’un autre côté, il est important d’abandonner l’idée d’accorder l’inaccordable. La joie triste peut exister sans pour tant qu’une des deux émotions prédomine sur l’autre.
L’importance de définir et d’exprimer
L’expression libère, de même que l’impossibilité de dire oppresse et stresse. Ainsi, mettre des mots sur ce que l’on ressent enrichit notre communication avec les autres et améliore aussi la qualité de notre dialogue interne. De plus, cela fomente la compréhension, l’empathie et la paix, soit-elle intérieure ou extérieure.
Pour verbaliser ces émotions complexes, il est nécessaire de s’adonner à un exercice d’analyse qui nous permet de séparer les émotions qui ont donné lieu à l’état global, de même que l’influence de chacune d’entre elles.
S’il s’agit d’une joie coléreuse, alors nous parlons de joie et de colère. Lorsqu’il s’agit d’une tristesse dégoûtante et peureuse, trois émotions basiques sont impliquées. Certainement que chacun de ces concepts pourrait d’ailleurs être encore plus précis. En effet, la colère peut consister en l’irritation, la furie, l’ennui, et tellement de nuances encore. Il est important de trouver le mot qui s’adapte le mieux à ce que nous ressentons.
Un exercice qui aide à compléter ce processus d’identification, de traduction et d’expression des émotions complexes est le suivant : essayez de construire une phrase contenant deux amorces : « Je me sens… quand… ». Tentez d’appliquer cette phrase à toutes les émotions impliquées dans votre ressenti. Enfin, faites une analyse de tout ceci, et tentez de l’assimiler. Il s’agit là d’un exercice intéressant qui donne parfois pour résultat une certaine poésie, et qui débouche dans tous les cas sur une meilleure compréhension de notre état émotionnel.
Cet article Identifier, traduire et exprimer les émotions complexes est apparu en premier sur Nos Pensées.
Comments